Obama, Cameron et Sarkozy se sont mis d'accord sur le rôle de l'Otan dans la mise en œuvre d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, a annoncé mardi la Maison-Blanche. Paris a fini donc par céder à Washington et Londres, le bébé va être passé à l'Otan. Le président américain, qui veut que les états-Unis ne paraissent pas à la première place dans les opérations contre Kadhafi, a choisi de confier à l'Alliance atlantique un rôle déterminant dans cette intervention, sans toutefois lui en confier la direction politique de crainte de heurter les susceptibilités des pays arabes. Ce que nous disons, c'est que l'Otan aura un rôle-clé à jouer, a déclaré Ben Rhodes, conseiller à la Maison-Blanche pour les questions de sécurité. Un responsable américain a précisé que pour Washington, il est préférable que l'Otan prenne le contrôle opérationnel des opérations en raison de la qualité de ses structures de commandement. Sarkozy n'a pas été entièrement rabougri par son homologue américain puisque le pilotage politique de la campagne contre Kadhafi fera l'objet d'une réunion des pays de la coalition dans les prochains jours. L'entrée dans la danse de l'Otan ouvre la voie à la participation de la Turquie. L'Organisation atlantique se prépare aux différentes missions qu'elle pourrait avoir à assumer. Les réunions des responsables militaires et des ambassadeurs des 28 alliés sur la planification des opérations s'enchaînent depuis samedi, premier jour des frappes contre Kadhafi pour sérier son engagement dans trois missions : porter assistance à une opération à caractère humanitaire, faire respecter l'embargo sur les armes et la zone d'interdiction aérienne. Pendant ce temps, les marchands d'armes se frottent les mains. La facture des frappes en Libye a fait sauter les cures d'austérité budgétaire qui frappaient les défenses de pays comme les états-Unis, la Grande- Bretagne et la France pour citer le trio de tête de la coalition. Pour la France qui enchaîne mission sur mission, le coût de l'heure de vol du Rafale est de l'ordre de 13 000 euros hors carburant et 11 000 euros pour le Mirage 2000. Les bombes américaines guidées au laser (GBU12) et les missiles français de moyenne portée AASM (armement air sol modulaire), coûtent de 300 à 350 000 euros l'unité. Les Tomahawks américains, 600 000 euros la pièce. En outre, la guerre contre Kadhafi est une opportunité pour tester du matériel de haute technologie, une manière de faire la guerre sans déploiement au sol, comme en Irak et en Afghanistan. La première phase de frappes aériennes est “un succès” et a permis d'instaurer une zone d'exclusion aérienne, a déclaré le plus haut gradé américain, l'amiral Michael Mullen, assurant que les pro-Kadhafi n'avançaient plus vers Benghazi. La coalition, avec à sa tête les états-Unis, la France et la Grande-Bretagne, était passée à l'offensive samedi en bombardant par air et par mer des objectifs militaires libyens. Paris, Washington et Londres ont lancé plusieurs attaques contre une centaine d'objectifs, dont des bases aériennes, des colonnes de chars, des systèmes de défense antiaérienne et des nœuds de communication stratégiques, la plupart sur la côte méditerranéenne. Mais ce n'est pas la fin sur le terrain, le président américain n'ayant pas manqué de rappeler son interprétation de la résolution 1973 du Conseil de sécurité : Kadhafi doit partir. “Nous ne pouvons pas rester les bras ballants quand un tyran dit à son peuple qu'il sera sans pitié”, devait-il se convaincre encore du bien-fondé de l'intervention contre Kadhafi. C'est surtout sa réponse à la Russie, la Chine, le comité de l'Union africaine sur la Libye qui a appelé à la cessation immédiate des hostilités, aux pays arabes qui se sont déjugés de la résolution de la Ligue arabe prônant une intervention contre le tyran de Tripoli et aux nations émergentes.