La compagnie pétrolière nationale, à travers la Société de commercialisation SGC déjà active, ses participations dans des projets de centrales électriques, dans le terminal de regazéification de Reganosa et bientôt la réception du pipe reliant les deux pays, est en train de renforcer sa présence sur le marché espagnol. Le ministre de l'Energie a dû le constater sur place jeudi : les travaux du tronçon offshore du gazoduc Medgaz reliant directement l'Algérie à l'Espagne sont bien avancés. À bord du navire “Saipem 7000”, Chakib Khelil, a assisté à la pose dans les eaux profondes algériennes de tubes. “Saipem 7000” est un bateau spécialisé dans la pose de tubes dans les eaux profondes, dans ce cas à 2 160 mètres de profondeur. La compagnie italienne, qui s'attaque ainsi après la partie espagnole à la pose sous mer de 140 kilomètres de tubes relative à la partie algérienne, devant être achevée en 40 jours, est sur le point donc de boucler les travaux du tronçon sous-marin reliant Béni-Saf à Almeria sur la côte espagnole. Le gazoduc Medgaz devrait être opérationnel en juillet 2009. Il pourrait être réceptionné au début de l'année prochaine. Le projet se compose de cinq principaux chantiers : le tronçon onshore reliant Hassi-R'mel à Béni-Saf, le tronçon offshore d'une longueur de 210 kilomètres, celui reliant Almeria au réseau espagnol, les deux stations de compression de Béni-Saf et d'Almeria. D'une capacité de 8 milliards de mètres cubes de gaz par an destinés dans une première phase à alimenter le marché espagnol, l'infrastructure consolidera la présence de Sonatrach en Espagne. Sur ce volume, la société de commercialisation de Sonatrach SGC en Espagne déjà active doit distribuer 3 milliards de mètres cubes de gaz algérien sur ce marché par an. Le restant sera livré par la compagnie pétrolière nationale aux partenaires de Sonatrach dans le projet : les espagnols Cepsa, Iberdodrola (20% chacune) et Endesa et Gaz de France (12% chacune). Sonatrach détient dans ce projet une participation majoritaire de 36%. D'un coût de 900 millions de dollars, l'ouvrage participe à l'augmentation des exportations de gaz de l'Algérie et à la sécurisation de l'approvisionnement en énergie de l'Europe. Il devra contribuer à atteindre l'objectif d'exportation de 85 milliards de mètres cubes par an de gaz fixé à l'horizon 2011-2012. Sonatrach alimente déjà la péninsule Ibérique avec un volume de 11,5 milliards de mètres cubes par an via le gazoduc Duran Farell reliant l'Algérie à l'Espagne à travers le Maroc (9 milliards de mètres cubes par an à l'Espagne, 2,5 milliards de mètres cubes au Portugal). Elle a une participation de 10% dans le terminal de regazéification de Reganosa en Galice au nord de l'Espagne. Elle doit livrer 1 milliard de mètres cubes de Gnl algérien par an à ce terminal. Par ailleurs, en signant une alliance avec la portugaise EDP, elle détiendra une participation de 25% dans une centrale électrique en construction en Espagne. Mais ce qui pourrait donner une plus grande dimension à la présence de Sonatrach en Espagne, c'est bel et bien l'extension du gazoduc Medgaz vers l'Europe via la France. Des discussions avaient été entamées avec Total puis avec Gaz de France à ce sujet. Ce projet pourrait être encouragé à la faveur de la politique de diversification énergétique de l'UE, voire dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée. On n'en est pas encore là. Reste d'abord dans le court terme à achever les travaux du gazoduc. Puis à s'imposer comme acteur non négligeable dans la distribution directe du gaz algérien en Espagne. N. Ryad