Les responsables occidentaux ne cessent depuis quelques jours, d'avertir sur l'impossibilité des frappes et des vols aériens de l'Otan sur la Libye à réussir la mission de protection des civils comme assignée dans la résolution 1973. Les responsables occidentaux ne cessent depuis quelques jours, d'avertir sur l'impossibilité des frappes et des vols aériens de l'Otan sur la Libye à réussir la mission de protection des civils comme assignée dans la résolution 1973. Déclarations émises par Obama, du ministre des Affaires étrangères de Londres et hier, du chef de la diplomatie française, M. Alain Juppé, après celles tenues par le premier responsable militaire de l'Otan. Et ce à la veille de la rencontre d'aujourd'hui, de Doha, sur la crise libyenne, la séance de travail des ministres des Affaires étrangères, membres de l'Otan, ce week-end, à Berlin Week et celle de la Ligue arabe demain, jeudi. Autre déclaration émise sur la situation humanitaire chaotique en Libye, celle tenue hier, par le directeur adjoint auprès du bureau onusien de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). M. Philippe Lazzarin a dans un point de presse lundi, soutenu : «Techniquement, je ne suis pas habilité à déterminer si Misrata est une ville assiégée. En tout état de cause, la population civile, qui manque de tout et subit des attaques, des tueries et des viols depuis maintenant cinq semaines, a le sentiment d'être piégée et appelle à l'aide». Autre nouvelle donne qui a surgi à la veille de la tenue des réunions précitées, la sortie médiatique de l'ex-ministre libyen des Affaires étrangères libyen, M. Moussa Koussa avertissant quant «aux risques de la Somalisation de la Libye ». Ceci étant, tout laisse penser que la Libye se dirige droit vers une situation chaotique devant toute absence de perspective d'arrêt de toutes les opérations militaires, l'ultime voie pour stopper l'effusion du sang libyen est le lancement du dialogue inter-libyen. Si l'initiative de l'Union africaine a reçu un avis favorable de la part des autorités de Tripoli, du côté de Benghazi, le Conseil national de transition (CNT) la feuille de route africaine a été refusée. Le responsable du CNT, Mustapha Abdeljalil, a soutenu à ce propos que «la feuille de route africaine est dépassée par les évènements». Elaborée le 10 mars dernier, les efforts de la coalition franco-anglo-américaine s'acheminaient vers l'adoption de la 1973 par le Conseil de sécurité et le début des frappes militaires aériennes de l'Otan sur la Libye, en réponse à la demande du CNT. Tripoli a annoncé lundi dernier que toute «approche des territoires libyens sous couvert de mission humanitaire» semble être en réponse à la lettre envoyée vendredi, par la responsable de la diplomatie européenne Catherine Ashton à Ban Ki-moon, dans laquelle elle l'assure que l'UE «est disposée à agir par tous les moyens en Libye». Message qui traduit amplement les craintes exprimées par l'opinion mondiale et voire même par certains membres du Conseil de sécurité à l'exemple de Moscou et de Pékin relativement au flou entourant le texte de la résolution 1973. Texte dont l'avant-projet rédigé par Paris et Londres a laissé des brèches notamment sur l'interprétation du paragraphe : «prendre toutes les mesures pour la protection des civils». Et c'est autour de ce paragraphe que se dessine la future étape qu'entame la crise libyenne, lors des rencontres de Doha, Berlin et du Caire. Une nouvelle phase qui verra le débarquement des soldats étrangers sur le sol libyen sous couvert d'action humanitaire, via la protection des civils libyens et assurer les voies pour leur acheminer des aides en réponse aux besoins… Une voie qui ouvre grande la porte vers la durée de la crise libyenne pour devenir un bourbier libyen pour ses citoyens en premier lieu et les forces militaires étrangères si celles-ci finissent par frôler le sol d'Omar El Mokhtar. Karima Bennour