L'industrie agroalimentaire (IAA) a continué sa progression au 4e trimestre 2010, entamée déjà au trimestre précédent, indique une enquête d'opinion réalisée par l'Office national des statistiques (ONS) auprès des chefs d'entreprise. L'enquête révèle que les capacités de production sont utilisées à plus de 75% par 63% des entreprises de cette filière, à forte valeur ajoutée, et l'une des plus dynamiques de l'industrie nationale. Le degré de satisfaction des commandes de matières premières reste inférieur aux besoins exprimés selon près de 15% des chefs d'entreprise questionnés, et 26% de ces derniers ont connu des ruptures de stocks induisant des arrêts de travail de courte durée à près de 96%. La demande en produits fabriqués a poursuivi son augmentation malgré la hausse des prix de vente enregistrés durant le dernier trimestre de l'année écoulée. Par ailleurs, près de 73% des patrons d'entreprise ont déclaré avoir satisfait toutes les commandes reçues et il subsiste des stocks de produits pour plus de 15%, situation jugée «anormale» par plus de 9% des concernés. L'état de la trésorerie des entreprises est jugé «bon» par près de 40% des chefs d'entreprise, et reste «mauvais» selon plus de 8%, en raison essentiellement de l'allongement des délais de recouvrement et aux charges trop élevées. En conséquence, plus de 44% des concernés ont recouru à des crédits bancaires et près de 29% ont eu des difficultés à les contracter, selon l'enquête qui révèle que l'effectif des entreprises avait connu une baisse durant les trois derniers mois de l'année dernière. Par contre, plus de 43% des chefs d'entreprise ont trouvé des difficultés à recruter des cadres et des agents de maîtrise et 8% jugent le niveau de qualification du personnel «insuffisant». En raison essentiellement de la surutilisation des équipements et des problèmes de maintenance, près de 46% des patrons concernés par l'enquête de l'ONS ont enregistré des pannes d'équipement, conduisant à des arrêts de travail supérieurs à 13 jours pour près de 91%. L'enquête précise, en outre, que 90% des chefs d'entreprise déclarent pouvoir produire davantage avec un renouvellement des équipements, et sans embauche supplémentaire du personnel, et plus de 6% indiquent pouvoir produire davantage en réorganisant le processus de production sans renouvellement ni extension des équipements. Pour les mois prochains, les chefs des entreprises de l'agroalimentaire prévoient une hausse de la production, de la demande et des prix de vente. Par ailleurs, ils préconisent une baisse des effectifs, selon les conclusions de l'enquête de l'ONS. Selon la dernière note de l'ONS concernant l'évolution globale de l'indice de la production industrielle, le secteur des IAA a enregistré une décroissance de 3,3% en 2010 avec néanmoins, une reprise à la hausse au 4e trimestre avec +7,8%, contre une baisse de 9,1% en 2009. Cette évolution est due principalement à des hausses de 10,8% et de 25,8% enregistrées respectivement par la filière lait et celle de la production alimentaire pour animaux. Dans le but de «booster» l'activité du secteur, un plan d'action «stratégique» à l'horizon 2014 sera proposée au gouvernement, selon le ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement. Ce plan s'articule autour de plusieurs points, il s'agit essentiellement d'intégrer de manière pragmatique les enjeux de la mondialisation, viser une croissance endogène par l'utilisation des ressources nationales, opérer un choix de segments d'activités structurants et porteurs à promouvoir. En outre, ce plan est structuré autour de plusieurs axes, il s'agit notamment de l'instrumentation du dispositif institutionnel de pilotage : 5 organes de consultation et d'exécution du plan national de développement des IAA seront proposés au gouvernement, comme premières mesures prioritaires. Concrètement, il s'agit de la création d'un conseil national, d'une délégation interministérielle, d'un observatoire, d'un comité intersectoriel de logistique et d'un fonds spécial de soutien. Il est question également du développement de la transformation dont une douzaine d'actions principales sont préconisées et visent un meilleur maillage et une proximité agricole susceptible de constituer un facteur de promotion du milieu rural, de création d'emplois et du développement des industries. Considérée comme vecteur de relance du secteur industriel, cette branche qui emploie plus de 140 000 travailleurs, soit 40% de la population active industrielle exerçant dans plus de 17 100 entreprises, représente 50 à 55% du produit intérieur brut (PIB) industriel et 40 à 45% de la valeur ajoutée. Le secteur recèle un potentiel d'exportation pouvant dépasser les 2 milliards de dollars/an, selon le ministère.