Cela fait déjà deux ans, le 26 juin 2006, que s'éteignit une lumière qui brilla pendant trente ans, de 1962 à 1991, sur la prestigieuse institution culturelle de notre pays : la Bibliothèque nationale d'Algérie. Ce fut, après le recouvrement de l'indépendance de notre pays, le premier et le seul bibliothécaire sur tout le territoire national. Il s'agit de cet homme exceptionnel que fut Mahmoud-Agha Bouayed, de cet historien et bibliophile qui a lutté toute sa vie pour promouvoir le livre et la lecture, pour réhabiliter la Bibliothèque nationale et la Bibliothèque universitaire qui avaient subi les affres du colonialisme, et qui s'est battu pour le retour des archives algériennes transférées en France juste après l'indépendance. Pour célébrer la mémoire de cet homme qui disait toujours “le livre comble en moi l'historien et en même temps le bibliothécaire-archiviste, mon métier de toujours”, nous reproduisons en bref dans ces colonnes une partie des réalisations du défunt et qui retracent toute sa carrière bibliothéconomique depuis l'année 1953. Sauvetage des manuscrits, plan d'organisation des bibliothèques algériennes, transfert des archives algériennes en France, sauvetage du siège de la Bibliothèque nationale, recrutement du personnel nécessaire, remplacement de la bibliothèque de l'université et création d'un comité pour la reconstitution de la bibliothèque de l'université d'Alger, faire connaître la Bibliothèque nationale et le recueil de témoignages oraux. Toutes ces réalisations donnèrent un grand prestige à la Bibliothèque nationale aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. En 1964, un inspecteur général français des bibliothèques vint en Algérie pour voir si les bibliothécaires français nouvellement recrutés pouvaient effectuer dans des conditions normales leur stage à la Bibliothèque nationale, avant d'être inspectés puis titularisés. L'inspecteur, bien impressionné par l'organisation de la Bibliothèque nationale, fit un rapport élogieux sur la gestion de l'établissement. Dans ce même ordre d'idées, un chercheur américain qui a travaillé en 1969 dans notre Bibliothèque nationale pendant un mois a écrit, à son retour dans son pays dans une revue spécialisée, un article sur la Bibliothèque nationale pour informer ses confrères sur les conditions de travail. L'article était élogieux et signalait que toutes les conditions de travail existaient dans l'établissement. Les étrangers n'étaient pas évidemment les seuls satisfaits des services rendus par la Bibliothèque nationale. Ce sont plus de 200 000 étudiants, enseignants, chercheurs, fonctionnaires, futurs cadres du pays qui, depuis 1962, ont utilisé les services de la Bibliothèque nationale et se disaient dans leur grande majorité satisfaits des conditions de travail. Tous disent aujourd'hui qu'ils conservent un souvenir merveilleux de la Bibliothèque nationale qui les a beaucoup aidés à atteindre leurs buts. Les chercheurs et les étudiants d'Alger, de l'intérieur du pays et aussi de l'étranger, attendent actuellement parfois des heures pour obtenir une place dans les salles de lecture. Ainsi, malgré le peu de moyens humains et matériels (crédits, locaux, équipements) dont la Bibliothèque nationale a disposés jusqu'à ce jour et en dépit de la dépendance étroite du ministère de tutelle, de la direction générale de la fonction publique et du contrôle des dépenses, et en dépit du désintérêt de la plupart des responsables, et ce, malgré les cris d'alarme qui leur furent fréquemment lancés depuis 1963, la bibliothèque n'a cessé de remplir ses obligations envers l'enseignement, la recherche et les relations culturelles avec l'étranger. R. I.