La rencontre d'Alger se présente donc comme une opportunité pour débattre du projet d'union, d'autant que la France, son initiatrice, y sera représentée par son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. C'est aujourd'hui que s'ouvre la 15e Conférence ministérielle du Forum méditerranéen, à l'hôtel Sheraton, qui durera 48 heures. La réunion des “7+4” ministres des Affaires étrangères des pays du bassin méditerranéen se penchera sur la situation au Moyen-Orient et aura à examiner le projet de l'Union pour la Méditerranée (UPM). Annoncé par Nicolas Sarkozy, alors candidat de l'UMP à la présidentielle française, le projet a été adopté dernièrement par l'Union européenne, mais il attend l'aval de l'ensemble des pays concernés par l'UPM, le 13 juillet prochain, lors du sommet de Paris. La rencontre d'Alger se présente donc comme une opportunité pour débattre du projet d'Union, d'autant que la France, son initiatrice, y sera représentée par son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Etant avant tout un cadre informel de concertation et de dialogue, le Forum méditerranéen se place comme un espace idéal pouvant rapprocher les points de vue, sinon clarifier davantage les enjeux, principalement économiques et politiques, dans un contexte encore marqué par un déséquilibre dans les rapports Nord-Sud. De plus, il ne faut pas perdre de vue que le projet, tel que conçu par Nicolas Sarkozy, a suscité beaucoup d'interrogations, même dans les rangs européens. D'aucuns y ont vu un subterfuge politique visant à la fois à écarter définitivement la Turquie de l'UE, à conforter l'intransigeance du Maroc alors qu'il est invité à négocier autour de l'autodétermination du peuple sahraoui et à contraindre les pays arabes à normaliser leurs relations avec Israël, sans que celui-ci soit obligé de contribuer résolument à la création d'un Etat palestinien viable. Il y a quelques jours, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a déclaré que l'Algérie s'intéresse au projet de l'UPM, en relevant cependant certaines “réserves” qui demandent à être traitées. Outre le respect des questions de principe de droit international, particulièrement le droit des peuples à l'autodétermination et à l'indépendance, l'Algérie s'est toujours inscrite dans les initiatives et projets, tant régionaux qu'internationaux, qui travaillent dans l'intérêt général. Dans ce cadre, elle a eu à exprimer ses réticences vis-à-vis de tout projet flou, excluant dans le même temps l'association et les préoccupations des pays du Sud. D'une certaine manière, cela peut nous éclairer aujourd'hui sur le silence d'Alger, qui n'a pas encore donné suite à l'invitation du président français. Cela peut également expliquer le ballet diplomatique dans la capitale algérienne et le forcing de Paris à l'approche du rendez-vous du mois prochain. Mais la France n'est pas la seule à reconnaître que la présence de l'Algérie au sommet est déterminante. Avant-hier, l'ambassadeur d'Allemagne en Algérie, Johannes Westerhoff, a déclaré que “sans l'Algérie, le projet d'Union pour la Méditerranée n'a pas de grandes chances de réussite”. Dans une tentative à peine voilée de rallier notre pays à la position allemande, le diplomate a souligné que la position d'Alger qui veut se renseigner au préalable sur le contenu du projet avant de se prononcer est “tout à fait juste”. Il a en outre signalé la “convergence” de vues entre Berlin et Alger concernant ce projet. M. Westerhoff, dont le pays a eu le loisir de négocier ledit projet, a estimé qu'il est plus judicieux de “donner de la substance” à celui-ci, pour lui permettre de dégager de meilleurs résultats que le processus de Barcelone qui, selon lui, a enregistré de “nombreuses faiblesses”. H. Ameyar