Son parti a l'âge des deux mandats du Président, et voilà qu'il affiche déjà ses ambitions. Avec un humour qu'on ne lui connaissait guère jusque-là, Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA), dont le parti a créé la surprise en novembre 2007 lors des élections locales pour devenir la troisième force politique du pays — “propulsé”, diront les mauvaises langues — ne dissimule pas son ambition de succéder à Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême. À la question de savoir s'il “ne sera pas un lièvre” dans la future course à la présidentielle, Moussa Touati affirme qu'il sera plutôt “un acteur”. “Nous serons face à un rendez-vous qui détermine le destin d'un peuple. Ce n'est pas une compétition sportive pour jouer le lièvre. Nous partons comme des principaux acteurs !” a-t-il dit hier lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti, à Alger, confirmant ainsi de facto la participation de son parti au prochain rendez-vous électoral. “Je ne serai pas un lièvre, mais un chasseur !”, a-t-il ajouté, le sourire aux lèvres. Sa participation ne procède pas, suggère t-il, de la simple figuration autant qu'elle vise à proposer une alternative au pays. Un projet pour ainsi dire. “Le congrès (tenu en décembre 2007, ndlr) a arrêté une stratégie politique. Nous ne sommes pas de ceux qui fuient la responsabilité. Si on a présenté des candidatures aux élections communales et aux législatives, c'est essentiellement pour mettre en pratique notre programme. Donc, on va participer à l'élection présidentielle. Et on ne soutiendra personne. Mais n'anticipons pas les choses”, a t-il affirmé. De la révision de la Constitution, projet cher à Abdelaziz Belkhadem qui semble toutefois marquer le pas ces dernières semaines, le président du FNA réitère qu'il est hostile à son passage via les deux chambres parlementaires en raison du déficit de légitimité dont elles souffrent. “Il faut un référendum !”, a-t-il martelé. Moussa Touati dont le parti est présenté à tort ou à raison comme le clone du FLN, en raison notamment de ses penchants conservateurs, s'est félicité de ce que le Président ait reconnu son “échec” et ses “erreurs”. “Mais cela ne doit pas se corriger par des charges supplémentaires sur le peuple”, allusion aux mesures fiscales. “Il faut plutôt que les gens assument leurs responsabilités”. Cette affirmation ne doit pas pour autant cataloguer le parti d'opposant ou de proche de la coalition. Qualifiant de “fantaisiste” la dernière prime de scolarité, l'orateur a estimé qu'ajoutée à la pénalisation de la “harga” et aux dernières mesures fiscales, notamment celle sur l'achat du véhicule neuf, le pays se dirige vers “une explosion sociale”. Quant à la Charte sur la paix et la réconciliation nationale, M. Touati la trouve “bonne” mais, a-t-il ajouté, elle ne prend pas en ligne de compte le vrai problème, celui de la “crise de confiance”. “Qui va l'appliquer ?”, s'est-il enfin interrogé. Karim Kebir