Pour pouvoir s'adapter et gagner de futurs lecteurs sur papier ou sur internet, la presse mondiale s'intéresse de près aux habitudes des jeunes. Contrairement à une idée généralement admise, les grands lecteurs sont aussi de grands utilisateurs de technologie. Les jeunes, qui n'ont pas pris l'habitude de lire les journaux avant 24 ans, ont peu de chance de devenir des lecteurs. Les habitudes de lecture s'acquièrent donc pendant l'adolescence. Une étude du Centre pour la gestion des médias de la Northwestern University près de Chicago, menée auprès de jeunes de 17 à 22 ans au moment des élections américaines recense ce qui, sur un site d'informations, peut décourager les nouvelles générations. Trop de sujets en compétition pour attirer l'attention, sans hiérarchie, sur ce qui est le plus important, trop de détails, trop verbeux et trop de textes, mais pas assez de graphiques et d'images. Ce qui les attirent sont les pages bien organisées, bien hiérarchisées avec des titres courts, lisibles et synthétiques. L'impact du numérique concerne autant le contenu de la presse écrite que son usage par ses consommateurs. Contrairement à ce qui a pu être envisagé au départ, internet n'est pas seulement un nouveau mode de diffusion, mais aussi et surtout un nouveau média en tant que tel avec ses propres contenus et sa propre logique. Le temps consacré à la consultation d'internet réduit le temps disponible pour lire un journal, un magazine ou regarder la télévision. Alors que les médias traditionnels se structurent autour d'audiences de masse en cherchant à agréger un nombre de « récepteurs » le plus important possible, internet et les autres nouveaux supports, tels que le téléphone mobile, permettent une plus grande individualisation des usages. La place des médias numériques est particulièrement forte pour les jeunes générations en rupture par rapport aux comportements du reste de la population. Les 18-32 ans dominent la population globale comme la population internaute. Ceux nés entre 1965 et 1976 sont plus représentés sur le Net que « dans la vraie vie ». Les moins de 55 ans représentent ainsi 2/3 des internautes. Les 14-20 ans utilisent en premier lieu internet pour savoir ce qui est en vogue et trouver des informations de fond. En Algérie, certains éditeurs ont compris ces tendances et se sont jetés sur la Toile. Outre les sites de journaux à fort tirage (El Watan, El Khabar, El Chourouk), certains ont investi le Web. Deux sites ont attiré notre attention : www.mobilealgerie.com, le portail de l'actualité des télécoms en Algérie, et www.nticweb.com, le portail algérien des TIC. Ils tentent d'innover et d'apporter une valeur ajoutée, car ils sont conscients qu'il ne suffit pas d'être en ligne pour être visibles, compte tenu de la masse d'informations et de données disponibles sur le réseau. La première étape, celle des sites statiques, est déjà dépassée et c'est donc à l'étape suivante que la presse écrite, notamment en Algérie, doit se préparer. Cette nouvelle étape, qui a déjà commencé ailleurs, est celle de la généralisation des réseaux à haut, voire très haut débit, le développement de la téléphonie de 3e génération et la multiplication des formules participatives et interactives. Cela impliquera toujours plus de nouveaux contenus de plus en plus éloignés des articles de presse traditionnels et constamment renouvelés et actualisés.