Militant de la première heure de la cause des enfants de chouhada, Moussa Touati se trouve derrière l'existence des deux organisations, l'Onec et la Cnec. Après s'être rendu compte de l'inanité de cette forme de combat, mais aussi du fait qu'il faille se battre pour 30 millions d'Algériens et non plus pour les quelque 320.000 enfants de chahid encore en vie, Moussa Touati a donné naissance à un parti politique: le FNA. En deux années d'existence à peine, le parti a réussi le tour de force de se placer dans le peloton de tête en décrochant sept sièges au Parlement et plus de 500 autres dans les élections locales. Touati, déjà candidat à la présidentielle, n'ayant même pas besoin des 75.000 signatures, compte créer de nouvelles surprises, notamment dans le domaine des alliances lors du second tour. Invité de notre rédaction, il répond sans détour à toutes nos questions et développe des thèses pouvant passionner l'ensemble de nos lecteurs... Moussa Touati, président du FNA (Front national algérien), a estimé que «le départ de Benflis et son remplacement par Ouyahia ne sont que le début d'un plan savamment monté dans le but de préparer un second mandat en faveur du Président de la République». Aux yeux de M.Touati, «la dissolution de l'APN ne fait pas de doute», ajoutant souhaiter que la chose se fasse, ce qui, en réponse à une de nos questions, prouve que le «FNA ne craint pas de perdre ses sièges, mais compte, au contraire, obtenir jusqu'à une quarantaine de députés puisque lors des législatives de mai 2002 on nous a pris une vingtaine de sièges». Lors des élections locales, le parti a également souffert des dépassements de l'administration, ajoute Moussa Touati puisque «les décideurs nous ont supprimé pas moins de 120 listes ainsi que 300 candidats sous prétexte qu'ils portaient atteinte à l'ordre public». Pour Touati, revenant sur la crise actuelle, «le problème se pose d'abord au niveau de la Constitution algérienne qui permet au président de destituer ses chefs du gouvernement sans même justifier son acte, cela même si un droit de regard est accordé aux membres permanents du Haut Conseil de sécurité de l'Etat». Poussant son raisonnement plus loin, il ajoute, versant simplement dans la spéculation et la politique-fiction, Moussa Touati ajoute que «Ali Benflis voulait devenir président en se servant de son parti, le FLN, ce qui a gêné le Président Bouteflika». «Ce dernier cherche à s'allier les voix du FLN, ce qui est parfaitement légitime». Moussa Touati, qui connaît le système pour l'avoir autant fréquenté que combattu, pose la meilleure des questions: «Maintenant, il s'agit de savoir si Ali Benflis va garder son poste de secrétaire général du FLN après avoir perdu celui de chef du gouvernement? Le congrès extraordinaire, que les adversaires de Benflis oeuvrent à tenir dans les plus brefs délais, projetant même de ramener 3000 délégués afin de tenir des assises parallèles, ce congrès-là risque fort de sonner le départ de Benflis dans un coup d'Etat scientifique suivant une nouvelle version.» Moussa Touati indique, à l'appui de ses thèses, le fait que «les membres du FLN ne soient pas des militants, mais plutôt des fonctionnaires alors que ce parti n'a jamais cessé d'être un appareil au service de l'administration». Moussa Touati, qui pense que «les députés de ce parti défendront leur croûte au lieu de leurs idées, indique que déjà 80 élus négocient dans le but de se rallier au RND, ajoutant qu'il existe de sérieux déchirements au sein du FLN depuis que la crise a éclaté au grand jour entre Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis». Moussa Touati estime, en outre, que «même si le Président a le vent en poupe et que l'APN ne le gênera pas dans ses activités, il n'en compte pas moins la dissoudre afin d'aller vers des législatives anticipées avant la présidentielle». Ce projet, selon lui, «entre dans le cadre d'un deal conclu avec la nouvelle direction locale du FFS qui veut intégrer le Parlement et aider mieux et plus à résoudre la crise en Kabylie et de réduire l'influence du FLN au profit du RND et du FFS».