L'histoire semble se répéter. Hier, à Zeralda, le patron du RND a mis fin à plusieurs mois de spéculation sur la révision de la Constitution et, par ricochet, de la probabilité d'une candidature de Abdelaziz Bouteflika. Ouyahia, c'est connu, n'est pas homme à lancer ses billes de façon aléatoire. Lorsqu'en décembre 2003, il avait annoncé le ralliement, avec armes et bagages, de son parti à la cause du président Bouteflika, nombreux parmi les observateurs de la scène politique avaient anticipé alors sur l'issue du scrutin. Un mandat plus tard, l'histoire semble se répéter. Avec cette fois une autre revendication, la révision constitutionnelle qui devrait sauter le verrou pour permettre au Président de postuler à un autre mandat. Hier, à Zeralda, le patron du RND a mis fin à plusieurs mois de spéculation sur la révision de la Constitution et, par ricochet, de la probabilité d'une candidature de Abdelaziz Bouteflika. “Il y a deux années et demie, j'avais dit que le débat sur la Constitution était surréaliste, car au lieu de consacrer plus d'énergie au développement, on en perdait dans la spéculation. Mais aujourd'hui, son moment est venu. Elle aura lieu”, a-t-il dit lors d'une conférence de presse, à l'issue de la tenue de la session ordinaire du conseil national du parti, le premier du genre depuis le congrès en juin dernier. “Bien sûr, a-t-il précisé, la révision est du ressort du Président, tout comme la candidature qui est une initiative personnelle, mais nous insistons pour la candidature et la réélection du Président.” Cette annonce d'Ahmed Ouyahia, qui s'exprimait en tant que premier responsable du RND — mais il ne faut pas oublier qu'il est aussi chef de l'Exécutif chargé de préparer le prochain scrutin — traduit le souci des autorités de couper court aux “affabulations”, pour reprendre sa propre rhétorique, et de mettre tous les concurrents sur le starting-block. “Sachez que certains ne dorment pas à cause des élections. Ils allument le feu en cachette. J'observe les chaumières qui s'agitent… J'insiste que la révision aura lieu pour couper court aux affabulations (…) J'espère qu'il y aura ceux qui se présenteront.” Ouyahia justifie le soutien de son parti à Bouteflika “par la récolte de celui-ci durant ses deux mandats”. C'est ainsi que “la machine électorale du parti sera mise à la disposition du candidat Bouteflika”, dit-il. Et de lancer une pique au FLN. “Il y a des gens sur la scène qui font la kermesse (…) Moi, je parle au nom d'une formation politique qui a droit à un choix. Nous nous reconnaissons dans une démarche et un programme. Nous ne revendiquons pas Bouteflika comme propriété.” Vers une révision par voie parlementaire Quand aura lieu cette révision ? Ouyahia qui dit n'être “le porte-parole de personne” a indiqué “qu'elle est proche” et a suggéré que la révision constitutionnelle passera par voie parlementaire. “Sur le plan de la forme, il y a une option qui s'éloigne vu la proximité de l'échéance et une autre qui se confirme”. Selon certaines sources, cette révision devrait avoir lieu la deuxième quinzaine d'octobre ou en novembre. Sur l'alliance présidentielle dont il n'a pas exclu qu'elle pourrait coordonner ses efforts en perspective des prochaines échéances, il a justifié la non-tenue de son sommet depuis plusieurs mois en affirmant que “chaque parti avait son agenda”. À la question de Liberté de savoir s'il n'y a pas risque d'assister à une élection fermée avec ce que cela suppose comme réactions au sein de l'opinion et à l'étranger, Ouyahia soutient que “les élections intéressent le peuple”. “Nous n'aurons pas des élections fermées. Je vous rappelle qu'en 1999, ils ont abandonné le match (les six candidats, ndlr). Certains disent aussi que le révision est kofr (péché) (…) Les conditions de transparence seront réunies. Cela dit, tant que vous ne reconnaissez pas Israël et que vous refusez d'accepter une base militaire, vous serez toujours classé au 4e collège”, a t-il dit. “Je suis comptable devant mon peuple”. Les terroristes travaillent pour des mains étrangères Ouyahia n'a pas manqué de réitérer sa condamnation des derniers attentats terroristes qui ont secoué plusieurs endroits du pays et endeuillé de nombreuses familles. Pour lui, qui plaide pour la poursuite de la lutte contre les “mercenaires du terrorisme international”, la réconciliation a permis l'émergence d'une démarche qui a “isolé les terroristes” et qui a aussi “déjoué les calculs sordides” nourris par le terrorisme international. “Je ne peux donner la date de sa fin, mais le terrorisme a été brisé. Ce qui l'a tué, c'est la réconciliation nationale.” “Je n'accuse pas des pays, mais le GSPC affilié à Al-Qaïda cherche de la publicité et travaille pour des étrangers. Le terrorisme que nous combattons aujourd'hui n'est pas une affaire interne. Est-ce qu'ils ont des ambitions de changement ? Est-ce qu'ils ont un programme ?” s'est-il interrogé. Economie : il n'y a pas de changement de cap À contre-courant des avis de certains observateurs qui relèvent quelques cafouillages dans les orientations économiques, Ouyahia soutient qu'il ne s'agit que “d'un affinement de la stratégie”. “Il n'y a pas de changement de cap, ni d'échec. Il y a une remise en cause de la méthode”, a-t-il affirmé. Ouyahia a cité les exemples des USA et de l'Allemagne où les autorités de ces pays, qui ne sont pas socialistes, sont intervenues pour défendre leurs entreprises. “Est-ce que vous avez vu des IDE venir en force ? Si on n'avait pas les trois Hassi, le FMI nous aurait imposé la privatisation de l'eau et du téléphone…” “C'est une lecture primitive que de dire c'est un échec”, a-t-il asséné. À noter que le conseil national du RND a procédé à l'élection du bureau national du parti. Composé de 16 membres, le bureau enregistre la reconduction de 9 anciens et l'arrivée de 7 nouveaux membres dont trois femmes. Alors que Salah Djenouhat, en disgrâce à l'UGTA, ne fait pas partie du nouveau bureau, l'essentiel des figures connues du parti se sont vues reconduites Il a dit aussi Crise des banques américaines “Ça a un impact sur les consommations. C'est quelque chose que nous devons prendre au sérieux.” APC bloquées “Celles qui ne veulent pas travailler, elles doivent être dissoutes. Nous avons une échéance importante qui pointe, donc nous nous donnerons un peu de temps, ensuite on verra…” Affaire H'mida Layachi-ambassade de France “Basiquement, je soutiens le journal de mon pays.” Augmentation des salaires des députés “Vous avez des entraîneurs qui touchent un million de dinars, des éditeurs qui touchent un demi-million de dinars (…) Mais je persiste à dire que des augmentations des masses salariales sans productivité, c'est le casse-pipe de l'économie.” EPLF “Le patrimoine des EPLF ne sera pas dissous. (…) Il y avait deux patrons d'EPLF plus puissants que des ministres, c'est pour ça que l'IGF a pointé son nez. Ils ont intérêt à ne pas trop se la faire. Et ce n'est pas une menace. Le patrimoine sera repris par l'Etat.”