Il était l'eau, et la fontaine il l'était aussi. Le 26 juin 2006 Le 26 juin 2009 Trois ans, jour pour jour, depuis que l'oiseau a pris le ciel d'Allah. Mais les hommes à la taille de ce voyageur nommé Mahmoud Bouayed ne partiront jamais, ni pendant les longues nuits hivernales ni pendant les jours estivaux. Ils sont toujours ici, et ils demeureront parmi nous. Les hommes à l'image de Mahmoud Bouayed, fils de Sidi Boumediene et de lalla Setti, sont comme le vin ou comme les belles chansons, par le temps, par leur vieillesse, ils deviendront plus raffinés et encore plus vivants. Et Mahmoud Bouayed est de cette race épurée. La race des gens pour le livre, la race des gens du livre. Par un jour, un vieil homme, intellect, est venu me voir, à la Bibliothèque nationale, il s'est présenté : il fut le chef du cabinet du Cheikh Ibrahim Beyyoud (1899-1981) premier responsable chargé du département de la culture dans le gouvernement provisoire de la République algérienne. Il m'a remis un document rare, précieux et exceptionnel, c'était le premier rapport établi par M. Bouayed sur l'état des bibliothèques et du livre en Algérie post-coloniale, l'Algérie de la première année de l'Indépendance. Ce document, dans sa philosophie, par sa vision et son approche, reste, jusqu'à nos jours, d'une grande actualité culturelle. M. Bouayed propose une sorte de feuille de route réfléchie et réaliste pour la relance du livre dans une Algérie nouvellement indépendante.Il n'y a pas d'indépendance sans le livre. Ce document, par sa rigueur, par sa vision et sa sincérité nous montre à quel point M. Bouayed était hanté par le livre en tant que moteur et facteur essentiel pour le recouvrement complet de notre souveraineté nationale. Dans ce document, il dessine toute une carte géographie nationale pour le rayonnement du livre et détaille le rôle de la Bibliothèque nationale comme pivot de tout développement livresque. Depuis sa jeunesse, M. Bouayed était soucieux et complètement préoccupé par la place du livre en Algérie. Il était, avant son professionnalisme, un passionné du livre. On ne peut pas gérer le livre sans l'aimer. L'amour du livre est un élément fondamental dans toute gestion d'institutions de livres et les Bouayed constituaient une famille du livre : père, épouse et enfants. Trente ans à la tête de la Bibliothèque nationale, M. Mahmoud Bouayed a fait de cet établissement stratégique un lieu de passage obligé pour toutes les générations de cadres, de créateurs et de politiciens. Les intellectuels lui doivent la réédition de l'encyclopédie la Revue africaine, document primordial pour la recherche. M. Bouayed a fait de la Bibliothèque nationale une mémoire humaine, un musée de la sagesse vivante qui a accompagné, dans leur formation, tous les cadres de la nation. Le 26 juin 2006 Le 26 juin 2009, en ce jour, trois ans après son départ dans ou vers les cieux d'Allah, Mahmoud Agha Bouayed, fils de Sidi Boumediène et de Lalla Setti, mérite une pensée intellectuelle et noble.Depuis 2003, et pour ne jamais oublier celui qui n'a jamais oublié l'Algérie, celle du savoir et du livre, nous avons proposé, que la date du 15 septembre, qui coïncide avec la date du recouvrement de la souveraineté nationale sur la Bibliothèque nationale, et qui, en même temps, correspond à la date de sa nomination à la tête de cette institution, que cette date soit décrétée comme “journée nationale du livre”. Et pour ne jamais oublier celui qui n'a jamais oublié l'Algérie, celle du livre et de la bibliothèque, nous proposons, une fois de plus, que la Bibliothèque nationale soit baptisée en son nom. La Bibliothèque nationale était sa maison et les livres ses enfants. M. Bouayed fut un homme en livre, du livre et pour le livre : ses enfants sont nés entre les rayonnages des livres. Sa femme Fatima-Zohra Bouayed a passé un quart de siècle, un peu plus un peu moins, peu importe, à ses côtés, imbibée du parfum des livres, dans la “poussière” magique d'Eden du livre. “Non, il n'est pas mort et il ne mourra point. Son image restera gravée dans nos mémoires, son affection continuera à réchauffer nos cœurs.” Ce sont quelques paroles du président de la République Monsieur Abdelaziz Bouteflika en hommage à ce grand homme.Quand l'Algérie oublie les gens du livre, les gens en livres, les gens pour le livre à l'image de Bouayed, cela, sans doute, signifie que notre pays va mal. A. Z. ([email protected])