En présence d'une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de celui de la Ligue arabe, Amr Moussa, de l'émir du Qatar et un président du Conseil de coopération du Golfe, Cheikh Bin Hamed Al-Khalifa Al-Thani, le président français Nicolas Sarkozy lance avec faste dimanche à Paris l'Union pour la Méditerranée (UPM). C'est l'acte de naissance d'un projet qui a été porté difficilement. Les risques d'avortement n'ont d'ailleurs pas manqué et il a fallu beaucoup de patience pour que le projet soit porté à son terme, même s'il ne reflète pas le résultat imaginé par ses concepteurs. L'Allemagne et l'Espagne ont ferraillé dur contre lui. Berlin est plus soucieux de l'Europe de l'Est. Madrid ne veut pas qu'on l'accuse d'un échec du processus de Barcelone. Sur la rive sud, on a soupçonné une normalisation forcée avec Israël. La Turquie a craint de devoir enterrer ses ambitions européennes. Le projet évoqué pour la première fois en pleine campagne électorale de Sarkozy en février 2007 a été largement revu. Il s'est consolé en remettant la France dans le jeu au Proche-Orient. Paris était un véritable carrefour diplomatique en ce week-end précédant la Fête nationale du 14 Juillet. Dimanche, il lui a fallu une heure pour saluer ses invités sous la verrière du célèbre Grand Palais, près des Champs-Elysées. Dans son discours inaugural, il a salué “tous les pays arabes” venus participer au Sommet de l'Union pour la Méditerranée (UPM), qui ont “fait ainsi un geste de paix”, lors de l'ouverture à Paris de la rencontre qu'il copréside avec l'Egyptien Hosni Moubarak. “Je veux saluer le courage de tous ceux qui ont répondu à notre invitation”, a lancé M. Sarkozy en ouvrant solennellement le Sommet de Paris pour la Méditerranée. Autour de lui, se trouvaient les dirigeants de 43 Etats, dont les 27 membres de l'Union européenne et quasiment tous les pays arabes du pourtour méditerranéen. Seule la Libye du colonel Mouammar Al-Kadhafi boycotte la rencontre. Le roi du Maroc a renoncé au voyage parisien et s'est fait représenter par son frère, le prince Moulay Rachid. “Je veux saluer les chefs d'Etat arabes d'être venus ici, d'avoir accepté cette responsabilité et d'avoir fait ainsi un geste de paix (...) C'est ensemble que nous allons construire la paix en Méditerranée, comme hier, nous avons construit la paix en Europe”, a déclaré M. Sarkozy. Il a estimé qu'un des enjeux majeurs de l'UPM est “d'écrire l'Histoire sur un pied d'égalité Nord-Sud”. L'UPM regroupera 43 pays, représentant quelque 750 millions d'habitants, du continent européen et de la rive sud de la Méditerranée, une des régions les plus divisées du monde. Pour M. Sarkozy, qui a dû batailler ferme pour que son projet se concrétise, l'UPM doit permettre de gagner le combat contre le “terrorisme, l'intégrisme, le fondamentalisme”. Signe de la complexité de l'exercice, aucune “photo de famille”, traditionnelle à la fin de ce genre de rencontre, n'était prévue. Mais pour la France, le fait de réunir autour d'une même table certains rivaux de longue date constitue en soi une “victoire”. Le président égyptien Hosni Moubarak qui a coprésidé le sommet en sa qualité de coordinateur arabe au Processus de Barcelone a rappelé les échecs de ce partenariat. Il a relevé hier des “manquements au respect des symboles de l'Islam”, dans son discours à l'ouverture du Sommet de l'Union pour la Méditerranée (UPM) à Paris. Les initiateurs de l'UPM espèrent garantir son succès en se concentrant sur de grands projets concrets : dépollution de la Méditerranée, énergie solaire, sécurité civile ou développement des “autoroutes de la mer”. Ils insistent aussi sur la volonté d'une parité Nord-Sud, symbolisée par deux coprésidents issus de chacune des deux rives. Le secrétariat général devrait en outre revenir à une ville du Sud. Mais la question est à l'origine de vives rivalités, notamment entre Rabat et Tunis, et sera remise à plus tard. Le financement des projets restera lui aussi à définir une fois passée la grand-messe de lancement. L'essentiel reste donc à venir. Principales résolutions - Réunion des présidents tous les deux ans. - Réunion des MAE tous les ans. - En novembre, les MAE vont se réunir pour annoncer le lieu du Secrétariat général et sa composition. Six projets retenus : 1- Dépollution de la Méditerranée pour en faire la plus propre du monde. 2- Autoroutes de la mer et terrestres. 3- Protection civile et protection des catastrophes. 4- Plan solaire méditerranéen. 5- Université euroméditerranéenne. 6- Initiative méditerranéenne de développement des entreprises. Y. K.