Le chef d'état-major de l'armée algérienne participe depuis hier au siège de l'Organisation du traité Atlantique Nord (OTAN) à Bruxelles (Belgique) à la 3e réunion du comité militaire en session des chefs d'état-major de la défense des pays de l'OTAN avec ceux des pays du dialogue méditerranéen (DM). Le général-major Ahmed Gaïd Salah a été, selon le communiqué du ministère de la Défense nationale, invité par le général Raymond Henault, premier responsable du comité militaire de l'OTAN. Cette structure est la plus haute autorité militaire de l'Alliance, placée sous la responsabilité du Conseil de l'Atlantique Nord et du Comité des plans de défense. Outre l'Algérie, le dialogue méditerranéen concerne l'Egypte, la Tunisie, le Maroc, la Jordanie, la Mauritanie et Israël. Depuis l'adhésion de l'Algérie au DM, en 2000, de hauts gradés de l'armée ont participé à des rencontres d'évaluation. Les experts militaires se sont rencontrés au moins douze fois depuis l'adhésion de l'Algérie au DM et l'entrée en vigueur de l'Initiative d'Istanbul qui est une offre de partenariat aux pays de la rive sud de la Méditerranée, la Libye mise à part. Sur le plan pratique, l'OTAN se dit disposée à engager et à développer avec ses partenaires des programmes d'interopérabilité avec les forces armées de chaque pays. Elle est prête à appuyer des opérations de modernisation de ces forces. Des opérations qui intéressent au plus haut point l'Algérie qui peine, même si cela n'est pas apparent, à rompre avec les mentalités hors temps de « l'armée populaire ». De récent passage à Alger, Jean Fournet, secrétaire général adjoint de l'OTAN, a confié à El Moudjahid que l'agenda de la coopération militaire avance bien. « Les relations de militaires à militaires sont fréquentes et constructives », a-t-il dit. Le souci de l'Alliance est de permettre aux forces armées de participer de plus en plus à des exercices et à des entraînements ciblés. Début octobre 2005, l'Algérie a pris part en Ukraine à l'opération Joint Assistance 2005, exercice de gestion des conséquences d'un incident chimique dans le cadre d'une attaque terroriste. « Le partage des renseignements sur la lutte antiterroriste doivent se poursuivre et se renforcer. Autant que la coopération maritime, y compris dans le cadre de l'opération “Active Endeavour”, ainsi que la contribution aux activités de l'Alliance portant sur les menaces des armes de destruction massive », a expliqué Jean Fournet, lors d'une journée d'étude organisée dernièrement à Alger par l'Institut national des stratégies globales (INSEG). Des unités de la marine algérienne se sont jointes, depuis quelques mois, à « Active Endeavour », une opération de sécurité maritime en Méditerranée pilotée par l'Alliance. Une participation des troupes de l'ANP à des opérations de « peace keeping » (maintien de la paix) est souhaitée par l'OTAN, notamment en Afrique, où la voix de l'Algérie est entendue. La crise du Darfour soudanais occupe actuellement l'attention des experts à Bruxelles. L'OTAN, soucieuse de détruire l'image de « gendarme » présente dans l'espace arabo-musulman, ne veut pas donner l'impression de s'ingérer dans ce qui ne le regarde pas. Elle ne veut pas également apparaître passive face à un drame humanitaire (le syndrome de la Bosnie est toujours vivace). L'OTAN a adopté la stratégie de ne « rien imposer » aux partenaires. Côté algérien, le souhait est de voir le Dialogue méditerranéen évoluer vers « un véritable partenariat ». Surtout qu'il semble exister une volonté d'adopter une nouvelle politique de défense et de sécurité qui rompe avec des schémas éculés, stratégiquement dépassés. Une volonté qui va s'accompagner d'une réelle professionnalisation de l'armée algérienne. Cette opération fera appel à une mise à niveau technologique et scientifique. Dernièrement, le comité scientifique de l'OTAN a accepté que les partenaires du Dialogue méditerranéen accèdent à certains programmes réservés jusque-là l'Europe de l'Est. Les chercheurs de ces pays peuvent, par exemple, solliciter des subventions pour des jumelages en coopération, des missions d'experts ou des séminaires de recherche avancée, à condition de présenter leurs demandes en association avec des scientifiques d'un ou de plusieurs pays de l'Alliance. Sur le plan politique - puisque l'OTAN se défend d'être une organisation militaire -, la capitale danoise abrite depuis deux jours la 51e session annuelle de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN qui doit plancher sur « Le rôle et la pertinence » de l'Alliance dans l'avenir. L'Algérie, qui a la possibilité de participer à ces sessions depuis mai 2005, est représentée par les députés Abdelkrim Harchaoui, Ahmed Issaâd et Messaoud Chihoub. Reste à noter que ni l'APN ni le Conseil de la nation n'arrivent à provoquer des débats sur des thèmes géostratégiques (politique de défense, par exemple) à même de permettre à l'opinion publique de mieux comprendre les enjeux et à appuyer l'action diplomatique publique de l'Algérie.