Jeudi dernier, soit le dernier jour de souk avant la rentrée scolaire de samedi, le grand marché hebdomadaire de Collo n'a pas connu l'effervescence des grands rendez-vous. Sur les allées consacrées aux effets vestimentaires et aux fournitures scolaires, la fréquentation a été jugée moyenne par rapport aux attentes liées à l'événement. Au niveau du Stade Saouli-Bachir, qui abrite, lui, la partie fruits et légumes du souk, l'animation est faible par rapport à celle des jours de Ramadhan. À quelque pas de l'avenue Si-El-Hocine, même constat chez les poissonniers de la ville. La demande est au plus bas. “C'est vrai que d'habitude, les gens consomment moins de poisson durant le Ramadhan, mais, là, on est devant une quasi-absence d'acheteurs.” Cette récession a entraîné avec elle une véritable chute des prix des fruits et légumes et des produits carnés. Même le poisson est devenu abordable. Si la sardine est toujours cédée entre 60 et 120 dinars le kilo, le poisson blanc est proposé à moins de 400 dinars le kilo. Cette situation qui fait le bonheur des consommateurs met à rude épreuve la filière pêche à Collo qui voit ses revenus sensiblement diminuer. Dès le début du mois sacré, la population locale n'a pas cessé de maudire ceux qui se sont amusés à embraser le massif. Encerclée par les feux, Collo est ses dechras étouffent et le nombre des malaises enregistrés chez les personnes âgées et les enfants en bas âge est alarmant. Sur les causes de ces feux, la population est partagée. En effet, pour certains qui se rappellent de la décennie 1990, la piste criminelle (pilleurs de liège, terroristes, riverains en quête de défrichement… ) est privilégiée à tort ou à raison. En tout cas, à Collo, tout le monde en parle et participe à un débat qui s'est invité dans les discussions des veillées ramadhanesques. Les seuls absents sont les avis des fameux ingénieurs forestiers, notamment ceux qui se sont lancés dans la politique et qui sont dépourvus et du courage et de l'éthique d'éclairer l'opinion publique locale sur le phénomène. À quoi servent les élus quand ils ne s'expriment même pas sur les thèmes d'actualité touchant leurs domaine de formation ? Ville du Nord, dotée d'un important barrage, celui de Bani Zid, Collo a encore soif ce Ramadhan. Les quartiers les mieux lotis sont alimentés à raison d'un jour sur trois et pour quelques heures seulement. Jeûne, chaleur tropicale à cause de l'humidité, poussières et déficit en eau sont les ingrédients du cocktail du Colliote qui se dit déçu des promesses des uns. Sa déception devient grande, quand il découvre qu'au moment où sa ville se “douarise”, des ex-“lieux-dits” prospèrent. Sur un autre volet, le collège du RCD au sein de l'APC de Collo entame depuis quelques jours des sorties nocturnes dans les cafés de la ville pour essayer de discuter avec les jeunes des problèmes de la cité. L'APC, majoritairement RCD, défend son bilan et invite la population à ne pas écouter ses détracteurs. L'initiative d'aller vers le citoyen et d'instaurer une sorte de tchache politique autour de thés et de confiseries est louable. Elle est fortement saluée par plusieurs habitants de la ville qui se disent, toutefois, ne pas comprendre le peu d'empressement de la population à y prendre part. Mourad KEZZAR