Curieusement en vigueur déjà au cours de cette semaine, la nouvelle taxe pour l'acquisition des véhicules neufs n'est pas du goût de la population. La rue peste contre cette mesure que d'aucuns qualifient d'impopulaire. Le gouvernement Ouyahia, en instituant un fonds d'affectation pour le soutien du prix de ticket du transport public en commun sur le dos du citoyen, il faut bien le dire, s'est-il mis le doigt dans l'œil ? A voir l'exaspération des concernés par ces taxes, on est tenté de le dire. Tout le monde, acquéreurs et concessionnaires automobiles, ont été pris de court par ces mesures ! Les arguments avancés par les officiels n'arrivent pas à convaincre. Après les explications sinueuses de Abderahim Raouia, directeur des impôts, voilà que Karim Djoudi, ministre des Finances, remet ça. Il est resté hier, en marge de la cérémonie de l'installation du nouveau commissaire au plan, presque insouciant et évasif quant aux conséquences ruineuses de la mesure décidée dans la loi de finances complémentaire 2008, sur le maigre portefeuille des acquéreurs de voitures neuves. « L'Algérie a engagé de gros investissements en matière de transport en commun, notamment les projets de tramway et de métro. Ces investissements nécessitent un soutien très fort de l'Etat de manière à ce que la population puisse y accéder à des coûts très faibles », estime-t-il, avant de préciser que les citoyens et les concessionnaires automobiles participeront à cet effort : les premiers en payant une taxe variant de 50 000 à 150 000 DA en fonction du type d'automobile et de carburation ; les seconds en déboursant 1% de leur chiffre d'affaires annuel en sus des 2% prévus par la loi. Pourtant harcelé par les journalistes, le représentant du gouvernement Ouyahia n'a à aucun moment abordé les inquiétudes des citoyens acquéreurs de voitures neuves. Il a préféré surfer sur une langue de bois remarquable. Pour lui, ces mesures vont permettre à coup sûr à la majorité de la population d'avoir accès aux transports publics en commun (métro et tramway encore inachevés). Ceux qui vont payer rubis sur l'ongle le prix d'une voiture neuve encore trop chère, M. Djoudi les a étrangement zappés ! Cependant, le ministre consent à reconnaître que ces mesures vont participer à la réduction de la demande en véhicules sur le marché national. « Il est évident qu'il va y avoir un phénomène de tension sur la demande (...). Elle pourrait s'atténuer suite au renchérissement prévu de leur prix », confesse-t-il. A la question de savoir si le renchérissement des prix des voitures n'aura pas des effets inflationnistes, M. Djoudi a affirmé avec fierté que le taux d'inflation dans le pays est le plus faible dans la région du Maghreb, non sans émettre de rassurants propos quant aux efforts de l'Etat pour atténuer ces mêmes effets et protéger le revenu de la population. Pour rappel, le ministre des Finances a procédé hier à l'installation de Ali Boukrami, nouveau commissaire au plan, en remplacement de Brahim Ghamen, qui était à la tête de cette structure des finances depuis 1997.