Les politiques de l'emploi et du développement rural, donc de la stabilité des populations et du logement, ont été encore une fois mises à nu par le 5e Recensement général de la population et de l'habitat 2008 (RGPH). L'Algérie abrite 34,8 millions d'âmes, selon les résultats préliminaires du 5e Recensement général de la population et de l'habitat 2008 (RGPH) rendus publics lundi dernier, dont plus de 80% vivent dans les zones urbaines, donc les villes, notamment le littoral où il y a une forte concentration. Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourredine Yazid Zerhouni, qui a eu à commenter le RGPH-2008, a révélé que plus de 70% des populations résident dans les agglomérations, les chefs-lieux de wilaya, de daïra ou de commune et 16% dans les agglomérations secondaires, alors que durant les années 1960, 1970 et 1980, la population urbaine n'était que de 30%. C'est dire que les 2/3 de la population des villes sont des gens qui sont venus récemment de la campagne. Pourquoi ? Zerhouni estime de prime abord que “tous les programmes publics, qui ont un lien avec les citoyens, qu'il s'agisse du logement, de l'éducation, du commerce ou de la sécurité, doivent prendre en compte ce fait nouveau. Cela veut dire que les efforts de tous les programmes doivent consacrer au moins 80% de leur intelligence, de leurs ressources et moyens pour répondre à ce problème.” Du coup, il ressort que les programmes de développement rural déployés par l'Etat sont voués à l'échec. Ceci est dû au facteur sécuritaire qui a vu des dizaines de milliers de familles s'installer dans les agglomérations ou à proximité des grandes villes en érigeant des bidonvilles et des baraques de fortune en quête d'une vie citadine. Mais il y a plus grave que le problème des migrations humaines. En effet, le RGPH-2008 a, une fois encore, mis à nu la politique de la gestion immobilière en Algérie. Environ 1,5 million de logements, dont les occupants et les propriétaires étaient absents lors du recensement, sont inoccupés ! Et si le parc des logements habités a atteint 5 244 347, sur un total de 6 748 057 d'unités, avec une différence de 1 503 710 logements inoccupés, Zerhouni estime que “ces logements (inoccupés) peuvent être expliqués par la mobilité des Algériens” ou qu'il s'agit “peut-être de familles en déplacement”. Même si au demeurant on comptait les 300 000 logements en cours de construction par l'Etat et ceux de particuliers en phase de construction, le nombre de logements inoccupés relèverait de l'absurde. En plus de l'insécurité qui a prévalu durant les années 1990, quand plusieurs villages ont été désertés, donc les habitations de ces derniers ont été recensées aussi comme étant vides, il ressort que l'Etat n'a pris aucune disposition réglementaire pour fructifier un parc immobilier aussi inerte que celui qui compte 1,5 million d'unités fermées. Ces logements n'ont été exploités ni dans la location ni dans l'exploitation immobilière, encore moins récupérés dans le fichier national qu'on targue de confectionner pour mieux contrôler la spéculation. Il faut noter, à cet effet, que 3,7% logements habités ont été recensés dans les agglomérations chefs-lieux, alors que 813 404 logements habités ont été enregistrés dans les agglomérations secondaires. Dans les zones éparses, il a été recensé 681 175 logements habités. Les wilayas qui enregistrent le plus grand nombre de logements habités sont Alger (508 775), Oran (243 980) et Sétif (217 766). Le paradoxe est justement là : ce sont également les villes qui sont touchées par les logements inoccupés. Zerhouni, qui a abordé les programmes d'habitat, a estimé que le problème n'est plus de construire de nouveaux logements, mais porter davantage l'effort sur l'organisation des centres urbains et des agglomérations. Il devient maintenant accessible d'engager des programmes qui peuvent aller de pair avec l'évolution de la démographie. Cela ne peut être que porteur d'éléments positifs et profitables à nos populations. La baisse du taux d'accroissement de la population a été possible grâce à l'urbanisation et à l'éducation, auxquelles il faudrait ajouter l'espérance de vie qui est passé de 47 ans dans les années 1960 à 76 ans en moyenne actuellement. FARID BELGACEM