Bureau de poste, sortie de banque ou de pharmacie, souk des fruits et légumes, gare routière, rues à grande circulation piétonne, tous les endroits où l'action caritative est susceptible d'être titillée sont littéralement squattés. Au chef-lieu de wilaya en particulier, mais également au niveau du moindre centre urbain, quotidiennement, en ce mois de jeûne, des flopées d'énergumènes, des deux sexes et de tous les âges, sillonnent souk, artères et grands boulevards, en quête des âmes crédules et charitables. Bureau de poste, sortie de banque ou de pharmacie, souk des fruits et légumes, gare routière, rues à grande circulation piétonne, tous les endroits où l'action caritative est susceptible d'être titillée sont littéralement squattés. Relativement “soulagée”, quelques mois durant, la ville a de nouveau été réinvestie par les mendiants, au sein desquels prédominent les professionnels de la main tendue. À la faveur du mois de Ramadhan, et du tout permis, le retour en force est partout remarquable. Accompagnées parfois d'enfants pour susciter davantage la générosité des passants au cœur peu tendre, des dizaines de femmes ont repris leur droit de cité à travers les grandes artères, les rues commerçantes, au sein des marchés et souk populeux, sur les places publiques et aux abords des organismes financiers de la ville. Concentrant toutes les sortes de fléaux, le chef-lieu de wilaya fourmille d'individus, bien famés et mal famés, dont la place n'est certainement pas dans la rue : des clochards, des vagabonds, des aliénés mentaux, parfois les trois en un, mais également des mendiants. Des mendiants, qui “n'habitent” pas la rue mais qui en font seulement un lieu de travail. Apparemment plus aisé que tout autre, le métier de mendiant ne requiert aucune référence d'âge, de sexe ou de formation. Certains en feront une véritable profession, avec ponctualité et dextérité. Il ne restait que l'organisation en syndicat ! Dans la corporation, on compte des enfants, des femmes, des hommes, des jeunes et moins jeunes, parfois des couples, parfois des mères avec enfants, venus d'horizons divers pour fondre dans l'anonymat que procure la grande ville. À l'instar des autres professions libérales, le “métier de la main tendue” a également été clochardisé, à tel point qu'il n'est plus possible de discerner celui qui y recourt par besoin et indigence réelle de celui qui en fait un apport financier d'appoint ou tout simplement une profession rentière sans mobilisation préalable du moindre capital ! Un métier “libéral”, sans impôts ni horaires fixes, particulièrement lucratif, peut-il y avoir meilleur emploi pour celui qui, manquant de pudeur, occulte superbement l'opinion des autres à son égard ? Tandis que certains se contentent d'avancer le bras timidement au passage des passants, sans même oser prononcer la moindre prière, d'autres n'hésitent point à hurler leur “souffrance”, réclamant la charité jusqu'à l'arracher, si ce n'est injurier le passant qui, par malheur, s'abstient de mettre la main à la poche. Le silence de l'Etat quant à l'application de la loi réprimant le délit de la mendicité n'a pas tardé à promouvoir le recours à la ruse, aux subterfuges et à l'abus de la confiance du passant crédule. “L'enrôlement” des enfants, innocents en est le comble dont on aura, à coup sûr, grande peine à enrayer. La DAS, qui s'est mise à la délicate tâche, semble préoccupée par d'autres missions de solidarité nationale qu'impose le Ramadhan. Et c'est pour cela que la mendicité a pris des proportions plus que jamais démesurées. M. O. T