à quelques jours du mois de Ramadhan, la saignée à blanc des bourses était déjà prévisible devant la hausse subite et folle des prix de la plupart des denrées alimentaires, essentiellement les fruits et légumes, vendues dans les marchés de la ville de Batna. La mercuriale est dans tous ses états, et devant cette tendance qui continue à prendre une courbe ascendante, les citoyens de la classe moyenne risquent d'y laisser des plumes. Pour harponner le client et provoquer l'achat instantané, les commerçants s'ingénient à décorer et agrandir les étalages de fruits et légumes devant les portes de leurs épiceries obstruant carrément les trottoirs obligeant les passants à emprunter la chaussée avec toutes les conséquences que cela entraîne. Les couleurs vous sautent aux yeux avec un décor agrémenté de fleurs, de sous-produits ou de produits d'accompagnement. L'objectif est d'essayer de vous retenir le plus longtemps possible, appliquant cette règle commerciale qui stipule que “plus vous gardez le client, plus il achète”. Si les étalages sont bien fournis et savamment présentés, le point de publicité des prix et les étiquettes, comme par hasard, ont subitement disparu. Une façon “de ne pas effrayer les acheteurs”, remarque une dame. En effet, le piment pousse les cornes et vous fait brûler la langue, la tomate vous fait rougir, la laitue vous donne des crampes d'estomac et la pomme de terre se bombe le torse et reprend son trône. “Hadja M'liha ! ” vous répondent, de leur côté, les vendeurs interrogés sur leur appréciation de leurs nouvelles planches tarifaires. Chez le consommateur, un autre ton. “Lorsque le Ramadhan arrive, ils nous déplument…”, fait remarquer une dame. “Le mois de “rahma” (la clémence), ils ont fait de lui, le mois du vol caractérisé. Rares sont les commerçants qui font la différence entre “halal” (licite) et “harâm” (illicite), tout ce qui les intéressent c'est “ribh” (le gain) facile, peu importe les méthodes et les procédés”, rajoute son compagnon. Effectivement, les prix ont augmenté subitement, certains ont même doublé et triplé. Les fraudeurs et tricheurs n'ont pas manqué l'aubaine pour tripoter les prix, ils trichent même les poids et les mesures, une pratique condamnée par la législation et même toutes les religions. Devant cette cherté et les manœuvres frauduleuses et immorales, les citoyens vous passent des tuyaux et vous conseillent de faire vos emplettes au marché de gros de Borj-Ghoula, “parce que là-bas, les fruits et les légumes sont à moitié prix”. Pour les personnes véhiculées, c'est la bonne affaire, mais les autres sont obligées d'accepter le dicta des légumiers et fruitiers des quartiers. On rogne les pauvres en silence. Tous les fruits et légumes sont à la hausse. Les agriculteurs, les grossistes et les mandataires se rejettent la balle et la faute est au consommateur qui achète. Ramadhan qui s'annonce douloureux pour la majorité des familles au revenu modeste. Qui protège le citoyen ou le consommateur contre ces délits malfaisants, rien moins que des vols… à l'étalage ? B. Boumaïla