Photo : S. Zoheir De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur A Tlemcen, et à l'approche de l'Aïd El Fitr, une intense activité s'empare déjà des souks hebdomadaires. La fête religieuse faire, offre l'occasion de fructifier l'activité commerciale dans cette région.L'Aïd El Fitr est l'une des deux grandes fêtes canoniques de l'islam. Elle a lieu le 1er du mois de chawal du calendrier hégirien, clôturant le Ramadhan. C'est un jour de recueillement et de piété. On va à la mosquée suivre la prière de l'Aïd. C'est aussi le jour du grand pardon : dès la fin de la prière, on se donne l'accolade et on se pardonne mutuellement les torts qu'on a pu se faire. Autrefois, même les pires ennemis se réconciliaient le jour de l'Aïd, d'où, pour désigner l'accolade, le terme de «maghfira» (se pardonner les offenses). A Tlemcen comme ailleurs en Algérie, cette fête donne lieu à de grands repas au cours desquels on consomme beaucoup de viande. On fait également des pâtisseries ; autrefois des beignets, des crêpes, des makroutes et, aujourd'hui, des gâteaux aux amandes, de plus en plus sophistiqués. On se rend visite, et c'est aussi l'occasion de recevoir des parents, notamment les filles mariées. Le rite caractéristique est la visite au cimetière. Selon une tradition répandue dans de nombreuses régions, il faut s'y rendre avant le lever du jour. Les âmes des morts, dit-on, reviennent ce jour-là pour communier avec les vivants. Les enfants et les femmes s'enduisent les mains de henné et portent des vêtements neufs.Malgré la frénésie qui s'est emparée des pères de famille, devant un Ramadhan où les prix des denrées et des fruits et légumes ont brûlé les doigts des consommateurs, la rentrée scolaire en a laissé plus d'un endetté face aux faramineuses dépenses, à savoir achats de fournitures scolaires et de vêtements.La situation a été pénible et inquiétante pour les bas salaires pour satisfaire les enfants, nombreux et scolarisés. Déjà, on constate l'achat des effets vestimentaires et autres affaires scolaires depuis la semaine dernière. Pour les parents sans ressources, les friperies sont les seuls lieux pour dénicher une bonne occasion. A Tlemcen, il existe des milliers de familles qui trouvent des difficultés à surmonter les échecs ou joindre les deux bouts. Si l'on se réfère aux statistiques de l'année écoulée, on constate pas moins de 14 000 écoliers nécessiteux, et que dire pour cette année ? Même si le taux de pauvreté a baissé dans certaines localités du pays, à Tlemcen, nombreux sont ceux qui vivent dans la misère. Certains ne peuvent même pas s'acheter du pain. C'est une réalité que les responsables doivent accepter car réelle et ils le savent. Les statistiques du Croissant-Rouge en sont des preuves tangibles. Le pouvoir d'achat constitue, cependant, un vrai domaine à améliorer, pour offrir une bouffée d'oxygène à cette frange de la population. Dans la région, il existe toutes formes de précarité et de pauvreté, Pourtant, le pays dispose aujourd'hui de ressources suffisantes pour vaincre cette pauvreté. La mendicité bat son plein ; les associations caritatives tentent de soulager la souffrance de ces citoyens, et le C-RA également. Mais cela n'empêche pas de dire qu'à Tlemcen et dans toute sa région, à l'approche de la fin du Ramadhan, la générosité qui se manifestait sur les tables de l'iftar fait place à un grand intérêt pour les vêtements de et l'achat de gâteaux et autres produits afin de célébrer l'Aïd El Fitr. Désormais, les dépenses des produits nécessaires pour les gâteaux et les vêtements de l'Aïd viennent en tête de liste pour tout chef de famille.Lors des virées à travers les marchés et les souks, on constate des encombrements devant les magasins de prêt-à-porter pour enfants. Les familles sont habituées à célébrer l'Aïd El Fitr avec des vêtements neufs, outre les gâteaux et les friandises achetés ou confectionnés à la maison et destinés aux visiteurs durant cette journée de «maghfira». Déjà, des commerces informels d'effets vestimentaires s'érigent exposant des marques made in Morocco, ou des effets neufs provenant de Syrie, de France, etc. Sur les lieux, on peut trouver toutes les marques de chaussures de sport, des parfums, des vêtements pour hommes et pour femmes, mais la plupart sont des contrefaçons proposées à des prix bas.Ce qui caractérise également cette fin du mois sacré, c'est la ruée vers les magasins de friandises qui regorgent, eux aussi, de clients venus acheter autant de pâtisseries, «qaak, griwech, mekroute», pour garnir leurs tables le jour de la fête de l'Aïd. A cela s'ajoute la pratique plus traditionnelle de la préparation des gâteaux à domicile, d'où les odeurs exquises qui se dégagent juste après le ftour.A la veille de l'Aïd, une ambiance particulière est déjà constatée, c'est le signe de la fin du mois sacré. Bonne fête à tous !