“Il est injuste qu'un terroriste qui, durant dix ans, a tué et égorgé, reconquiert tous ses droits en bénéficiant des mesures de la Charte alors qu'un Patriote ou un membre de GLD qui a pris les armes pour défendre sa dignité et celle de l'Etat, se retrouve contraint de quémander un sachet de lait.” S'il ne va pas jusqu'à remettre en cause l'esprit de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qu'il a présentée comme “un projet civilisationnel”, Seddik Chihab, responsable influent du Rassemblement national démocratique (RND) et vice-président de l'APN, ne trouve pas moins à redire sur le contenu du décret exécutif définissant le cadre de sa mise en œuvre. “Je n'irai pas jusqu'à dire que le contenu du décret exécutif est mal conçu. Car dans son souci de rétablir la paix sociale, l'Etat a fait des concessions. Il est injuste qu'un terroriste qui, durant dix ans, a tué et égorgé, reconquiert tous ses droits en bénéficiant des mesures de la Charte alors qu'un Patriote ou un membre de GLD qui a pris les armes pour défendre sa dignité et celle de l'Etat, se retrouve contraint de quémander un sachet de lait. Il est impératif que l'Etat reconsidère sa position vis-à-vis des GLD, des patriotes et tous ceux qui sont à la base de la lutte antiterroriste”, s'est exclamé Chihab, lors d'une réunion du bureau de la wilaya d'Alger du RND tenue hier. Très en verve, le remuant député d'Alger assure que “la lutte contre le terrorisme se poursuivra quel que soit le prix à payer, jusqu'à l'éradication du terrorisme”, non sans décréter que “le terrorisme est mort politiquement”. Tout en condamnant les derniers attentats qui ont été commis dans les wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès et Bouira, M. Chihab a reconnu qu'ils ont sapé le moral des Algériens. Interrogé sur le silence observé par le président Bouteflika sur ces attentats-suicides, Chihab a soutenu que “le président de la République a réitéré à maintes reprises son engagement de combattre le phénomène du terrorisme qui est devenu transnational”. S'il considère impérative la lutte contre le terrorisme, Chihab estime que ce phénomène “ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt”. Et d'expliquer : “Nous avons des problèmes sérieux sur les plans social et économique. Le développement est la mère de toutes les batailles. Nous devons la gagner pour assurer la stabilité politique et la paix sociale.” Aussi, il y a lieu de réhabiliter l'acte de gestion et d'instituer plus de rigueur dans la gestion des affaires de l'Etat. Aussi il n'a pas manqué de rétorquer à ceux qui ont critiqué la note envoyée par Ahmed Ouyahia aux membres du gouvernement les exhortant à limiter les dépenses au niveau de leur département. “Les représentants de l'Etat se doivent de donner l'exemple pour que les citoyens puissent suivre leur exemple”, a-t-il soutenu. M. Chihab a défendu bec et ongles la taxe sur les véhicules neufs institués par Ahmed Ouyahia en la présentant comme un “acte de solidarité” avant d'accuser des “lobbies d'intérêts” d'être derrière les rumeurs répandues à ce sujet. Concernant la flambée des prix à quelques jours du début du Ramadhan, Chihab en fait porter le chapeau, de manière très adroite, à l'ancien Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem. “Le battage médiatique fait autour de la dernière augmentation des salaires avait pour conséquence immédiate l'augmentation des prix de beaucoup de produits alimentaire avant même que les Algériens ne les empochent”, a-t-il soutenu. Pour ce qui est de l'alliance présidentielle, M. Chihab assure qu'elle n'est pas traversée par des remous. “Nous sommes partie prenante de l'alliance et nous respectons les engagements contractés avec nos partenaires au sein de cette instance. Il n'y a aucun problème entre les partis qui la composent”, soutient-il. Pourquoi alors la réunion de cette instance ne s'est pas tenue depuis longtemps ? “C'est un problème de calendrier”, explique-t-il. Il n'a pas manqué de renouveler le soutien de son parti pour le troisième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. “On n'a aucun inconvénient à ce que le président de la République continue son œuvre de redressement et les réformes qu'il a engagées”, avant de préciser qu'il n'accorde aucun crédit aux rumeurs faisant état de l'hésitation du chef de l'Etat à se représenter. Concernant le Conseil national de son parti, M. Chihab a indiqué qu'il se tiendra en septembre prochain “si les conditions le permettent”. Arab CHIH