La pédagogie développée dans les conservatoires a assuré la continuité de la pratique musicale andalouse «malgré la perte d'une partie de ses répertoires», a souligné Mme Manuela Cortes Garcia, enseignante à l'université de Grenade (Espagne) lors de la deuxième journée du colloque international sur «la poésie et la musique andalouse», mardi à Tlemcen. Dans une communication intitulée : «Pédagogie et projets de recherche sur le patrimoine musical andalou maghrébin à l'université de Grenade», elle a indiqué que l'avenir de la nouba doit passer par la création de groupes de travail qui étudieront les nouvelles perspectives qu'offre la musique, «en intégrant le patrimoine dans le contexte des universités et des centres de recherche et en effectuant des projets de coopération culturelle». La chercheuse espagnole a ensuite mis en exergue l'importance de cataloguer et de digitaliser les sources manuscrites afin d'intégrer le patrimoine dans le réseau des bibliothèques et l'ouverture des nouveaux domaines de recherches. Dans sa conférence intitulée : «Fonctions de la poésie et de la suite musicale dans la tradition du chant Sanaa au Yemen», l'ethnomusicologue français Jean Lambert a souligné que dans la musique classique yéménite, le chant Sanaa, qui s'est épanoui à travers la poésie dialectale, a été influencé par le muwashah tel qu'il était pratiqué à cette époque en Egypte, comme en témoigne l'œuvre d'Ibn Sana Al Mulk. Les Yéménites avaient même reçu la visite de musiciens maghrébins, a ajouté le conférencier. Le professeur américain Dwight Reynolds a retracé, pour sa part, l'histoire de la nouba à travers les chansonniers les plus anciens, selon les textes médiévaux très connus d'Ibn Hayyan, Ibn Sana Al mulk et Ahmed Al Tifashi. Le conférencier a ensuite évoqué un manuscrit arabe perdu pendant des siècles qu'il a récemment découvert et parlant de «zadjal» et «mouwashahate». La musicologue finlandaise Helena Tyrvainen a présenté, quant à elle, la musique arabo-maure et plus précisément la nouba vue par un compositeur d'opéra finlandais, en l'occurrence Armas Launis. D'autres communications ont abordé «remarques sur le système tonal de la musique classique algérienne», «la nouba entre tradition et modernité», «étude analytique et comparative des bashrafs algériens, tunisiens et turcs», lors de la deuxième journée de cette rencontre. Les travaux de ce colloque international verront mercredi, la troisième et dernière journée, la présentation d'une série de conférences s'articulant notamment autour de «l'enseignement de la musique andalouse, passé, présent et avenir», «l'enseignement de la musique andalouse entre pratique et perspective», «la nouba du malouf constantinois entre mythe et reconstitution».