Jusqu'à présent, rien ne plaide pour la participation du président Bouteflika au sommet fondateur de l'UPM. Il n'en demeure pas moins qu'en trois semaines, la situation peut facilement changer en faveur de sa présence à Paris le 13 juillet prochain. À trois semaines, presque jour pour jour, de la tenue du sommet fondateur de l'Union pour la Méditerranée à Paris, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, entretient toujours le doute sur sa participation au sommet fondateur de l'Union pour la Méditerranée, projet inspiré par Nicolas Sarkozy dès son élection à l'Elysée en mai 2007. Contrairement au Guide de la révolution libyenne, qui a d'emblée exprimé son rejet de l'UPM, le oui-non du président Bouteflika assimile l'Algérie dans le rôle d'une jeune fille qui fait languir cruellement son courtisan avant de lui livrer une réponse à sa demande en mariage. C'est du moins l'interprétation de la presse de l'Hexagone qui reproche au chef d'Etat algérien de se faire trop prier par les dirigeants français. Pourtant, sauf erreur de jugement, les réserves de l'Algérie ne semblent pas relever uniquement d'un geste de coquetterie. Si les noces annoncées ne scellaient que le sort des 25 Etats bordant le bassin méditerranéen, notre pays aurait peut-être adhéré aisément au projet du président Sarkozy. Les réticences de l'Etat algérien sont apparues dès lors que l'UPM a intégré l'Union européenne en tant que bloc de 27 membres, sous pression de la chancelière allemande Angela Merkel, laquelle a carrément exigé que “la Commission européenne soit au cœur du dispositif”. Ce sont là les explications avancées, dimanche, par le Chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem. “Avec l'entrée de l'Union européenne avec ses 27 membres, nous ne savons pas si l'on doit encore discuter avec Paris ou bien avec Bruxelles en vue de constituer cette entité méditerranéenne”, a-t-il souligné. Il est vrai que le concept d'une Union pour la Méditerranée perd son sens si l'entité préconisée englobe des pays non riverains de la Méditerranée. D'autant que les objectifs de l'Union méditerranéenne, telle que pensée par le président français, changent totalement dans le même temps que son nom modifié en Union pour la Méditerranée. Angela Merkel a réussi à transformer le projet en un modèle rénové du processus de Barcelone sur les partenariats euroméditerranéens. Un espace qui mettra en œuvre des coopérations dans des domaines peu stratégiques comme l'environnement, l'énergie, l'eau, les transports ou encore la formation et la culture. Autrement, les pays européens nettement plus nombreux que les nations de la rive sud, essentiellement arabes, imposeront immanquablement leurs décisions. L'on est alors loin du principe “d'une union où les prises de décision des deux rives sont à part égale”, défendu dimanche lors de la conférence de presse à Alger du Premier ministre français François Fillon. La loi du nombre est impitoyable. Au-delà, l'implication incontournable d'Israël dans le processus pose problème. Une union suggère des relations économiques, politiques et diplomatiques avec tous les Etats membres sans exclusion, alors que beaucoup, voire la majorité des pays arabes, n'entretiennent pas de liens diplomatiques avec l'Etat hébreu. Ce couac alimente assurément les hésitations d'Alger à adhérer pleinement à l'UPM, même si les officiels ne le disent pas clairement. Il est possible, toutefois, qu'il ne se posera que comme prétexte sous-entendu mais jamais confirmé, pour une éventuelle défection de l'Algérie au sommet fondateur d'un conglomérat qui ne servira qu'hypothétiquement ses intérêts. D'ailleurs, les dirigeants algériens n'ont nullement cherché à postuler à des postes-clés dans les instances de la future UPM, comme se sont empressés à le faire le Maroc, la Tunisie et l'Egypte. Jusqu'alors, rien ne plaide donc pour la participation du président Bouteflika au sommet de Paris du 13 juillet prochain. Il n'en demeure pas moins qu'en trois semaines, les réserves de l'Algérie pourraient être levées à la faveur d'une offre consensuelle de Paris, ardemment désireux de recevoir le dirigeant algérien. “L'UPM ne pourra se faire sans l'Algérie, mais aussi sans la participation de l'ensemble des pays de la Méditerranée”, a insisté François Fillon avant son départ d'Alger. Souhila Hammadi