Malgré la poursuite de la répression, des milliers de Syriens sont descendus dans les rues de tout le pays, hier, pour protester contre le régime de Bachar Al-Assad. Les militants pour la démocratie ont appelé à la mobilisation sur leur page Facebook, Syrian Revolution. Des manifestations ont eu lieu dans la région de Damas, de Hama et de Homs (centre), de Deraa (sud), dans la ville d'Amouda (nord-est) et à Deir Ezzor (est), ont indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et les comités locaux de coordination. Les rassemblements ont lieu sous le slogan «La mort plutôt que l'humiliation», «Nous sommes prêts à mourir par millions en martyrs», écrivent-ils. Un mot d'ordre que le pouvoir syrien a une nouvelle fois pris au premier degré puisque en début d'après-midi, les forces de sécurité ont déjà fait plusieurs morts et des blessés, ont indiqué des militants. Selon Reuters, six victimes sont tombées dans les faubourgs damascènes d'Irbine et d'Hamouriya ainsi que dans la province de Deir Ezzor et à Homs. On comptabilise trois morts, deux personnes, dont une adolescente de 16 ans, à Erbine, dans la région de Damas, où au moins trois autres personnes ont été blessées. Une troisième personne a péri à Talbissé, dans la région de Homs, où la mobilisation contre le régime a été particulièrement forte, a ajouté l'organisation. A Alep, deuxième ville du pays, des funérailles d'un «martyr» tombé la veille se sont transformées en protestation contre le régime. A Hama, une «immense foule» s'est rassemblée en signe de solidarité devant le domicile du procureur général de la ville, Mohamed Al-Bakkour, qui a annoncé sa démission pour dénoncer la répression dans une vidéo diffusée sur Internet. Mais le régime a affirmé que M. Bakkour avait parlé sous la contrainte après son rapt. Manifestation à Homs Les opposants n'ont de cesse de rappeler que leurs manifestations sont «pacifiques», une réponse au régime qui, depuis le début de la révolte, le 15 mars, refuse d'admettre l'ampleur de la contestation et attribue les violences à des «groupes terroristes armés». Selon les comités locaux de coordination, les manifestations se poursuivront «tous les jours jusqu'à la chute du régime». La France veut développer ses contacts avec l'opposition Face à la répression persistante, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a estimé que la communauté internationale devait accroître la pression sur le président Bachar Al-Assad pour qu'il quitte le pouvoir en sanctionnant les secteurs pétrolier et gazier. «La violence doit s'arrêter et il doit partir.» L'Union européenne, de son côté, a adopté, hier, un embargo sur les importations de pétrole syrien, une mesure qui aura un impact certain, l'UE achetant 95% du pétrole exporté par Damas. L'Occident ne parvient toujours pas à bâtir un consensus à l'ONU pour sanctionner le régime. «Nous développerons nos contacts avec l'opposition» syrienne, a par ailleurs affirmé, vendredi, le ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé. «En Syrie, nous ne relâcherons pas nos efforts pour obtenir la fin de la répression et l'ouverture d'un dialogue démocratique», a-t-il ajouté.