On paie toujours chèrement le ticket de transport, malgré la hausse de la taxe automobile. L'argument principal avancé par les pouvoirs publics pour justifier l'institution de la taxe automobile l'année dernière, a été celui de l'utilisation de son produit pour l'amélioration des infrastructures des transports publics. Il n'a pas fallu beaucoup de temps pour s'apercevoir qu'il n'en est rien et qu'il ne s'agissait que d'une farce. Le gouvernement a décidé d'augmenter le montant de la taxe et on ne connaît toujours pas les nouveaux prétextes qui seront avancés pour délester les citoyens de leur argent sans en tirer aucun bénéfice en retour. Le contribuable est sommé de payer sans qu'il ne sache à quelle fin sera destinée cette taxe. D'ailleurs, les usagers des transports collectifs ont nourri un certain temps l'espoir de voir le prix des billets revu à la baisse surtout suite à l'annonce de l'institution de la taxe. Or, il n'en est rien. La Sntf offre le parfait exemple de ce paradoxe et une anarchie s'en est suivie en matière de tarification. Les cas les plus édifiants ont été vécus suite à l'instauration des autorails. La liaison Alger-El-Affroun a même été boudée par les citoyens lors des premiers jours de la mise en circulation de l'autorail en raison du prix du billet jugé excessif. De 60 dinars, le prix du ticket est passé à 175 dinars en mai dernier. Quelques jours après, la direction de la Sntf s'est rendu compte de son erreur et a procédé à la baisse de son tarif. La société a ainsi vite réagi en consentant une révision du prix pour des raisons commerciales et de trésorerie. Ce choix était incontournable pour éviter que les clients ne désertent le train pour emprunter d'autres moyens de transport. Le prix des billets des autres liaisons comme celle d'Alger-Béjaïa ou Oran-Chlef, pour ne prendre que ces deux exemples, sont tout aussi élevés. Même si la taxe n'a pas servi au fonds des transports, le gouvernement a pris la décision de doubler son montant. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a été interrogé sur ce dossier, mais il n'a ni confirmé ni infirmé l'information. Il s'est contenté de dire que le projet de loi de finances complémentaire pour 2009 ne devrait pas être commenté avant qu'il ne soit adopté par le Conseil des ministres. Celui-ci siège aujourd'hui et il est fort probable qu'il entérine la décision. C'est ce qui fait sortir les concessionnaires automobiles de leurs gonds. Outre le fait que ces taxes pénalisent le chiffre d'affaires puisque les ventes devraient logiquement baisser ou tout au moins connaître un ralentissement, les concessionnaires estiment qu'il n'appartient pas aux automobilistes de financer seuls le coût de l'amélioration des transports publics qui profitent à tous les citoyens. D'ailleurs, les automobilistes paient déjà assez d'impôts et de taxes sur les véhicules à travers la taxe douanière et la TVA ou encore sur les carburants. Des taxes sont aussi comprises dans le tarif de l'assurance alors que la vignette est une autres source de revenus pour l'Etat, sans oublier le résultat des amendes. A coup sûr, les rentrées des diverses taxes ne vont pas être utilisées uniquement pour soutenir le prix des billets. Une partie des revenus sera effectivement destinée à ce poste. Les prix des billets du métro et du tramway seront ainsi subventionnés par l'Etat. Cette action ne doit pas être laissée au hasard. Une étude minutieuse doit précéder la prise de décision dans ce domaine, notamment lorsqu'il s'agit de l'amortissement des investissements. A titre d'exemple, le métro d'Alger a coûté globalement 7 milliards de dollars. En plus de ces problèmes liés à la répartition des revenus des taxes, on voit mal comment les concessionnaires pourraient soutenir de gaieté de coeur un projet d'amélioration des transports qui vient concurrencer directement leurs ambitions de vendre plus de voitures aux citoyens. Une réunion a été tenue récemment par l'Association des concessionnaires pour discuter des actions à entreprendre pour protéger leurs parts du marché. Or, la taxe dont le montant varie entre 50.000 et 150.000 dinars a contrarié les projets de nombreux concessionnaires qui visaient, pour la plupart, une augmentation de leur chiffre des ventes. Ainsi, au moment où les concessionnaires s'attendaient plutôt à une suppression de cette taxe, c'est au contraire son doublement qui pourrait intervenir rapidement. C'est qu'en plus des arguments officiels liés à la nécessité de l'encouragement du transport collectif, une autre raison de portée plus stratégique se cache derrière cette décision. C'est que l'Algérie ne veut plus que des sommes importantes, concernées par le transfert en devise, soient destinées à l'achat de véhicules à l'étranger, alors que sa préférence va vers une politique d'encouragement de fabrication locale. Mais cette étape n'est encore franchie par aucun des concessionnaires hormis l'un d'entre eux qui s'est lancé dans le montage des autobus à Mohammadia d'Alger. Tous les autres trouvent de nombreux arguments pour éviter de se lancer dans ce processus, à commencer par l'absence d'un tissu d'équipementiers aptes à fournir tous les composants nécessaires à la fabrication d'un véhicule. L'importation de plus de 300.000 véhicules a coûté à l'Algérie 4 milliards de dollars en 2008, alors que pour chaque nouvel achat, il y a une moyenne de 100.000 DA de taxe.