Cernée de toutes parts par les incendies, la ville de Béjaïa a vécu hier une journée particulièrement éprouvante en raison de la canicule et des nombreux incendies qui se sont déclarés dans sa périphérie immédiate et dans les nombreuses montagnes qui l'entourent. Béjaïa. De notre bureau En effet, pas moins de 16 foyers d'incendies se sont déclarés presque simultanément hier. Au total, près d'une quarantaine d'incendies ont été enregistrés ces deux derniers jours à travers la wilaya de Béjaïa, d'est en ouest, du nord au sud. Une vingtaine de ces feux ont été jugés « importants » par les éléments de la Protection civile qui se sont retrouvés à combattre, sur plusieurs fronts, des flammes attisées par un vent particulièrement chaud et violent. Melbou, Djebel L'hit, Oued Afalou, Djebira, Iryahen, Imezzayen, Sidi Boudrahem, Boulimat, Boukhelifa, Tichy, Oued Ghir, El Kseur, Semaoun, Aït Smaïl, Ilmathen, Mahfoudha, Beni Ksila, Adekar et Bourbaâtache sont quelques-unes des localités qui ont vu leurs champs et leurs forêts partir en fumée. Des feux se sont déclarés dans la banlieue de la ville de Béjaïa, à Iryahen, non loin de l'aéroport, et à Ihaddaden Oufella. Une grande partie de la forêt des Mezaïa, qui surplombe la ville de Béjaïa côté ouest, a brûlé, à l'instar de Boukhiyam, Bouiche et Ighil Bouzelmat. Plusieurs familles réfugiées chez elles se sont retrouvées cernées par les flammes. La ville de Tichy, la commune de Boukhelifa ainsi que la montagne des Ath Bimoun ont également été sérieusement touchées par de nombreux sinistres. La célèbre station balnéaire a vu une grande partie de cette ceinture verte partir en fumée. A Taourirt Larbâa, un village situé non loin de Oued Ghir, des citoyens ont abandonné leurs foyers devant l'avancée menaçante des flammes. Les pompiers ont fourni des efforts surhumains pour venir à bout des incendies et surtout protéger gens et habitations. Fort heureusement, aucune victime n'est à déplorer, selon des citoyens joints par téléphone, mais de beaucoup de maisons ont été dévorées par les flammes. Dans la commune de Kendira, l'incendie de Bourachid qui a dévoré près de 200 ha d'essences forestières et d'arbres fruitiers a nécessité plus de 35 heures d'opérations pour arriver à le circonscrire. La canicule qui sévit depuis le début de la semaine faisant monter le mercure à des pics rarement atteints et la négligence humaine ont été les facteurs déclenchants de ces départs de feu qui ont touché la plupart des 52 communes que compte la wilaya. Pour rappel, la forêt et le maquis couvrent 122 500 ha des 322 348 ha qui constituent la superficie globale de cette wilaya montagneuse. La journée d'hier a été terriblement éprouvante pour les soldats du feu dont les différentes unités, appuyées par la colonne mobile de lutte contre les incendies, se sont déployées sur le terrain. Le chef-lieu de wilaya n'a pas été épargné par cette situation infernale. Poussées par les vents dominants, les colonnes de fumée ont fini par obscurcir le ciel rougeoyant de la capitale des Hammadites, rendant l'air irrespirable. D'ailleurs, en fin d'après-midi, les rues étaient devenues désertes et la circulation s'était considérablement raréfiée, alors qu'une pluie de cendres s'abattait sur certains quartiers de la ville, rendant l'atmosphère insupportable pour les personnes âgées et les asthmatiques. Fuyant la chaleur et les incendies, les Béjaouis ont pris d'assaut les plages bondées. Cependant, malgré la situation exceptionnelle que vivait hier Béjaïa, vu l'ampleur et le nombre des incendies, les autorités locales n'ont pas jugé utile de créer une cellule de crise ni de déclencher le plan Orsec. Seul le CCO (centre de coordination des opérations) de la Protection civile coordonnait le travail des unités d'intervention sur le terrain, aidées, il est vrai, par les autorités locales, des volontaires, les éléments de la conservation des forêts et les citoyens. Selon le capitaine Soufi, de la direction de la Protection civile de Béjaïa, que nous avons joint par téléphone, il est fait état, en toute fin de journée, de 16 incendies, dont 13 n'ont toujours pas été maîtrisés, et de plus de 400 ha de forêts, de maquis et de broussailles brûlés.