Chaque année, les mêmes problèmes se répètent sans qu'on daigne trouver des solutions qui, pour tout le monde, sont faciles à trouver. Treize heures, l'aéroport international d'Alger. Kamel, la trentaine, paraissait bien désemparé au milieu du hall A. Accosté, il se lança sans hésitation dans un speech à haute voix. “Bon Dieu, je suis là depuis quatre jours et je n'arrive toujours pas à trouver une place pour Montréal. Je suis rentré en catastrophe, il y a quelques semaines à cause du décès de ma mère, mais je dois rentrer parce que mon travail m'attend”. Subitement, un homme en civil l'accoste et lui demande de le suivre. Les deux se connaissaient et se sont dirigés vers un agent de la compagnie d'Air Algérie qui, visiblement, les attendait. Les palabres ont duré juste deux à trois minutes et le trio se dirigea vers un autre agent de la compagnie nationale. Très rapidement, Kamel nous revient avec un air déprimé. “Je ne sais toujours pas quand je vais partir. Tout ce que j'ai pu avoir, c'est une réduction du prix. Comme la date du billet de retour a expiré, normalement je devais payer le prix d'un billet normal, soit presque 8 millions de centimes. J'ai pu l'avoir pour finalement un peu plus de 4 millions de centimes. Je dois donc revenir dès demain matin et on m'a promis de mettre mon nom sur la liste. On verra”. Le cas de ce Montréalais, enfant de Dar El-Beïda, n'est qu'un tout petit exemple de ce que subissent beaucoup de voyageurs au niveau de l'aéroport international. Si certains couraient dans tous les sens, (souvent à la recherche soit d'un employé d'Air Algérie, soit d'un agent de sécurité), d'autres faisaient la queue sur deux stands. L'un de la compagnie nationale et l'autre celui d'Aigle Azur. Evidemment, il s'agissait des inscrits sur les listes d'attente et tous paraissaient à bout de nerfs. “Je leur ai dit que je suis prêt à payer 3 millions de centimes de plus, mais ils ne veulent pas me laisser partir”, vociférait, avec un fort accent marseillais, une femme, la cinquantaine, au milieu de la queue d'Aigle Azur. Un vieux à côté, et tout en essayant de la calmer, lui disait : “Madame, vous n'êtes pas la seule victime. J'ai toujours cru que j'étais un renard, mais en Algérie, à chaque fois je me retrouve dans le rôle de victime.” Un homme, la quarantaine, assis sur ses bagages et visiblement exténué, criait à qui voulait l'entendre : “Hier, j'avais le numéro 37 sur la liste d'attente et j'ai trouvé normal de ne pas avoir pu trouver de place. Mais aujourd'hui, on était là à 5h du matin et on avait le numéro 8 et malgré cela, on n'a rien pu avoir. Des gens sont venus bien après nous, et ils ont pu embarquer. Ils trafiquent ces listes d'attente et ils ne mettent que ahbabhoum”, et l'autre qui lui rétorque : “Et ils mettent aussi ceux qui leur donnent la tchipa.” Même topo au niveau du stand d'Air Algérie. La pagaille et des crises de nerfs étaient au rendez-vous. Aussi la “nouveauté” de la journée, comme nous l'a affirmé un agent de la compagnie, consistait en la mise en place d'un vol supplémentaire sur Paris. Pour avoir une place, ceux inscrits sur la liste d'attente devaient payer un “plus” de 7 500 DA. “Je suis arrivé très tôt ici et je m'étais inscrit sur la liste d'attente comme hier et avant-hier. Avec ce vol supplémentaire, et étant prêt à payer, je m'attendais à avoir ma place d'office. Eh bien non ! On nous a dit qu'il y avait un vol supplémentaire, et tout de suite après, on nous informe qu'il était complet. Tout se fait en catimini ici et sans maârifa et tchipa tu ne peux rien faire”, nous dira un jeune homme qui nous dira qu'il était à la recherche d'une place sur Paris depuis cinq jours. Au niveau du port, le brouhaha était au rendez-vous. En nous approchant de la foule entassée devant l'entrée, les voix s'élevaient de toutes parts pour réclamer, que ce soit avec les agents de la police ou encore les agents de Algérie Ferries. “Qu'on nous dise au moins ce qui se passe ! On ne sait même pas s'il y a encore des places sur le bateau ou non”, nous dira un jeune, dans un français avec un fort accent kabyle. Il nous précisera que les problèmes d'embarquement au niveau de l'enceinte portuaire ne concernaient que les voyageurs qui vont rentrer avec leurs voitures. “Les piétons sur la liste d'attente ne trouvent aucun problème pour trouver une place. Par contre, ceux avec des véhicules subissent un véritable calvaire”. Un autre Beur nous dira qu'il est venu rendre visite à sa famille aux Issers. “Pour rentrer en Algérie, j'ai dû payer 1 800 euros pour deux personnes en plus de la voiture. En ajoutant l'essence et le péage, j'ai déboursé plus de 2 000 euros bien avant de mettre les pieds ici. Maintenant que je dois rentrer, je me retrouve à attendre sous ce soleil de plomb sans que personne ne daigne nous expliquer la situation”. Que ce soit à l'aéroport ou au port, ces “séquences” sont pourtant loin d'être surprenantes. Chaque année, les mêmes problèmes se répètent sans qu'on daigne trouver des solutions qui, pour tout le monde, sont faciles à trouver. “C'est tout simplement une question de bonne gestion à l'amont de la période estivale”, nous dira un employé d'Air Algérie. Salim Koudil