Le Conseil de la nation a organisé, hier, les 4e journées d'étude parlementaire sur la défense nationale avec pour thème générique “La défense économique”. Rencontre à laquelle ont participé de hauts cadres de l'armée, de la Gendarmerie nationale, du ministère de la Défense, des sénateurs, des députés et autres experts de la question. Dans son allocution d'ouverture, le président du Sénat, M. Abdelkader Bensalah, a estimé que la défense économique, aux côtés de la défense militaire et civile, constitue les trois piliers de la défense nationale. Il a ajouté qu'à travers ces journées, son institution n'a pas la prétention d'arrêter une stratégie nationale de défense économique, mais d'arriver à une définition et une vision claires de ce qui est la défense économique, de recenser les carences des politiques et lois en vigueur et de trouver des moyens de protéger nos intérêts nationaux. Prenant la parole, M. Mahmoud Khouidri, ministre des Relations avec le Parlement, a rappelé que la politique économique que l'Algérie a adoptée depuis l'Indépendance “visait à éviter la dépendance de notre économie de l'extérieur, à réaliser un équilibre régional, à développer notre industrie, l'agriculture, le tourisme, créer des postes d'emploi et en général garantir la sécurité alimentaire”. Avec cette politique, le pays a pu, selon lui, protéger son économie nationale et préserver ses intérêts économiques. Il reste, dit-il, qu'avec la mondialisation et ce qu'elle a entraîné comme mutations économiques mondiales, le concept de la défense économique a changé. “Ces bouleversements ont poussé à la reconsidération des objectifs et de la stratégie économique nationale pour intégrer notre économie dans le cadre de l'économie mondiale régie par la concurrence, l'ouverture du marché, la libre circulation des personnes et des capitaux et la levée des taxes douanières”. M. Khouidri considère que “les mécanismes traditionnels de défense économique sont dépassés avec la mondialisation. La réalité est que 6 000 produits bénéficieront de la levée des tarifs douaniers d'ici 2012 dans le cadre de l'accord d'association avec l'UE”. Pour Nicolas Sarkis, directeur de la revue Pétrole et Gaz arabes, il est “clair que pour un pays exportateur de pétrole, la défense économique signifie la défense contre les menaces qui émanent de ceux qui convoitent ses ressources”. Parmi ces menaces, la menace politico-militaire “est la plus visible”, souligne-t-il, en affirmant que la découverte du pétrole à Hassi-Messaoud en 1950 a été “la principale cause du prolongement de la colonisation française”. Il cite ensuite les pressions économiques et financières qui ont contraint les pays producteurs de pétrole dans les années 1980 à baisser les prix en augmentant leurs exportations. “De 27 dollars en 1985, le baril du pétrole a baissé à 13 dollars en 1986. Ce qui a induit pour l'Algérie une perte de -47% sur ses revenus pétroliers”, avec les dommages collatéraux qu'on imagine tels que le chômage et l'augmentation du volume de la dette extérieure. La guerre du Golfe est, elle aussi, indéniablement motivée, selon M. Sarkis, par des intérêts pétroliers. Quant à la nouvelle menace, elle réside dans la folle course au pétrole et au gaz. Actuellement évalués à 87 millions de barils jour, les besoins mondiaux en pétrole atteindront en 2030 les 116 millions de barils/jour, soutient le conférencier. Face à l'essoufflement de l'offre et la pression de la demande, le risque est de voir les pays exportateurs du pétrole puiser dans leurs gisements au-delà des limites, sans assurer l'avenir des générations futures, conclut l'expert en pétrole. À noter que cette rencontre se poursuit, aujourd'hui, au Cercle de l'armée de Béni-Messous avec des communications autour de la “sécurité alimentaire : quel futur alimentaire pour l'Algérie”, “comment faire de la défense économique un instrument au service du développement” et une intervention sur “la vulnérabilité de l'Algérie”. NIssa H.