Les médecins résidents ont tenu, hier, un sit-in régional au niveau du CHU de Bab El-Oued. Ce mouvement s'inscrit dans la perspective de la concrétisation réelle des décisions qui ont été prises lors de la rencontre historique, qui les a réunis, dimanche dernier, avec le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, et Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Les réformes qui seront apportées d'ici la fin juin, selon les responsables, n'ont toujours pas réussi à apaiser les esprits. Il faut noter que cette rencontre a été propice à l'annonce de la promulgation d'un nouveau statut pour les résidents, c'est-à-dire « spécialistes en stage», qui s'accompagnera de rémunérations avec effet rétroactif à 2008, similaire à celui des médecins spécialistes et l'annulation des examens intercalaires par la levée du décret 709. En ce qui concerne le service civil, qui vient en tête de leurs revendications, M. Ould Abbès a affirmé qu'une commission nationale sera mise en place pour trouver une solution définitive à cette problématique. «Pourquoi n'avons-nous toujours pas une réponse officielle ? Cela aurait pu apaiser les inquiétudes des résidents», s'exclame un résident. Un avis partagé par plusieurs d'entre eux. Rappelons que ce sit-in régional, ayant rassemblé des résidents venus nombreux de Blida, Tizi Ouzou et même Constantine, sera suivi d'un autre rassemblement, cette fois-ci national, demain, au niveau du CHU de Bab El-Oued à Alger. Mohamed Sahnoun, porte-parole du CAMRA La NR : Suite à votre entretien avec les responsables, comment percevez-vous les décisions qui ont été prises ? Sahnoune : Les engagements pris par les tutelles ont été assez intéressants et quelques fois convaincants, cependant, ce qu'on demande, c'est l'officialisation de tout cela, afin de désamorcer cette crise qui dure depuis plus d'un mois et demi. Quels ont été les point traités lors de cette rencontre ? La première question concernait la création d'un groupe de réflexion de sages, à l'initiative des ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur. Ce qu'on veut savoir, c'est la nature du travail qui y sera exécuté. Ce groupe cherchera-t-il des solutions pour l'après-annulation du service civil ou seulement sa modification, chose qui sort de notre plateforme de revendications. Qu'en est-il de la question du nouveau statut et du régime indemnitaire ? M. Ould Abbès a parlé d'un statut qui nous définira comme des futurs spécialistes en stage pas comme des étudiants, ce qu'on félicite. Quant au nouveau régime indemnitaire, il y aura un salaire de base plus les primes, c'est-à-dire, on aura un salaire indexé à celui du spécialiste. Ce qui est inconcevable, puisque ces derniers sont actuellement en grève en raison de leur statut qui n'a toujours pas été signé donc ils ne touchent pas encore leurs indemnités, chose qu'on ne comprend pas. Concernant l'annulation des examens intercalaires, avez-vous pu trouver un terrain d'entente avec la tutelle ? Oui, le ministre de l'Enseignement supérieur nous a assuré l'annulation de ces examens. Cependant, nous voulons une déclaration officielle du ministre afin que les examens intercalaires ne soient plus sanctionnants. Certes, on accepte qu'on soit évalué mais que cela ne soit ni sanctionnant ni validant. On ne peut pas faire refaire une année pour quelqu'un qui a un bac+n, qui a déjà travaillé et qui est passé par un concours national, une épreuve très difficile, reconnue même en France. Il faut savoir que la première année de spécialité est très difficile, il y a un examen validant où l'on peut être renvoyé. Le résident passe sept années entre la pratique, les gardes dans les hôpitaux, dans les blocs opératoires et en plus, on lui fait passer des examens en deuxième, troisième année, c'est trop. Nous sommes d'accord pour des examens classant mais non validant. Et le service civil ? C'est un mauvais système qui met le citoyen en otage, on n'est pas les seuls à avoir dit cela, les professeurs l'on dit avant nous. Il faut savoir qu'un nouveau spécialiste, le plus à même à connaître le plateau technique pour les citoyens et les malades, est sous l'obligation, alors, comment peut-il réclamer. En ce déplaçant, il n'a pas cette possibilité ; dans le cas contraire on lui dit : vous restez sinon partez. Pour preuve, il y a des neurochirurgiens ici en Algérie et après une formation de cinq ans, ils se retrouvent dans des endroits écartés sans pouvoir rien faire ni exercer leur métier en raison d'un manque flagrant de conditions et de matériel. Ce cas de figure, on le retrouve même au nord comme à Boumerdès où des neurochirurgiens n'ont pas opéré depuis deux ans pour manque de moyens et ils ne peuvent rien dire ou réclamer. Je tiens aussi à dire et expliquer au gens que ce mouvement est démocratique, complètement transparent et qu'on est là pour porter la parole du résident et les décisions sont prises au cours des assemblées générales. Entretien réalisé par Karima Hasnaoui