Une nouvelle taxe sur l'acquisition de voitures neuves a été instituée. Elle servirait au financement du transport public. La défaillance nationale en matière de transport n'est plus à démontrer. Les Algériens ont fini par oublier que la circulation des personnes est un droit qui devrait relever d'un service public. Le développement des réseaux routier et ferré s'est fait à une vitesse de limace et le transport des personnes est abandonné à un privé qui, souvent, exploite, en guise d'autobus et d'autocars, des rafiots de la route. Dans le taxi, les formules les plus extravagantes ont été expérimentées sur le voyageur national — taxi place urbain ou interurbain, taxi urbain avec courses jumelées, taxi avec ou sans compteur et même taxi clandestin — sous le regard passif des autorités. Le citoyen paie déjà, dans l'inconfort et le coût de ses déplacements, le déficit en matière de politique de transport public. Quand on met vingt-cinq ans à creuser un tunnel de métro, on n'a pas trop le moyen de sévir contre l'anarchie et les irrégularités qui marquent le transport des personnes. Etat et société s'y sont faits à ces modes de transport toujours aléatoires, souvent incommodants et plus ou moins onéreux. Une seule manière d'échapper à cette galère : disposer de votre propre véhicule, quand vous n'avez pas un statut qui vous attache un véhicule de service. Un jour, le crédit à véhicule a commencé à démocratiser l'automobile. Et ce qui était privilège de certaines strates sociales et professionnelles s'élargit à de nouvelles catégories. Des citoyens, qui n'osaient pas rêver d'automobiles au temps des “bons” Sonacome et du tout-cash, s'offrent aujourd'hui le moyen d'un déplacement autonome et sans trop de désagréments. Mais d'autres soucis, causés par des encombrements plus fréquents, malgré un réseau routier plus étendu, un prix du carburant régulièrement augmenté et surtout une pénurie de parkings dans les grandes villes, éprouvent l'automobiliste contemporain. Faute d'aires de stationnement et à défaut de sécuriser la voie publique, l'Etat s'est tacitement déchargé sur un gardiennage spontané et sauvage. La relation implicite et équivoque de l'administration à cette armée de “rançonneurs” du stationnement n'est pas sans rappeler le rapport tout aussi muet, mais convenu qu'elle a au commerce parallèle de fringues, de cigarettes, etc. En croyant s'arracher aux contraintes du transport public, l'automobiliste “de base” s'est livré à un monde d'exiguïté et de spéculation qui l'éprouve autant. Il n'y a eu ni la prévoyance d'Etat pour lui assurer des infrastructures urbaines et routières adaptées quand il roule, ni l'autorité nécessaire pour le mettre à l'abri de racket quand il se gare. Au contraire, le gouvernement trouve qu'il y a là un filon à exploiter. Alors que le concessionnaire n'est taxé que de 1% de la valeur du véhicule, le tribut de l'automobiliste, qui s'acquitte déjà d'autres charges, avec la vignette, l'impôt sur l'assurance, etc., sera parfois plus élevé que la mise initiale pour l'achat de son véhicule. Dans un pays où l'on ne taxe ni le foncier ni la fortune, ni le luxe des familles qui se sont sacrifiées pour se mettre à l'abri du tourment d'un transport public inopérant doivent payer pour financer cet incertain service public ! M. H. [email protected]