“Quatre cabinets de consultants étrangers, dont KPMG et Deloitte France, définissent actuellement la stratégie à suivre pour faire de ces 13 champions industriels une réalité algérienne”, révèle Oxford Business Group. “Si les hydrocarbures constituent la source principale de recettes budgétaires, le gouvernement algérien mise sur le développement industriel et s'appuie sur la nouvelle loi de finances complémentaire (LFC) pour trouver de nouveaux modes de financement”. C'est ce que relève Oxford Business Group (OBG), un cabinet d'expertise londonien, dans son dernier “briefing” sur l'Algérie. Le document, sous le titre, “Algérie en quête de financement industriel”, que la LFC 2008 adoptée le 23 juillet dernier par le Conseil des ministres, prévoit des dépenses de 4 882 milliards de dinars (contre 4 323 milliards de dinars dans la loi de finances initiale 2008) et des recettes de 2 763 milliards de dinars. Les recettes budgétaires s'inscrivent ainsi en hausse de 43,6% due essentiellement à la révision du prix du baril de pétrole pris comme référence, alors que les dépenses se sont accrues de 13%. “Les nouvelles mesures législatives introduites dans le cadre de la LFC 2008 ont pour objectif de renforcer les capacités financières des collectivités locales et un montant de 40 milliards de dinars sera consacré à la recapitalisation des banques publiques, une mesure destinée à augmenter le capital des banques étatiques pour leur permettre de jouer un rôle plus actif dans le financement de l'économie, notamment sur le plan industriel”, souligne OBG. Le cabinet londonien explique qu'avec une part de marché évaluée à 90%, les banques publiques jouent un rôle capital dans le processus de relance industrielle. “D'ailleurs, les grandes banques publiques financent déjà de nombreux projets industriels, comme en témoigne le complexe d'ammoniac et d'urée d'Arzew, réalisé en partenariat entre la société égyptienne Orascom Construction et la Sonatrach, pour un investissement total de 1,1 milliard d'euros”, note OBG. “Compte tenu de l'embellie financière actuelle et de la volonté de diversifier l'économie, il est essentiel pour l'Algérie de conduire les réformes adéquates pour se prémunir contre d'éventuels retournements des marchés internationaux. Les pouvoirs publics sont tout à fait conscients des répercussions drastiques qu'un éventuel retournement brutal du marché pétrolier international aurait sur les capacités financières de l'Algérie”, a déclaré le ministre des Finances, Karim Djoudi, cité par Oxford Business Groupe. L'éventualité d'une telle perspective a récemment conduit les pouvoirs publics à vouloir créer 13 champions industriels nationaux, dont les premiers pourraient voir le jour d'ici à la fin de l'année. L'idée est de créer plusieurs groupes industriels dans chaque segment industriel, afin de rendre l'Algérie plus compétitive à l'échelle internationale. “Ces nouveaux fleurons de l'industrie seront composés d'entreprises publiques et pourront ouvrir leur capital à des investisseurs privés. Quatre cabinets de consultants étrangers, dont KPMG et Deloitte France, définissent actuellement la stratégie à suivre pour faire de ces 13 champions industriels une réalité algérienne”, révèle OBG. Parmi les secteurs “prioritaires” identifiés, le cabinet londonien cite, entre autres, la branche pétrochimie, sidérurgie, aluminium ou agro-industrie. “Concernant les engrais et les phosphates, le nouveau champion industriel comptera sur Ferphos, l'entreprise publique algérienne qui produira 20 millions de tonnes de phosphates par an d'ici 2020, contre 2,5 millions cette année”, indique le document. La production industrielle hors hydrocarbures représente aujourd'hui moins de 5% du produit intérieur brut (PIB), souligne OBG, estimant que “le temps presse pour faire de l'industrie un secteur prioritaire”. À cet effet, la recapitalisation des banques publiques et les nouvelles sources de financement qui en découleront, permettront de soutenir la stratégie industrielle du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI), qui s'articule autour de deux axes principaux : les politiques de redéploiement sectoriel et spatial et les politiques de développement des activités industrielles. “Le redéploiement sectoriel repose sur les activités industrielles manufacturières et la valorisation des ressources naturelles que recèle l'Algérie, tant dans la pétrochimie que la sidérurgie, les engrais ou les matériaux de construction, avec pour objectif de réaliser des partenariats public-privé et de réunir les conditions nécessaires au développement d'industries compétitives à même de préparer la substitution aux importations pour ensuite exporter des produits finis algériens”, a indiqué à OBG le ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, Abdelhamid Temmar. La stratégie industrielle a aussi pour objet la densification du tissu industriel à travers l'encouragement des activités industrielles à haute valeur ajoutée, notamment dans les industries pharmaceutiques, électroniques et l'agro-industrie. Le redéploiement spatial, quant à lui, favorisera le développement de nouvelles industries, telles que l'industrie automobile et les nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC). “L'autre axe de la stratégie industrielle concerne les politiques horizontales, et notamment la modernisation des entreprises par la mise à niveau et la promotion des investissements industriels et étrangers, les politiques d'acquisition de technologies modernes, l'innovation et le développement des ressources humaines”, a souligné M. Temmar. Grâce à la recapitalisation, les banques publiques sont désormais appelées à devenir les principaux acteurs pour supporter ces besoins de financements prioritaires, mais elles ne seront pas les seules à assumer le coût d'un tel programme. “L'émergence de nouvelles activités de production nécessite aussi l'implication de l'investissement extérieur, source de financement et d'apport technologique favorisant la compétitivité sur les marchés extérieurs”, a précisé M. Djoudi à OBG. Meziane rabhi