Aujourd'hui, les caméras sont braquées sur cet événement historique : la proclamation de l'Etat de Palestine. De retour de New York, Mahmoud Abbas a été accueilli en héros à Ramallah. Voilà un bon point, diraient certains. Tant mieux. En étant Etat observateur, les palestiniens pourraient alors rejoindre plusieurs organismes et traités internationaux tels la Cour pénale internationale (CPI) et la Quatrième convention de Genève sur la protection des civils. Toutefois, étant donné que le problème palestinien n'a trouvé aucun écho auprès des alliés inconditionnels d'Israël, on leur demande maintenant de ne pas se prévaloir des nouveaux droits juridiques qu'ils pourraient obtenir. En d'autres termes, comme l'a déclaré le négociateur palestinien Nabil Shaath le lundi 19 septembre : « Ashton nous a même demandé, si nous obtenions un statut d'Etat non membre, de ne pas aller à la CPI… Cela revient à demander à des gens de ne pas aller en justice si un crime est commis contre eux». Non seulement, donc, les Palestiniens ne peuvent pas saisir la CPI, mais ils sont aussi soumis à des sanctions pour avoir osé présenter leur demande d'adhésion. Cela dit, cette reconnaissance «censurée» permettrait-elle aux Palestiniens de lever le siège de Ghaza, de libérer les 12.000 prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes, de mettre un terme à la construction à un rythme effréné des colonies, d'arrêter les agressions armées des colons fanatiques en Cisjordanie, d'arrêter la judaïsation accélérée de Jérusalem, de résoudre le problème des réfugiés ou encore de récupérer les territoires de 1967 ? L'essentiel, comme le notent les partisans de la négociation avant la proclamation, n'est pas de faire des déclarations optimistes confortées par les divers discours d'Obama ou encore de se fier aux propos élogieux des dirigeants israéliens quant à l'excellence de la coopération sécuritaire pour réprimer la résistance et aux convergences des initiatives de Fayyad avec le plan de «paix économique» de Netanyahu. Tout cela n'aura, en fait, aucune conséquence sur le quotidien des Palestiniens qui resteront soumis demain aux mêmes injustices qu'hier : les prisonniers resteront prisonniers, les réfugiés resteront dans leurs camps, le blocus de Ghaza ne sera pas levé, le mur ne bougera pas d'un pouce, d'autres colonies seront construites sur les terres palestiniennes... De la reconnaissance même de Hanan Ashrawi, une responsable palestinienne de haut rang. «Israël a l'habitude d'agir au-dessus des lois dans une impunité totale et ne veut pas que les victimes, les opprimés, les Palestiniens, aient le moindre accès aux instruments de justice». Quelle ironie !