Dans un contexte marqué par une désaffection croissante pour les supports traditionnels, par la remise en cause de leur crédibilité, les ruptures technologiques (Internet, réseaux sociaux, téléphonie mobile) et la multiplication des sources d'informations, les médias entrent aujourd'hui dans une période charnière de leur histoire. Les épisodes en France, de la campagne référendaire européenne, en 2005, et celui, un an plus tôt, en Algérie, de l'élection présidentielle ont laissé des traces. Dans ces deux cas, les électeurs sont allés à l'encontre de la position défendue par les rédactions les plus puissantes, à la télé près pour le cas algérien. Les médias, dans les deux cas, se sont réveillés groggy au lendemain du vote, avant d'entamer pour les meilleurs d'entre eux une sérieuse remise en cause. C'est de cette remise en cause et de la recherche d'un rapport moins torturé à la politique que devrait traiter Fabrice d'Almeida, professeur à l'Institut français de presse durant la conférence, intitulée “Les médias font-ils l'opinion”, qu'il anime aujourd'hui au Centre culturel français. Ce docteur agrégé d'histoire et spécialiste des médias a dirigé l'Institut d'histoire du temps présent, travaillé au centre Marc-Bloch et signé de nombreuses contributions et articles. Il est l'auteur, avec Christian Delporte, d'une somme sur l'“histoire des médias en France de 1914 à nos jours (Flammarion, 2003) mais également, et c'est son ouvrage le plus connu, de “Images et Propagande (Casterman-Giunti, Reed 1998). Aujourd'hui, les médias doivent non seulement repenser leur modèle économique mais également renouveler leur rapport à leurs clients ou usagers. Plus prosaïquement, et notamment dans les pays comme le nôtre où la presse quotidienne nationale enregistre encore de bons scores, cela veut dire : redéfinir le contrat de confiance qui lie un titre à son lecteur. Mais cette redéfinition doit se faire à la lumière d'une analyse sérieuse et sans complaisance de ce que l'on appelle trop facilement “l'opinion”. En ce sens, une conférence, comme celle que proposent le CCF et Fabrice d'Almeida ne peut être que passionnante. R. A. “Les médias font-ils l'opinion”, par Fabrice d'Almeida, jeudi 18 septembre à 21 heures, au Centre culturel français.