La porte-parole d'Oxfam à Nairobi, Elise Ford, tout en tirant la sonnette d'alarme quant à la crise alimentaire qui sévit dans la Corne de l'Afrique, a appelé hier les gouvernements et donateurs internationaux à agir rapidement pour faire face à une crise alimentaire devenue hors de contrôle dans cette région. Pour elle, «les donateurs doivent aller au-delà des promesses et mettre immédiatement l'argent promis en action sur le terrain où plus d'un demi-million de personnes sont menacées de famine. Des centaines de milliers de personnes vont mourir de faim, à moins que les donateurs maintiennent leur générosité que nous avons vue ces dernières semaines et aident à prévenir une catastrophe», a-t-elle précisé. Dès que l'accès sera possible, les agences d'aide comme Oxfam sont prêtes à augmenter leurs programmes pour atteindre les gens et sauver autant de vies que possible. Oxfam vise à intensifier ses efforts pour atteindre 3 millions de personnes à travers la Somalie, le sud de l'Ethiopie et le nord du Kenya. Les Nations unies estiment que le nombre total de personnes dans le besoin pourrait s'élever de 25 pour cent et dépasser les 15 millions bientôt, si une action immédiate sur tous les fronts n'est pas entamé. Alors que la crise s'accentue, le montant des fonds nécessaires augmente. La semaine dernière, l'ONU a lancé un nouvel appel de fonds de 600 millions de dollars pour faire face à la crise alimentaire en Somalie et au Kenya, portant ainsi le déficit de financement à 1,47 milliard de dollars. Cette situation a engendré un autre problème dans les camps de réfugiés somaliens de Dollo Ado, dans le sud-est de l'Ethiopie. Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a exprimé au cours de la semaine dernière son «inquiétude croissante» en raison d'une épidémie de rougeole apparue dans ces camps de réfugiés somaliens. Cette institution, précise la même source, craint que l'épidémie n'entraîne une forte mortalité et des maladies graves dans une population de réfugiés déjà vulnérables et dont l'état de santé était déjà fragile. L'épidémie pourrait aussi inverser les progrès qui avaient été faits au cours des dernières semaines pour stabiliser les réfugiés somaliens, dont beaucoup sont arrivés en Ethiopie en très mauvaise santé. Officiellement, 47 cas et trois décès qui seraient dus à la rougeole ont été signalés au cours de la semaine dernière dans le camp de Kobe où vivent 25 000 personnes. Mais rien que pour le 4 août, les travailleurs de santé communautaire ont fait état de 25 morts dans le camp, dont la moitié serait due à la rougeole. Les enfants réfugiés sont les plus touchés. D'autres cas suspects ont été signalés dans les deux autres camps de réfugiés dans la région, ainsi que dans le centre de transit où se trouvent un peu plus de 15 000 réfugiés en attente d'être relocalisés dans le nouveau camp d'Hilaweyn. Selon les experts médicaux, la rougeole dans les populations saines ne tue pas, mais les complications liées à la rougeole le font. Dans le contexte des camps de réfugiés à Dollo Ado, le mélange de rougeole et de niveau élevé de malnutrition peut être mortel. «Cette situation est alarmante et nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre. Nous devons agir maintenant, de toute urgence et de manière décisive, pour arrêter et renverser cette situation», a déclaré le représentant du HCR en Ethiopie, Moïse Okello, à son retour de Dollo Ado pour une première évaluation de la situation. M. Okello a tenu une réunion urgente samedi avec des responsables du gouvernement éthiopien et les partenaires du HCR dans le domaine de la santé pour convenir d'un plan d'action. Il dit que la priorité «numéro un est une campagne de vaccination de masse».