En quête d'un premier sacre, l'entraîneur du Milan AC, Carlo Ancelotti, retrouvera un maître en la personne de Marcelo Lippi, son homologue, déjà consacré, de la Juventus, en finale de la Ligue des champions de football, aujourd'hui à Manchester (18h45 GMT). A Turin, Lippi, 54 ans, toujours tiré à quatre épingles sur le banc, est une idole. Son flegme fait merveille auprès des bouillants Tifosi qui s'époumonent à scander son nom. Au même titre qu'un Giovanni Trapattoni dans les années 1980, la marque laissée par le Toscan est d'ores et déjà indélébile avec 5 scudetto et 1 Ligue des champions depuis 1994. Après une carrière de joueur discrète, en majeure partie à la Sampdoria Gênes (1962-1979), Lippi s'est patiemment imposé comme un des techniciens les plus réputés du monde, se “faisant la main” à l'ombre d'équipes modestes (Pontedera, Sienne, Pistoiese, Carrarese, Cesena...) avant d'éclater sous le soleil de la Juve. Très exigeant, rigoureux, Lippi dirige son équipe avec une poigne de fer. Mais plus encore que ses séances d'entraînement qui sont décortiquées et la fascination qu'il exerce sur les plus grands joueurs (Zidane en tête), le rusé Toscan est un maître tactique. “Lippi m'a bluffé, déclarait ainsi Michel Platini après le quart de finale retour de C1 contre le Barça (2-1 a.p.). Il a vu les changements qu'il fallait faire au moment où il le fallait. C'est l'élégance, c'est l'Italie.” “Nous savons gérer les situations, s'était félicité Lippi, dont les changements et remplacements avaient écœuré les Catalans. On est souvent plus efficace que spectaculaire. Nous sommes pragmatiques.” Pourtant l'histoire d'amour entre la Juve et Lippi a connu une parenthèse. En février 1999, en froid avec ses dirigeants, il avait préféré démissionner (il reviendra en 2001) pour se faire remplacer par... Carlo Ancelotti. Mais Ancelotti, 43 ans, n'a pas su séduire la Vieille Dame. Il n'a jamais trouvé grâce auprès des Piémontais en deux saisons et demie, nonobstant deux places de vice-champion. “Un porc ne peut entraîner la Juve”, avaient même écrit les plus farouches supporters de la Juve lors de son arrivée. Aujourd'hui en Lombardie, Ancelotti, qui n'a jamais rien gagné de prestigieux comme entraîneur, est en passe de s'imposer auprès des supporters Rossonero. En début de saison, le Milan a renoué avec son passé en pratiquant un jeu spectaculaire. Mais la saison décevante de Rivaldo, conjuguée aux blessures affectant ses attaquants, l'a obligé à adopter un système beaucoup plus prudent ces dernières semaines. Lippi, fort de son expérience internationale, ainsi que du soutien de Sir Alex Ferguson, part avec les faveurs des bookmakers. Mais, Ancelotti, comme lorsqu'il était joueur, a toujours su se sortir avec efficacité des situations les plus délicates.