Hier encore, les familles des 17 marins pris en otage par des pirates en Somalie ont réinvesti la rue pour exiger «la libération de leurs proches». Depuis la matinée, ils ont observé un autre sit-in à la place l'Emir Abdelkader à Alger. A notre arrivée, les familles, qui se tenaient sous un soleil de plomb, étaient en colère à cause du fax qu'ils venaient de recevoir de la part de Nacereddine Mansouri, directeur général de l'International Bulk Carriers (IBC), armateur du navire «MV Blida», où il leur assure que «les 17 marins sont sains et saufs». En fait, c'est un document imprimé sur lequel ne figure aucune signature ou cachet ou autre signe d'un document officiel. Sur cet imprimé qui, selon les familles, a été envoyé par l'affréteur jordanien, Nacer Dajjani, au DG d'IBC, il est écrit : «Mesdames et messieurs, nous avons systématiquement et à maintes reprises fait comprendre aux pirates que nous sommes disposés à mettre fin à cette affaire très rapidement...». «Ayez confiance que la principale préoccupation de la société est que tous les membres de l'équipage soient libérés sains et saufs», ajoute le même document. Très impressionnés, les protestataires n'ont pu cacher leur colère et leur désagrément de ce courriel matinal. «Comment vont-ils (DG de IVC et affréteur) qu'on leur fasse confiance encore ! Cela fait 8 mois qu'on attend leur réaction et ils n'ont rien fait. Il s'agit de fausses promesses qu'ils donnent», clame Mme Ben Kaci, sœur de l'un des marins en question. «Ce sont pratiquement les mêmes termes qu'ils nous servent depuis janvier, date de la prise d'otages des marins. Ils répètent les mêmes discours pour nous piquer», enchaîne Faouizi Aït Ramdane, dont le père est entre les mains des ravisseurs en Somalie. S'exprimant sur l'immobilisme des autorités algériennes vis-à-vis de cette affaire, Mme Kahli, sœur de l'un des pris en otage, a dénoncé haut et fort le comportement de l'Etat algérien qui leur tourne le dos. «On ne peut plus croire leurs promesses, surtout celles du Jordanien. Notre Etat est bafoué par l'étranger», a-t-elle martelé. «Les enfants de ces marins otages risquent de devenir des terroristes à l'avenir pour se venger de cet Etat qui ne fait rien pour sauver leurs parents !», a-t-elle encore commenté. Lorsque nous nous trouvions sur les lieux, plusieurs citoyens ont adhéré à ce mouvement de protestation pour exprimer leur solidarité avec les familles des otages. Nombre d'entre eux ont même demandé les cordonnées des familles pour rester en contact avec elles et prendre des nouvelles des otages. «Je me suis rendu plusieurs fois dans cette région (Somalie). Je vous assure que ce n'est pas facile de résister là-bas, surtout lorsque l'on sait que ces marins sont prisonniers dans un espace de 34 m2 , alors qu'ils sont au nombre de 27 marins», estime un marin de passage, qui a exprimé son regret à propos de cette question. Et pour frapper plus fort l'opinion publique, des membres de ces familles ont recouru au réseau social Facebook pour faire entendre leurs voix. A travers la page : « Pour la libération des otages algériens en Somalie » qu'ils ont créée dans ce vaste espace de communication, ils annoncent leurs actions de protestation et publient des pétitions et des commentaires pour soutenir les otages. Ainsi les familles ont-elles décidé de rester «mobilisées jusqu'à la libération des siens».