“À mon tour de dire qui est M. Djouad ? Qui est M. Marif ? Et qui sont tous ces inconnus appelés à siéger dans l'AG de l'un des clubs les plus prestigieux d'Afrique du Nord ?” C'est en ces termes qu'a tenu à répondre M. Abdelkader Drif, particulièrement à M. Djouad qui n'avait pas été tendre avec lui lors de son passage au forum d'Echibek, la semaine dernière. Au tour de Drif également d'expliquer les raisons qui l'ont poussé à boycotter la cérémonie de la restitution du sigle MCA. Abdelkader Drif : Tout d'abord, quelle lecture faites-vous de la sortie médiatique de Rachid Marif qui vient d'annoncer sa démission ? J'ai pris acte et note de sa décision de quitter le MCA. Seulement, comme il m'a cité, j'avoue qu'il est difficile de croire qu'il ignore mon exclusion scandaleuse de l'AG, comme il l'a lui-même déclaré. D'ailleurs, il n'a pas commenté outre mesure cette décision qui aurait mérité, à mon avis, qu'on s'y étale. Justement, d'aucuns se sont interrogés sur votre silence après cette exclusion que vous qualifiez de scandaleuse… Ceux qui, aujourd'hui, crient au scandale, pour avoir été exclus de l'AG, surtout en sachant que parmi les futurs siégeants il y aura des repris de justice et des bannis par la société, ont tout à fait raison de réagir. En ce qui me concerne, que j'y sois ou pas est le dernier de mes soucis. Mon combat, contrairement aux ex-nouveaux parrains, n'est pas le même. Le mien a toujours été la défense des valeurs du Mouloudia d'Alger, de sa mémoire et de ses hommes. Par conséquent, j'aurais moi-même pris la décision de ne pas fréquenter ces gens. Aujourd'hui que les langues se délient sur ce qui s'est passé au cours des tractations qui ont précédé la cérémonie de la restitution du sigle MCA, peut-on avoir votre version des faits ? Puisque l'occasion m'est donnée, par honnêteté et pour éclairer l'opinion mouloudéenne qui reste toujours attachée aux valeurs de ses véritables couleurs, je tiens à dire que Djouad a été malhonnête de bout en bout. C'est à sa demande expresse, après avoir été informé par M. Djiar, qui m'a appelé pour remettre la liste de ceux qu'il a lui-même qualifiés d'historiques de 1977, que j'ai accepté de m'engager dans l'action refondatrice que j'ai toujours appelée de mes vœux. Il faut rappeler que depuis 2001, j'ai lutté seul pour que l'association El-Mouloudia soit dissoute. Mais quand je dis dissoute, ce n'est pas une simple déclaration faite par M. Marif – à quel titre ? –, mais en faisant appliquer toutes les lois nécessaires que l'Algérie a pondues. C'est-à-dire le contrôle rigoureux de ce qui a été fait. D'abord moral : la relégation, le sigle piétiné… Ensuite et surtout le contrôle financier des dizaines de milliards injectés par la Sonatrach et les sponsors. Djouad a déclaré que vous vouliez que tout se passe chez vous… C'est plutôt à sa demande que les réunions se sont tenues chez moi. D'ailleurs, au cours de l'une d'elles, il a appelé Marif, sans que je le sache, pour ensuite me tendre l'écouteur afin, semble-t-il, de jouer à Monsieur bons offices. C'est là que j'aurais dû me rendre compte que j'ai été manipulé comme un novice, parce qu'en réalité, dès le début, MM. Marif et Djouad bricolaient ensemble. C'est pour cela que la dernière réunion qui devait se dérouler toujours chez moi, le mercredi 11 juin à 16h, fut reportée par un coup de fil de M. Rabah Ourabia sous prétexte que Djouad fut appelé par son ministre. Trois heures et demie plus tard, Djouad m'appelle pour me dire que, fatigué par ces trois heures de discussion avec son ministre, il ne pouvait honorer son rendez-vous avec moi. Je me demande si un ministre qui détient les clés de la maison Algérie peut se permettre le luxe de perdre un temps pareil pour une histoire secondaire par rapport à son importante mission ? De qui se moque-t-on ? En fait, ces prétendus rendez-vous avec Chakib Khelil étaient des rencontres avec Marif ou ses valets. L'association Djouad-Marif a “floué” l'éminent artisan, sous sa présidence, de la première Coupe d'Afrique que le football national ait gagnée. Ils sont nombreux les Mouloudéens à vous reprocher votre décision de ne pas assister à la cérémonie de la restitution du sigle. Ils affirment que la politique de la chaise vide n'a jamais servi ses auteurs… Les dés étaient pipés dès le départ, je ne