L'horrible attentat suicide des Issers, qui a fait 43 morts et 45 blessés, a eu un grand choc psychologique sur la population algéroise gagnée par une vive inquiétude. Certes, depuis les deux attentats suicides du 11 décembre 2007 ayant pris pour cible le siège du HCR et celui du Conseil constitutionnel, Alger n'a pas été touchée par le terrorisme. Mais avec la dangereuse escalade d'actes terroristes en ce mois d'août en Kabylie et plus particulièrement à Boumerdès, la terreur s'est emparée de ses habitants qui redoutent une action d'éclat du GSPC. En frappant aux portes d'Alger, les affidés de Droukdel peuvent bien échapper au contrôle des nombreux barrages dressés par les services de sécurité dans les quatre coins de la capitale et y perpétrer des attentats. “Ils peuvent frapper quand et où ils veulent. Il n'y a que Dieu qui peut les arrêter”, commente un jeune Algérois. “Avec l'injustice et le chômage qui règnent dans le pays, comment voulez-vous que les jeunes ne montent pas dans les maquis”, s'interroge un vieux. “On ne peut pas libérer des terroristes à tour de bras et espérer en même temps en finir avec le terrorisme”, renchérit un autre. Indépendamment des raisons qui ont aidé l'organisation de Droukdel à reprendre du poil de la bête, il est loisible de constater que même si la nuisance terroriste est limitée géographiquement à la seule région de la Kabylie, son effet psychologique est ressenti à Alger, voire sur tout le territoire national. Encore que cet été, pour des raisons tactiques ou autres, l'organisation de Droukdel a élargi son rayon d'action à l'est du pays en signant nombre de forfaits dans plusieurs wilayas (Jijel, Skikda, Constantine, Oum El-Bouaghi, etc.). Par ailleurs, si jusqu'ici les actes terroristes commis dans la capitale réalisaient plus d'effet médiatique, ce n'est plus le cas aujourd'hui avec l'irruption sur la scène sécuritaire des attentats kamikazes. Pour preuve, l'attentat suicide des Issers a bénéficié d'une large couverture médiatique et suscité de nombreuses réactions d'indignation de la part de plusieurs responsables de pays étrangers (Etats-Unis, France, Espagne, Allemagne, Italie, ...) et d'institutions comme l'Otan, l'UE, l'UA... Ainsi le GSPC réalise malheureusement un grand coup de pub même si, en se fiant aux assurances officielles, elle est au creux de la vague. Le moral gonflé à bloc, il est à craindre que Droukdel et ses sbires s'enhardissent pour commettre d'autres attentats aussi spectaculaires les uns que les autres. Pis, leurs rangs qui, sous les coups des services de sécurité, se sont amenuisés, peuvent bien être renforcés par de nouvelles recrues qui serviront de chair à canon pour de nouveaux attentats. C'est dire que les autorités, comme elles l'ont d'ailleurs promis au lendemain des attentats d'Alger en décembre 2007, sont tenues de trouver une parade à ces attentats suicides dont les dégâts sont multiples et incommensurables. En outre, la stratégie sécuritaire, adoptée qui consistait à prémunir vaille que vaille Alger, vitrine du pays abritant l'essentiel des sièges des institutions nationales et internationales, des actes terroristes, semble avoir montré ses limites. Parcellaire jusqu'ici, cette stratégie-là doit être globale. À Alger comme dans les autres régions du pays, la présence des services de sécurité, tous corps confondus, doit être plus importante pour assurer la sécurité des personnes et des biens, premier devoir de tout Etat. A. C.