Journée de canicule, du côté de Zemmouri. Le spectacle était infernal. Autour, un paysage lugubre de relief où alternaient les étendues brûlées et celles qui attendaient l'assaut des feux. Le vent capricieux promène des flammes qui parfois devenaient immenses et s'élevaient haut dans un ciel auquel le mélange des couleurs de la fumée et de la poussière emmenée par le sirocco donnait un ton glauque. Les flammèches, que les rafales d'un vent louvoyant colportaient d'un point à l'autre, se chargeaient de démultiplier les foyers d'incendie, obligeant les intervenants qui tentaient de circonscrire le sinistre à d'harassants chassés-croisés. Là où les secours n'arrivent pas, les populations, à jeun, étouffaient dans ces atmosphères de vapeurs, mais s'efforçaient de sauver ce qu'elles pouvaient de leur maison ou de leurs biens. Ce genre de tableaux funestes qu'on pouvait contempler, avant-hier, du côté de Zemmouri, pouvait s'observer, au même moment, dans plusieurs régions du territoire national. C'est une véritable catastrophe, en effet, qui s'est abattue sur le pays depuis lundi, même si le flegme des autorités centrales prouve, encore une fois, qu'elles prennent rarement à temps la mesure des sinistres qui éprouvent les Algériens. Pendant que Bab El-Oued se noyait, l'Assemblée nationale continuait studieusement sa plénière, et l'on a mis des heures à situer l'épicentre, et la gravité du séisme de Boumerdès. Deux jours durant au moins, des wilayas, comme El-Kala, Béjaïa, Boumerdès et Tizi Ouzou, et d'autres, ont enduré l'épreuve dévastatrice du feu. À ce propos, l'idée que ces incendies sont une nécessité sécuritaire appelle, d'ailleurs, des clarifications formelles, avant que la population ne soit convaincue qu'on fait fi de sa sécurité et de celle de ses biens sur l'autel d'une tactique discutable pour ses “dommages collatéraux” En tout état de cause, en pareilles circonstances, l'on peut surtout mesurer l'insuffisance des moyens de protection civile. Ce n'est pas par manque de mobilisation, en effet, que les incendies, favorisés par une faune asséchée de fin d'été et un vent chaud et versatile, ont pu durer et ravager des centaines d'hectares. Malgré la contribution des gardes forestiers et les employés de l'hydraulique qu'on ne remarque pas toujours, malgré la mobilisation de fonctionnaires locaux, d'élus et de citoyens volontaires, les hommes de la Protection civile, à la peine sans discontinuer, étaient dépassés par la profusion de foyers de sinistres et la rapidité de leur extension. Les faits forcent le constat : il y a une réelle carence de gestion des catastrophes. Ni en termes organisationnels, ni en termes d'équipements, peu de signes de prévoyance étaient notables. À peine peut-on apprécier les efforts des hommes qui tiraient ce qu'ils pouvaient de leurs moyens sommaires au vu de la gravité du danger. Quand on pense qu'on fait régulièrement la publicité d'acquisitions renouvelées de matériels de répression et de maintien de l'ordre ! Quand on pense que la direction centrale de la protection était récemment enlisée dans un scandale de commande douteuse de moyens mécaniques ! Si du côté de Boumerdès, une “habituée” des catastrophes, on ne ressent pas les effets d'un plan virtuel Orsec, où pourrait-on en admirer un ? M. H. [email protected]