Quarante-trois écoles sont fermées dans la wilaya de Tizi Ouzou. La démographie scolaire est en baisse. Ils sont quelque 82 237 élèves à rejoindre le cycle primaire contre 110 434 l'année dernière. Le nombre d'enseignants en surnombre avoisine le millier. Le phénomène des écoles primaires qui ferment prend de l'ampleur dans la wilaya de Tizi Ouzou. C'est au milieu des années 1990 que ce phénomène a fait son apparition en Kabylie, particulièrement à Tizi Ouzou. Aujourd'hui, il a été enregistré pas moins de 43 établissements à avoir fermé faute d'élèves. À l'échelle nationale, ce sont 1 600 écoles primaires qui sont fermées pour les mêmes raisons. Tizi Ouzou, qui présentait, il n'y a pas longtemps, une forte densité de la population soutenue par un taux de natalité exponentiel, enregistre depuis quelques années un recul sensible de la démographie scolaire. Ainsi, 43 écoles primaires sont fermées cette année sur un total de 690. Quelque 82 237 élèves sont attendus pour la rentrée, soit 28 197 de moins que l'année passée où leur nombre était de 110 434. Première conséquence de la fermeture des écoles, près d'un millier d'enseignants se sont retrouvés en surnombre dans le cycle primaire. La direction de l'éducation de Tizi Ouzou a affecté 128 PCEF dans les collèges, car le moyen a connu, lui, une certaine pression avec l'arrivée de deux contingents d'élèves, ceux de 5e et 6e. Les autres enseignants seront dispatchés sur les divisions pédagogiques, sinon ils seront mis à la disposition de l'académie pour tout éventuel redéploiement. Dans le cadre du préscolaire par exemple, au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, les coupes opérées dans les effectifs scolaires diffèrent d'une région à une autre. Azzefoun, Bouzeguène et Aïn El-Hammam détiennent la palme de la fermeture des écoles primaires. Dans la daïra d'Azzefoun, on a enregistré, en effet, 13 écoles fermées, dont 6 au chef-lieu de la commune. Même les écoles qui ne sont pas fermées connaissent des effectifs très faibles. C'est le cas par exemple des écoles d'Illilten dans la daïra d'Iferhounène, une daïra qui a enregistré la fermeture d'une centaine de classes. Des écoles, qui avaient deux divisions de 40 élèves par niveau, se retrouvent aujourd'hui avec des classes de moins de 20 écoliers avec, bien entendu, la réduction du nombre de classes. Mais le cas des écoles de deux villages, Taghzout et Iheddadène, illustre mieux le phénomène de la baisse de la démographie scolaire. En effet, auparavant, ces écoles enregistraient en première année une vingtaine d'inscrits tout au plus. Mais voilà qu'aujourd'hui, seuls 4 à 6 élèves sont inscrits en première année et ce, tous les deux ans, voire trois. Ce qui pousse les responsables à réfléchir à fermer ces établissements, quitte à envoyer les élèves déjà inscrits dans les écoles des autres villages. Décroissance démographique Mais certains directeurs d'école veulent visiblement sauvegarder l'espace scolaire avec tout ce que cela représente comme symbolique pour l'espace villageois et l'imaginaire des enfants. Pourtant la réglementation exige un minimum de 14 élèves pour ouvrir une division pédagogique. Pour maintenir les écoles ouvertes, on a dû recourir à toute une gymnastique. “Ces écoles seront fermées tôt ou tard”, nous informe une source proche de l'académie. Dans les daïras d'Ath Yanni et Ouacifs, c'est le même topo : 6 écoles sont fermées depuis des lustres. Dans ces communes du Djurdjura, les écoles accueillent les nouveaux inscrits en première année tous les deux ans. Les divisions pédagogiques enregistrent un effectif oscillant entre 12 et 14 écoliers, dont des élèves de 5 ans destinés, en principe, au préscolaire. Et c'est ainsi que l'on se retrouve avec des établissements de 3 divisions au lieu de 6 et, par-dessus tout, des divisions clairsemées. Cette méthode pose un vrai problème pédagogique : les responsables sont contraints de faire passer tous les élèves en classe supérieure. Car si on fait doubler un élève, il faudra deux ou trois années pour constituer un même niveau. D'autres écoles ont été fermées ailleurs dans la wilaya. À Ouguenoun, elles sont trois écoles à être fermées depuis des années, dont deux dans la commune d'Aït Aïssa Mimoun. Il s'agit des écoles de Dhalout et Aït Brahem. Dans la daïra de Boghni, on a fermé déjà deux écoles pour effectif insuffisant. Il s'agit des écoles de Larbaâ et de Mahban. Mais celle de ce dernier village a rouvert ses portes depuis l'année dernière. Nombre de facteurs concourent à cet état de fait. La dénatalité y est certes pour beaucoup dans ce rétrécissement du nombre d'écoliers, mais pas seulement. L'exode rural, l'émigration des jeunes, le chômage et le recul de l'âge du mariage, ainsi que la crise du logement contribuent de diverses manières à la diminution de la population scolaire. Il va sans dire que le phénomène s'explique également par la mauvaise planification de l'administration en charge de ce dossier. Une planification qui ne semble pas tenir compte du mouvement de la population. À la longue, ce phénomène de décroissance démographique ne manquera pas d'affecter les cycles moyen et secondaire. Et, vraisemblablement, l'université et le monde du travail, par ricochet. Ce qui renseigne sur le vieillissement de la société, un processus dont on ne se rend visiblement pas compte. Yahia Arkat