Le président palestinien Mahmoud Abbas a réaffirmé hier qu'il ne reprendrait pas les négociations avec Israël sans «un arrêt complet» de la colonisation israélienne. «Il n'y aura pas de négociations sans légitimité internationale ni un arrêt complet de la colonisation» israélienne, a déclaré M. Abbas devant une foule de partisans à Ramallah (Cisjordanie), à son retour de New York, où il a présenté vendredi la demande historique d'adhésion d'un Etat de Palestine à l'ONU. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé dimanche les Palestiniens à reprendre les négociations avec Israël sans conditions préalables afin d'aboutir à la paix au Proche-Orient. «Si vous voulez la paix, mettez toutes vos conditions préalables de côté», a répondu M. Netanyahu sur la chaîne de télévision NBC, à l'adresse du président palestinien Mahmoud Abbas. Le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, UE, ONU et Russie) a proposé vendredi aux Israéliens et aux Palestiniens de reprendre des pourparlers de paix avec l'objectif d'aboutir à un accord final fin 2012. Mais cette proposition --que doit «étudier» la direction palestinienne dans les prochains jours -- ne mentionne pas explicitement le gel de la colonisation réclamé par les Palestiniens. M. Abbas veut aussi que toute reprise des négociations de paix avec Israël soit basée sur les lignes du 4 juin 1967, c'est-à dire délimitant un futur Etat de Palestine qui comprendrait la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est, dont les Palestiniens veulent faire leur capitale. «Nous sommes allés à l'ONU en portant vos espoirs» Le dirigeant palestinien, 76 ans, s'est fait ovationner par des milliers de personnes dimanche après-midi à son arrivée dans le centre de Ramallah, en provenance des Etats-Unis après une escale de 24 heures à Amman. En entrant dans la Mouqataa, le siège de la présidence de l'Autorité palestinienne, M. Abbas s'est aussitôt rendu au tombeau de l'ancien chef historique du mouvement national palestinien Yasser Arafat, avant de prononcer un bref mais émouvant discours. «Nous sommes allés à l'ONU en portant vos espoirs, vos rêves, vos ambitions, vos souffrances, votre vision et votre désir pour un Etat palestinien indépendant», a-t-il dit, interrompu à plusieurs reprises par des acclamations. «Le peuple veut un Etat palestinien», a scandé la foule en répondant au président Abbas, pour lequel un accueil de «héros» avait été préparé après sa requête à l'ONU. «Le président Abou Mazen (le nom de guerre de Mahmoud Abbas) est de retour aujourd'hui et les masses sont prêtes à le recevoir avec une réception digne de l'homme qui a porté la voix de la Palestine devant le forum le plus important du monde : les Nations unies», écrivait dimanche le quotidien palestinien Al-Quds. «Le retour d'Abbas dans sa patrie est le retour du héros, un retour qui pourrait remuer les eaux stagnantes du Proche-Orient», s'est enthousiasmé son éditorialiste. Mahmoud Abbas jouit d'un vif regain de popularité depuis qu'il a remis «la demande d'adhésion de la Palestine sur la base des lignes du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale» vendredi au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Les Palestiniens lui savent gré d'avoir tenu tête à l'administration Obama qui a tenté jusqu'à la dernière minute de le dissuader de saisir le Conseil de sécurité.