A l'ère de la mondialisation, les vieux schémas de défense et de sécurité nationale sont-ils périmés? Défense nationale, sécurité nationale et régionale, menaces, risques, vulnérabilités et stratégies pour faire face aux défis majeurs qui se posent à ce 21ème qui débute avec toutes ses mutations et ses incertitudes. Ce sont là, les concepts et formules entendus durant les travaux et les débats de ces deuxièmes Journées d'étude parlementaires (JEP) sur la défense nationale organisées par le Conseil de la nation pour la seconde fois depuis novembre 2001. Cette deuxième édition ouverte avant-hier au siège de la deuxième chambre, s'est déplacée hier pour ses travaux pratiques à l'Ecole militaire polytechnique de Bordj El Bahri (ex-Enita). Elle devait traiter d'abord de la contribution des acteurs de la représentation nationale à la vulgarisation, et partant à la compréhension par les citoyens des concepts et des enjeux de la défense nationale et de la sécurité du pays. Ce fut le cas dès la cérémonie d'ouverture qui a vu le sénateur Boudiaf Mohamed Rédha se pencher sur «le rôle du parlement dans la stratégie de défense». La séance d'hier, présidée par Mme Zohra Drif Bitat, Présidente du conseil de la nation, a permis d'entendre les avis de spécialistes étrangers et des universitaires sur le sujet. Ainsi, dans une communication présentée par le contre-amiral Jean Dufourcq sous le titre «La politique de défense et de sécurité européenne», ce dernier s'est attelé à démêler les fils de ce qu'il a appelé «le brouillard stratégique ambiant». Se présentant «en ami et pas en représentant officiel» de son gouvernement ou d'une quelconque institution européenne, l'amiral Dufoucq s'est surtout attelé à présenter à l'assistance les éléments de l'expérience européenne de défense commune intégrée, en rappelant au passage toutes les étapes et les situations stratégiques vécues par le Vieux continent. Occultant «l'impuissance européenne» et d'après lui, celle de la communauté internationale à régler des crises régionales majeures comme celle du Proche- Orient ou de l'Irak et sur lesquelles il a été d'ailleurs largement questionné durant les débats, l'intervenant s'est contenté d'énumérer des évidences connues comme le fait que «la sécurité individuelle des citoyens européens paraît désormais moins assurée que la sécurité des Etats eux-mêmes» ou encore la volonté du «terrorisme de se placer au niveau stratégique et de prendre tout le monde de court». Enfin à la question de savoir quels enseignements tirer aujourd'hui, ici à Alger de cette formule européenne de sécurité collective, il a «conseillé» les pays du Maghreb et plus globalement d'Afrique du Nord à ne pas copier le système d'intégration à l'européenne, sachant que cela ne serait d'aucune utilité pour servir la paix et la sécurité dans la région. Tout au contraire, à l'en croire c'est en «convergeant les actions de sécurité intérieure et sécurité extérieure, en favorisant le bon voisinage stratégique, en développant la communauté de destin et d'intérêts et en mettant en oeuvre des principes de solidarité régionale» que l'on pourra atteindre l'objectif précité. Lui succédant, l'universitaire Aomar Baghzouz a disséqué, lui, le thème des «vulnérabilités, des risques et des menaces dans le cadre de la mondialisation». Un travail plus théorique que vraiment tiré d'expériences pratiques et qui a consisté surtout à définir de manière scientifique et rigoureuse des concepts souvent galvaudés à tort et à travers sans vraiment mesurer la portée des formules toutes prêtes, sinon standardisées. Les travaux qui se poursuivront aujourd'hui encore traiteront de thèmes aussi variés que «le cadre juridique de la défense nationale», «l'éducation et la défense nationale», «la communication et la défense nationale», «la femme et la défense», ou encore «l'organisation du ministère de la Défense nationale». La finalité du message que ces 2ème JEP doivent produire et transmettre est, selon, Abdelhamid Latrèche, président de la commission de la défense nationale au conseil de la nation, de constituer tout autant «une valeur pédagogique et participer à une large diffusion de la culture de défense et de sécurité».