La rencontre qui se tiendra en marge de l'Assemblée générale des Nations unies serait peut-être l'occasion de relancer le dossier de l'Africom, remisé au placard après le non affiché par Alger, notamment. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, ainsi que ses homologues tunisien, marocain et libyen sont attendus la semaine prochaine chez la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, pour un tour de table dont le menu principal reste l'inquiétude américaine affichée face à la recrudescence des attentats terroristes dans la région. La rencontre qui se tiendra en marge de l'Assemblée générale des Nations unies serait peut-être l'occasion de relancer le dossier de l'Africom, remisé au placard après le non affiché par Alger, notamment. Après sa tournée dans les pays du Maghreb, tournée dite “d'adieu” par les observateurs, et dévolue exclusivement à la lutte contre le terrorisme et le danger que représente l'organisation d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, Mme Rice remet les couvercles en invitant les ministres des Affaires étrangères des pays du Maghreb à une réunion, en marge des travaux de l'Assemblée générale de l'ONU, prévus la semaine prochaine. Si la présence de la Mauritanie n'a pas été encore tranchée, selon le porte-parole des Affaires étrangères américain, le menu de la rencontre risque fort de conduire vers une impasse. En effet, si le dossier des menaces terroristes d'Al-Qaïda dans la région de l'Afrique du Nord est à même de fédérer les participants, à leur tête l'Algérie, l'autre dossier relatif à la question du Sahara occidental apportera sans doute son lot de dissensions autour de la table de réunion. Rappelons que lors de son escale à Rabat, la diplomate américaine s'est fait “zapper” par le roi Mohammed VI qui l'a évitée pour ne pas avoir à aborder le sujet du Sahara avec elle. Malgré cet incident diplomatique, Condoleezza Rice a insisté, dans ses déclarations à la presse, sur la nécessité d'en finir avec ce problème. Moins de trois jours après sa tournée maghrébine, Christopher Ross, un vieux routier de la diplomatie américaine, est annoncé pour reprendre le processus de négociations entre le Maroc et le Front Polisario, pour une solution démocratique au Sahara occidental. Alger, qui a de tout temps épousé la légitimité internationale quant au traitement définitif de ce dossier, entend bien appuyer les démarches américaines pour peu qu'elles convergent vers le rétablissement des droits des Sahraouis. Sentant le danger, le lobby marocain aux Etats-Unis a décidé de “harceler” certains sénateurs connus pour leur sympathie à la cause sahraouie. Le but ? Leur faire changer d'avis. Pris dans une course contre la montre, Rabat fait actionner ses relais locaux dans une tentative de faire échouer la détermination des Américains à résorber ce problème ou, du moins, à gagner du temps en comptant sur une éventuelle présidence démocrate. Quant à la présence du représentant mauritanien à la réunion, elle reste tributaire de la realpolitik qui rendrait possible que les Américains acceptent de se réunir avec le ministre des Affaires étrangères mauritanien même si Washington ne reconnaît pas la légitimité du nouveau pouvoir de Nouakchott. Cependant, les dernières actions terroristes attribuées à Al-Qaïda au Maghreb islamique ont ciblé la Mauritanie, et ce point peut faire fléchir l'intransigeance des Américains. L'une des dernières en date a causé la mort de 11 soldats mauritaniens suite à l'attaque de Tourine, perpétrée le 14 septembre dernier. Quoi qu'il en soit, cette rencontre peut également n'aboutir qu'à des décisions “protocolaires” puisque l'administration Bush, sur le départ, n'a pas réellement de poids décisionnel en cette période de transition. Saïd Oussad