Le nouveau responsable fait face dès sa prise de fonction à un climat de méfiance et de suspicion doublé d'une gestion catastrophique, en plus de locaux exigus et étroits. Quelques mois plus tard, l'AWEM offre un autre visage : rigueur, discipline, disponibilité et affabilité sont les maîtres mots du personnel, surtout l'absence de heurts quotidiens entre les agents et les demandeurs d'emploi qui du temps de l'indélicate responsable étaient légion si bien que les services de sécurité avaient fort à faire pour apaiser les esprits. La réalisation d'un nouveau siège de l'agence confiée à la DLEP est en voie d'achèvement et sera un plus appréciable pour confronter les responsable dans leur mission, il faut dire que le courant passe plutôt bien entre les responsables de l'agence et ceux de la Direction de l'emploi condamnés à travailler ensemble pour lutter contre un chômage qui pose problème aux pouvoirs publics mais qui, néanmoins, n'est pas une fatalité. Certes des problèmes surgissent en raison de la lenteur dans le traitement des dossiers face à l'impatience des demandeurs d'emploi. Le wali de Tiaret a donné des instructions fermes à tous les membres de l'exécutif pour s'impliquer dans la lutte contre le chômage. Ainsi fut initié le CFI, contrat-formation-insertion, touchant tous les secteurs d'activités (forêts, hydraulique, habitat…). Aussi, ce programme pilote ne relève plus de la compétence exclusive des communes mais touchant tous les acteurs économiques et concerne toutes les communes, surtout là où ce fléau appelé chômage fait des ravages, les demandeurs d'emploi sans qualification perçoivent un salaire pour un contrat non renouvelable d'une année. Les victimes du DAIP Cependant, tout n'est pas rose pour les bénéficiaires du Dispositif d'aide à l'insertion professionnel (DAIP) durant la première année, la recrue émarge auprès de l'Etat et pour que son contrat soit renouvelé, il faut au préalable l'accord écrit de l'employeur qui doit s'engager à prendre en charge une partie du salaire, le secteur privée n'honore pas cet engagement sinon virtuellement devant les supplications de sa recrue qui préfère continuer à percevoir la moitié d'un salaire plutôt que rien du tout. Ils rechignent aussi à réclamer ou à se plaindre de peur des conséquences et dans ce cas précis, ni l'AWEM, ni la Direction de l'emploi n'ont compétence pour intervenir, seule l'inspection du travail peut le faire si elle est saisi. Le cas de deux jeunes filles travaillant chez un privé en est la preuve flagrante. Pie encore, avec un demi-salaire, elles sont obligées de travailler le samedi et comme l'affirme M. Amor, directeur de l'emploi, «le secteur privé ne joue pas le jeu et à un degré moindre, le secteur public dès qu'il s'agit de débourser, on rechigne à le faire.» L'AWEM n'est structurée qu'au niveau de cinq daïras sur les quatorze que compte la wilaya, par contre elle est représentée au niveau de chaque 42 communes par «monsieur emploi», des universitaires motivés qui ont suivi une formation accélérée puis mis dans le bain au contact de la réalité du terrain, les résultats sont époustouflants. «L'ennemi public qu'est le chômage recule», les tournées du DEW sont des visites de travail et l'application des instructions du wali. L'agence, dont le siège exigu est situé au cœur de la ville, a été épargnée lors des dernières émeutes car ceux qui ont saccagé, savaient que cette structure était indispensable et rendait selon ses moyens de grands services aux chômeurs. En fait c'est une véritable ruche humaine, son responsable affirme recevoir chaque jour, plus de quatre-vingt demandeurs d'emploi. Ajoutant au passage : «C'est un travail ingrat, il faut apaiser les esprits de certains surexcités, faire patienter les autres enragés et révoltés de ne pas trouver de travail, nous subissons même le courroux de certains, certes nous courbons l'échine mais nous ne romprons pas», le personnel travaille sous le stress et sous pression dans des conditions peu favorables tant l'étroitesse des lieux est flagrante, fort heureusement, la réalisation d'un siège livrable en février-mars 2011 et ayant coûté la bagatelle de trois milliards cinq cent millions de centimes va venir mettre fin au marasme du personnel. A l'AWEM, on ne chôme pas et les chiffres éloquents parlent d'eux- mêmes : l'exercice 2009 a vu le placement de 1 383 demandeurs d'emploi dans le cadre dit classique pour 16 53 emplois dans le même cadre en 2010, soit une augmentation de 264 postes. Dans le cadre du DAIP, les chiffres sont encore éloquents : 9941 postes en 2009 pour 10 477 en 2010, soit une hausse de 506 postes, mais de l'avis de nos interlocuteurs, «cet effort est insuffisant, tant le chômage frappe de plein fouet la population, jeunes et moins jeunes». Les pouvoirs publics le situent à 10%. Faux, rétorque l'association des chômeurs, il tourne au tour de 25%, il n'y a pas une vraie politique de l'emploi. «Les dispositifs, c'est tout juste un palliatif, une sorte d'allocation chômage non renouvelable, l'avenir est derrière nous», ajoute un diplômé chômeur et puis la procédure est aussi lourde que lente, la bureaucratie a de beaux jours devant elle. Les responsables de l'emploi, eux, sont optimistes, en matière d'emploi, Tiaret est considérée comme wilaya pilote, avec les nouvelles mesures, les choses vont s'améliorer. Non disent-ils, l'avenir n'est pas aussi sombre pour les demandeurs d'emploi, 2011 sera meilleur ! Si Dieu le veut, nous viendrons à bout de ce terrible fléau qu'est le chômage. Ouragh Khaled