Les décrets d'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale sont confus et ont posé énormément de problèmes. Selon le RND, la démarche présidentielle (réconciliation) « est louable et porte des objectifs universels », mais les textes de sa mise en œuvre « ont été mal conçus ». « La confusion de ces textes a fait que leur interprétation varie selon la position de la personne concernée. Alors que le terroriste estime que la charte lui est favorable, les patriotes et les GLD s'estiment lésés et déconsidérés », déclare Seddik Chihab, membre du bureau politique du RND et responsable du bureau de wilaya d'Alger du parti. S'exprimant devant les cadres de wilaya du RND, réunis hier à Alger, Seddik Chihab se dit indigné par le mauvais sort réservé aux résistants et « les honneurs accordés aux terroristes ». « Il est anormal qu'un terroriste, qui a passé des années dans les maquis à tuer et à égorger des citoyens, bénéficie de tous les privilèges, alors que les patriotes et les GLD n'ont bénéficié de rien », lance-t-il en appelant les autorités à la révision de sa politique envers cette frange de la société. « Il faut que l'Etat reconsidère sa politique envers les patriotes, les GLD et tous ceux qui ont été à la base de la lutte antiterroriste. C'est une revendication du RND », affirme-t-il. Le parti du chef du gouvernement soutient, dit-il, la réconciliation nationale, mais « la lutte contre le terrorisme devra se poursuivre sans relâche ». « Les derniers attentats terroristes ont eu des effets sur la population. Toutefois, au RND nous ne considérons pas cela comme un échec de la réconciliation nationale. Même le président de la République se situe dans cette logique de combat sans relâche contre le terrorisme », estime-t-il. « Le sérieux d'Ahmed Ouyahia » Revenant sur les priorités du chef de l'Exécutif qui est également leader du RND, l'orateur dira qu'il y a une seule urgence : « Réhabiliter l'acte de gestion dans le pays. » Selon lui, le président de la République a rappelé Ahmed Ouyahia aux affaires « pour son sérieux, son intelligence, son efficacité et son endurance ». Ce dernier apportera, selon lui, « le plus attendu notamment en matière de lutte contre la corruption et le nettoyage de tous les fléaux cumulés depuis des années ». Seddik Chihab n'a pas manqué l'occasion, dans ce sens, de décocher des flèches à l'adresse de ses frères ennemis du FLN. « Le discours politique et la surenchère ont souvent pris le dessous sur les vrais problèmes ayant empêché le pays de se mettre sur la voie du développement », souligne-t-il, en citant l'exemple de la surmédiatisation de la dernière augmentation des salaires avant même son entrée en vigueur. Un fait qui a rendu, selon lui, ces augmentations caduques puisque les commerçants ont vite majoré les prix des produits alimentaires. Dans la foulée, le responsable du RND appelle à l'intervention de l'Etat pour réguler le marché, tout en brocardant « les actions menées récemment par le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbès, et l'UGCAA qui ont exhorté les commerçants à baisser les prix ». « Il faut que l'Etat retourne à sa mission essentielle de régulation. Il faut également gagner la bataille du développement », précise-t-il. Interrogé sur le devenir de l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP) qui s'est éclipsée de la scène nationale depuis plusieurs mois, l'orateur se montre peu convainquant. Selon lui, cette entité existe toujours et « il n'y a aucun problème entre les responsables des trois partis qui la composent ». « Le seul problème existant est que l'agenda des chefs des trois partis ne leur a pas permis de se réunir pour le moment », justifie-t-il. Sur le plan organique, Seddik Chihab affirme que le premier conseil national du RND, après le congrès, se tiendra au cours du mois de septembre prochain.