Le commun des Algériens est susceptible de s'intéresser aux discussions de coulisses qui pourraient jalonner la présence du Premier ministre français en Algérie. Et parmi ces hypothétiques “conciliabules”, le sempiternel problème des chaînes télévisées françaises, du bouquet TPS, qui affichent un écran noir depuis pratiquement le début de l'Euro. Est-ce que le sujet ferait partie des intérêts communs entre les deux pays ? La réponse la plus plausible serait à la négation, mais la spécificité culturelle algérienne et la donne de la francophonie pourraient bien la relativiser surtout à la lumière de l'épisode Philippe Douste-Blazy, alors à l'époque, ministre français des Affaires étrangères qui n'avait pas hésité à s'impliquer personnellement au plus fort du cryptage de TPS, aux lendemains de son rachat par le tout-puissant groupe Canal+. En effet, Douste-Blazy, sensibilisé par l'ambassadeur marocain à Paris sur les conséquences de la disparition du bouquet satellite, avait tenu à rassurer ses interlocuteurs marocains et algériens que les chaînes de TPS ne seraient pas protégées par les systèmes de cryptage, réputées inviolables, utilisées par Canalsat. Depuis, les hackers nationaux sont en prise avec les nouveaux codes des chaînes satellitaires et cycliquement les téléspectateurs algériens alternent avec l'écran noir et les programmes en clair. Ce problème, s'il en est un, prêterait à sourire sous d'autres cieux, mais se pose avec acuité chez nous et les Algériens, privés du signal de TPS, ne sont plus les mêmes. Quoique l'on dise et malgré les sondages “commandés” voulant que les chaînes françaises soient battues, en audimat, par leurs sœurs arabes et même par la télé algérienne, il n'en demeure pas moins que la réalité tend vers un constat d'impuissance. À chaque grande occasion sportive, les Algériens sont privés d'images et ce n'est certainement pas l'ENTV qui serait d'un grand secours. Pointés du doigt, les “pensionnaires” du boulevard des Martyrs se cachent derrière les droits de retransmissions de plus en plus élevés. Ce cas de figure s'est posé une première fois lors du Mondial allemand mais l'Etat avait décidé d'acheter des cartes ART (détenteur des droits de retransmissions pour la Coupe du monde), conçues spécialement pour le Mondial, afin de les distribuer gratuitement un peu partout. Cette fois-ci, et certainement pour les prochaines échéances sportives, ce ne sera pas le cas. Cependant, les Algériens espèrent toujours que la vision politico-culturelle française, privilégiant la sauvegarde et la promotion de la langue de Molière dans les pays maghrébins, prenne le pas sur l'argument commercial des groupes de télévision surtout avec l'avènement de Sarkozy à qui l'on prêterait une certaine influence sur les patrons des médias français. Cette option est encouragée par le ouvernement français lui-même qui avait chargé, en 2007 et au nom de la défense de la francophonie, le groupe Canal+ de trouver une solution pour la réception des chaînes de télévision françaises dans les foyers du Maghreb. Théoriquement, les téléspectateurs algériens pouvaient accéder, à partir du 15 juin de l'année dernière et gratuitement, aux chaînes de la Télévision numérique terrestre (TNT) que s'apprêtait à diffuser le groupe Canal+ via le satellite Astra. Donc, sous réserve de posséder un adaptateur numérique, acceptant les normes MPEG-2 (pour les chaînes gratuites) et éventuellement MPEG-4 (pour les chaînes payantes), les Algériens pouvaient recevoir gratuitement TF1, France2, France3, Canal+ (en clair), France5, M6, Arte, Direct8, W9, TMC, NT1, NRJ12, LCP, Public Sénat, France4, iTélé, Europe2 TV, Gulli, BFM TV et Google tv. Théoriquement, parce qu'en réalité rien n'a vraiment changé et en attendant de trouver une solution “politique” à l'une des préoccupations majeures du citoyen, l'espoir réside dans l'éventualité d'un nouveau piratage des programmes hexagonaux. Mais parti comme c'est, il paraît peu probable de revoir un jour les sigles de TF1 et M6 sur nos écrans tout en espérant que les chaînes allemandes et italiennes ne nous jouent pas un mauvais tour. Saïd Oussad