Si la gestion de Sonatrach comporte de nombreuses insuffisances qu'elle veut corriger — si on suit les signaux lancés tour à tour par le ministre de l'énergie et le P-dg de Sonatrach au cours de la rencontre — il n'en demeure pas moins que son parcours le plus récent est émaillé de succès qui font de la pétrolière algérienne un groupe reconnu par les plus grandes compagnies pour ses performances et son rôle de leader sur le marché du gaz. La surprise est venue à la clôture de la manifestation de la présentation par le vice-président de la division internationale de Plus Petrol, M. Moons, du projet de Camisea. Si complexe et dans un environnement si difficile que Shell, la seconde compagnie pétrolière dans le monde, avait fini par abandonner. Cette dernière a investi environ 50 millions de dollars dans le projet avant de jeter l'éponge. Sonatrach s'est retrouvée dans le projet grâce au lobbying de Khelil, le ministre de l'énergie. Plantons le décor. Le gisement de Camisea se trouve en pleine jungle péruvienne ! Il recèle environ 300 milliards de m3 de gaz et 600 millions de barils de liquides (Gpl et condensat). Soit beaucoup plus que le gisement d'In-salah, l'un des plus importants projets en partenariat de Sonatrach en Algérie. Qui de surcroît n'accumule pas de liquides. Sonatrach a une participation de 10% dans le gisement de Camisea. Elle fait partie d'un consortium constitué en vue de l'exploitation du champ. Y sont associées la firme argentine Plus Petrol, la compagnie américaine Hunt Oil, la sud-coréenne Sk… Le projet comporte deux pipes : un gazoduc et un oléoduc. Le premier est destiné à acheminer le gaz de Camisea sur une longueur de 500 kilomètres vers la capitale péruvienne Lima. Les travaux sont achevés. La première livraison de gaz à la ville est prévue en août et va coïncider avec la fête officielle péruvienne. C'est une prouesse technique de Sonatrach et de ses associés dans les pipes. Le gazoduc part de la jungle péruvienne, remonte jusqu'à une hauteur de 4 000 mètres puis redescend jusqu'à 1 600 mètres. Un oléoduc achemine 50 000 barils/jour de Camisea à Pisco sur la côte péruvienne, d'où il est exporté vers les marchés étrangers. Le pipe est également achevé. Sonatrach détient dans les deux ouvrages une participation de 21%. Le gisement entrera en production en août. Sonatrach a reçu par anticipation ses premiers revenus en devises de sa participation aux deux composantes du projet. C'est le premier projet de Sonatrach bouclé dans l'amont à l'international. Autre communication majeure : les perspectives du marché gazier international pour Sonatrach du brillant vice-président de la compagnie nationale chargé de la commercialisation, M. Hached. Ce dernier souligne le caractère d'acteur global de la compagnie nationale à travers une présence plus accrue à l'international (Espagne, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Pérou…) À travers, entre autres; l'acquisition de nouvelles réserves à l'étrangers (cas du Pérou), l'accès aux points d'entrée des marchés du gaz (Grande-Bretagne : terminal de regazéification d'Isle of Grain, Espagne : Reganosa…), le renforcement de sa flotte maritime pour l'accès notamment aux marchés lointains. M . Hached a également souligné la forte croissance d'ici à 2020 de la demande en gaz en Europe, surtout en Espagne, aux Etats-Unis, d'où l'accélération des autorisations pour la réalisation de terminaux de regazéification dans ce pays, en Asie du sud-est, outre du Japon et de la Corée du sud, de la Chine et de l'Inde. La Grande-Bretagne connaîtra, elle, un déclin de sa production de gaz . Elle sera importateur de 14 milliards de m3 de gaz en 2010. L'Algérie, à travers l'accord Sonatrach-Bp sera parmi les premiers à pénétrer le marché britannique en 2005. C'est ce qui ressort de la communication du représentant de BP. Cette avance de Sonatrach de trois ans sur d'autres concurrents sur le marché britannique, tels que les compagnies du Qatar et de l'Egypte, sera difficile à préserver, laissera entendre M. Hached. Illustration parfaite des efforts colossaux que le groupe devra consentir pour consolider sa position parmi les premières compagnies dans le monde. N. R. De gros projets de partenariat en perspective - Au cours de la conférence de presse du P-DG de Sonatrach, M. Meziane, tenue jeudi à l'issue de la clôture de la semaine de l'énergie, il a indiqué que de grands projets de partenariat sont proposés ou soumis dans les prochains mois aux compagnies internationales : les gisements de gaz de Tinhert dans le bassin d'Illizi, la construction d'une nouvelle usine de GPL, la reconstruction de l'usine de liquéfaction de Skikda, la raffinerie de condensat de Skikda, les projets d'oléofines et d'aromates de Skikda. Il a souligné que 80% du personnel de Sonatrach fera l'objet de formations au cours des cinq prochaines années. - Une joint-venture entre Sonatrach et la firme allemande Linde vient de naître jeudi pour la commercialisation à l'international de 50% de l'hélium qui sera produit dans l'usine de Skikda, en partenariat avec la même société germanique. - Le ministère de l'Energie a en projet la création d'une agence de régulation dans le segment distribution des carburants, en vue d'assurer une concurrence loyale entre Naftal et les autres intervenants dans le créneau, a confié un responsable de ce département. Le secrétaire général du même ministère au cours de la conférence de presse, a indiqué que les chantiers au cours du quinquennat dans le domaine sont la promulgation de tous les textes d'application, en particulier dans la distribution de l'électricité et du gaz, la création des agences de régulation prévues dans les lois de l'électricité et des mines. La distribution des carburants sera réorganisée (organisation du marché, fiscalité, prix). N. R.