Bien qu'il ait été qualifié de «mineur» car sans incidence sur les activités de la société ArcelorMittal Annaba, le débrayage déclenché lundi dernier par une cinquantaine des quelques 500 agents des mines de fer de l'Ouenza (Tébessa) fait figure de trouble-fête. Pour certains cadres, travailleurs et syndicalistes du monde de la sidérurgie, il s'agirait d'une énième tentative de déstabilisation des activités de ces mines. Lesquelles forment l'une des principales sources d'approvisionnement en minerai de fer du complexe sidérurgique El Hadjar qui compte plus de 5 300 salariés. Cette tentative intervient quatre mois à peine après l'accord sur des augmentations de 25% des salaires (18% salaires - 7% régime indemnitaire) accordées aux mineurs par la DG d'ArcelorMittal. Elle intervient également au moment où sollicité par cette même direction à Annaba, un bureau d'études étranger boucle le dossier portant sur une nouvelle convention d'investissements. Il y serait précisé les engagements de l'une et de l'autre des deux parties, algérienne et indienne, signataires de la mise en route d'une 2e phase d'investissements. Cette phase serait beaucoup plus importante que la première, évaluée à 500 millions de dollars, destinés à la réhabilitation et à la rénovation étalées sur 5 ans (2010/2014) des installations de production et de mise en place d'une nouvelle cokerie. Le dossier en question sera soumis prochainement au conseil d'administration des actionnaires de la société ArcelorMittal Annaba. Cette démarche ponctue les 10 premières années du contrat de partenariat Sider/ArcelorMittal, signé le 18 octobre 2001 et étalé sur une période de 99 ans. Elle précède de quelques jours la présentation au Chef du gouvernement algérien de la nouvelle convention d'investissements. Avalisée par la partie algérienne, celle indienne étant pratiquement acquise, cette nouvelle convention entrera en vigueur au lendemain de l'échéance de la première décennie, contractuellement précisée. Elle comportait un grand nombre d'avantages accordés au partenaire étranger, tels que l'exonération des charges fiscales et parafiscales, la réduction des prix de l'énergie et de l'eau... Et c'est certainement pour calmer les esprits des auteurs du débrayage à Ouenza que la DG a dépêché sur le site son directeur chargé de la valorisation des ressources humaines. Sa mission ? Jouer le rôle de facilitateur auprès des 3 syndicalistes récalcitrants sur les 11 membres du conseil syndical à ArcelorMittal Ouenza. Non seulement ces syndicalistes ont été désapprouvés par leurs pairs, mais ils ont également fait l'objet de poursuites judiciaires. Le tribunal d'El Aouinet (Tébessa) territorialement compétent a été saisi mardi dernier de la plainte déposée à leur encontre par la DG d'ArcelorMittal pour opposition illégale aux activités professionnelles. Comme ils ont été désapprouvés par la majorité des 530 travailleurs des mines de l'Ouenza. Ce qui explique le déplacement en masse de ces derniers à la brigade de gendarmerie d'Ouenza à l'effet d'assurer leur sécurité à leur poste de travail qu'ils ont affirmé vouloir reprendre pour poursuivre leur travail. Alors que la DG s'attendait à un jugement en référé des 3 mis en cause et de la cinquantaine de travailleurs, la délibération des magistrats a été reportée à sous huitaine. Cette autre tentative de déstabilisation des activités de production sidérurgique n'a pas perturbé Vincent le Gouïc, directeur d'ArcelorMittal, qui présentera prochainement à l'AG des actionnaires de la société ArcelorMittal Annaba la nouvelle convention d'investissements. Le fait d'avoir réussi récemment à faire passer la première convention, à s'entendre avec les remuants syndicalistes de l'entreprise menés par Smaïl Kouadria à la fois sur les salaires, les indemnités de postes, les conditions de travail et l'évolution des effectifs au complexe sidérurgique El Hadjar avec pour résultat une reprise, même timide, de la production de l'acier, mettent Le Gouïc en appétit pour d'autres conquêtes. La nouvelle convention d'investissements qu'il réussira certainement à faire avaliser par la partie algérienne devrait lui fournir l'occasion de donner toute la mesure de son engagement à atteindre les 2,4 millions de tonnes/an objectif qu'il s'est fixé à l'horizon 2015. Il peut apparemment compter sur la collaboration des syndicalistes sidérurgistes pour sensibiliser les pouvoirs publics algériens sur la nécessité de lui accorder l'enveloppe financière indispensable à l'exécution des investissements prévus. Est-ce dans ce cadre que Smaïl Kouadria est à Alger depuis mardi dernier pour participer à la réunion présidée par Abdemadjid Sidi Saïd, patron de la centrale syndicale UGTA ? Et lorsqu'à l'ordre du jour de cette rencontre, il est question de reconduction du contrat de partenariat et de convention d'investissements avec en toile de fond la tripartite qui se dessine déjà, il est certain que l'accord gouvernement algérien/ArcelorMittal de 2001 entrera dans une véritable phase de développement de la sidérurgie algérienne. L'annonce de pareil événement pourrait être faite par Vincent le Gouïc à l'occasion de la célébration, même symbolique, du 10e anniversaire (le 18 octobre 2011) de l'avènement du groupe indien ArcelorMittal en Algérie.