voyais pas l'utilité d'aller faire le guignol dans une assemblée ne réunissant que des godillots prêts à la claque. N'aurait-il pas fallu assister à cette cérémonie pour, au moins, appuyer le communiqué que vous aviez rédigé quelques jours auparavant, et dans lequel vous contestiez l'existence d'autres listes de membres du bureau directeur de 1977 ? Au risque de me répéter, les jeux étaient déjà faits. M. Marif, adoubé d'un ignorant de l'histoire tel que Djouad, ne peut en aucun cas travestir l'histoire. Je précise que c'est en ami que je parle car lui et d'autres figurant sur la liste, que Tefat a remise à la Sonatrach, ne faisaient pas partie du conseil d'administration de 1977. Je l'affirme devant Dieu et ma conscience, je n'ai plus revu Marif depuis la Coupe maghrébine de 1975 à Tunis. Et puis, trouvez-vous normal que des membres de l'AG soient exclus sans aucune raison valable ? Il m'est impossible également de supporter l'insulte que subissent ces derniers et surtout la majorité des joueurs de 1976 qui ont contribué à écrire en lettres d'or une des plus belles pages de l'histoire du club, bien que certains d'entre eux, et peut-être les plus en vue, n'ont pas su gérer le capital sympathie suscité par leur triomphe de 1976 et d'avant cette date. Que pensez-vous de l'action entreprise actuellement par les membres de l'association El-Mouloudia exclus de l'AG ? L'histoire ne pardonnera pas. Le fait historique est têtu. S'il n'est pas construit sur un argumentaire sérieux et solide, son empreinte dans la suite est inéluctablement porteuse de catastrophes. De sombres jours attendent le club si l'on n'y prend pas garde. C'est pour cette raison que je dis à ces “exclus” de rester vigilants. Il ne faut pas qu'ils soient poussés à la faute. Voulez-vous dire que leur action est en fait de l'agitation pour rien ? Non, je n'ai pas dit cela. Seulement, je pense qu'il faut d'abord voir de quoi sont capables ces nouveaux dirigeants. Il faut laisser les structures se mettre en place, la définition de ces structures, si les hommes désignés pour diriger en soient capables. Vous aviez toujours appelé à la restitution du sigle ou au retour de la section football dans le giron de la Sonatrach. Votre vœu a été exaucé, sauf que tout cela s'est fait sans vous… J'ai voulu être conséquent avec moi-même en dénonçant la catastrophe de l'accord de 2001 en appelant à la dissolution de l'association El-Mouloudia dans les règles de l'art, de l'unicité du club et de la présence pérenne de la Sonatrach. Je voulais participer à ce processus de refondation. Malheureusement, le climat est malsain. Que voulez-vous dire ? Comment expliquer le retour aux commandes de M. Djouad qui devient, avec l'argent du contribuable, le nouvel argentier du MCA ? Fallait-il toute cette tchektchouka – je veux dire la restitution du sigle précédée par la création du GSP – pour en fin de compte avoir deux nouveaux chapeaux ? Il n'y a que les déconnectés de la réalité qui sont capables d'imaginer un tel scénario. En 2001, vous aviez qualifié le protocole d'accord entre le Sonatrach et l'association El-Mouloudia d'acte de décès du MCA. Qu'en est-il de cette opération de restitution du sigle ? Aujourd'hui, c'est le cadavre que l'on jette dans la fosse commune El-Mouloudia-Sonatrach. Une dernière question, allez-vous poursuivre le combat ou comptez-vous, cette fois, abdiquer ? D'abord, je tiens à préciser que j'ai cru de toute mon âme que nous allions sérieusement, après le drame d'Oran, aborder une nouvelle page, dite de refondation. J'y ai cru parce que le ministre de la Jeunesse et des Sports, qui a été le plus honnête, il faut le dire, et, semble-t-il, le ministre de l'Energie se sont impliqués. J'ai décodé que c'était un appel lancé directement par le président Bouteflika en direction de ces autorités. Il vaut toujours mieux prévenir que guérir. J'ajoute que la poudrière ne touche pas uniquement le MCA. Elle est à Hussein Dey, Kouba, El-Harrach, Belcourt, Soustara… Pour revenir à votre question, je dirai que le militant d'une cause politique ou autre n'abdique jamais, mais il ne faut pas qu'il devienne un Don Quichotte. La force d'un militant réside dans sa foi et sa détermination à aller jusqu'au bout, mais peut-être pas à déterrer les cadavres. Donc le combat continue ? Exactement. N. A.