Depuis son apparition sur la Terre, l'homme n'a cessé de comprendre les lois de la nature pour y vivre en symbiose. La dégradation de l'environnement a depuis longtemps attiré l'attention et des scientifiques et du commun des mortels. Depuis la seconde moitié du XX° siècle, le mouvement pour la protection de l'environnement s'est accentué. Cela transparaît à travers les conférences, les sommets et les organisations non gouvernementales. Le mouvement récent a introduit à la notion de l'environnement le concept de développement. Le mot environnement est un néologisme qu'on ne trouve pas dans le grand Larousse édité en 1930. Officiellement, il a été utilisé lors de la création en France du ministère de l'Environnement en 1971. Il existait bien avant cette date dans la littérature anglophone. Ce sont les conditions qui influencent la vie, le développement ou la croissance des êtres vivants. Le dictionnaire d'urbanisme et d'aménagement donne une définition presque identique : l'environnement est un système, c'est-à-dire un ensemble cohérent d'éléments qui agissent et réagissent les uns sur les autres (Merlin P. et Choay F.). A travers ces définitions, on remarque que la notion d'environnement est synonyme de milieu naturel. Cependant, peut-on apprécier le milieu naturel sans l'homme qui est le sommet de la création ? Les pays du G8, qui s'acharnent pour soi-disant la protection de l'environnement, n'hésitent pas à déclarer la troisième guerre mondiale pour sauver une baleine dans les océans au moment où ils anéantissent des civilisations entières comme celle de l'Irak avec des millions de morts à l'uranium 238. Nous ne voulons pas tomber dans un anthropocentrisme démesuré, mais nous estimons que toute définition qui relègue l'homme au second rang passe à côté du sujet. Le milieu naturel n'a de sens que dans le devenir de l'homme. La définition la plus appropriée est, selon nous, celle qui associe la notion de développement des sociétés humaines aux définitions précitées. Certains parlent d'écosystèmes humains ou d'écologie humaine. Il est certain que les études d'environnement supposent la connaissance des lois du déterminisme scientifique. Les effets des actions humaines sur le milieu naturel ne sont pas bien connus. Ce qui autorise la prévision. Le grand intérêt que porte la société japonaise à l'environnement est inspiré de la religion Shinto qui soutient que le monde est un don de la Providence. Cette sacralisation du monde exige des hommes, en guise de remerciement, sa protection. Le concept d'environnement a donné naissance partout dans le monde à des mouvements écologistes réclamant moins de technoscience et plus de science méditante dans le traitement du milieu naturel. Autrement dit, la science au service de la préservation de l'environnement. Actuellement, le nombre d'ONG pour la protection de l'environnement est en croissance continue dans le tiers monde en dépit de la misère, de la récession économique et de l'arbitraire politique. Cela traduit assurément la prise de conscience du public face à la dégradation de l'environnement étant donné que les ONG du Sud sont la représentation populaire la plus large possible. De nos jours, deux grandes théories s'affrontent : celle du technocentrisme et celle de l'écocentrisme. Les tenants du technocentrisme considèrent la technologie comme étant porteuse de civilisation et de modernisme. Les ressources de la planète pour ces derniers sont illimitées et, par conséquent, doivent être exploitées sans restriction. On doit juste perfectionner nos moyens de production afin d'éviter le gaspillage et développer la récupération et le recyclage pour garantir le renouvellement de la ressource. Pour les adeptes de l'écocentrisme, les ressources de la planète sont limitées. Les systèmes de production doivent changer afin de préserver le milieu naturel. L'idée de protection de la nature n'a jamais cessé d'exister. Les livres révélés donnent de grands éclairages sur l'aspect sacral de la nature. Pour cette raison, ils comportent des interdictions de semer le désordre sur la terre. Et si les hommes transgressent, la justice immanente le leur fait rappeler même si ces derniers ne s'en rendent pas compte. Il y a environ 10.000 ans, l'homme savait mettre en valeur la terre. Il ne se limitait pas uniquement à la cueillette, il a également élevé des animaux qu'il chassait auparavant. 3.000 ans après, il a acquis une maîtrise lui permettant une puissance importante. Ainsi, l'érosion, le déboisement et le surpâturage ont été considérés pratiques dégradantes du milieu naturel. Les civilisations florissantes de l'Inde, de la Chine, du Moyen-Orient et de la Méditerranée avaient périclité par manque de conservation des sols agricoles. Dans l'empire romain, la gestion de l'eau, des sols et des terres étaient à l'ordre du jour. Il y a un peu plus de 2.500 ans, Platon dans son dialogue le Critias conclut que l'érosion et le déboisement en Grèce étaient le résultat d'une mise en valeur qui ne prenait pas en compte la protection du milieu naturel. Dans son dialogue les Lois, il déclarait que «l'eau est aisément polluée par l'emploi de toutes sortes de produits. Elle doit donc être protégée par une loi qui stipulerait que quiconque contamine l'eau sera tenu non seulement de payer une indemnité, mais aussi de purifier la source ou le réceptacle de l'eau en utilisant la méthode de purification prescrite». Par rapport à son temps, cette loi était très avant-gardiste. Non seulement elle canalisait la responsabilité sur le pollueur mais, en plus, elle lui ordonnait de traiter l'eau polluée conformément à une certaine technique et, par conséquent, cela supposait l'existence d'une pratique de dépollution. Le principe de cette loi est très proche du principe pollueur-payeur en vigueur dans les pays développés actuellement. En 1273, la loi antifumée adoptée en Angleterre était une grande première. Dans de nombreuses villes, on y interdisait à coups d'ordonnance, le dépôt d'ordures ménagères dans les rues et les canalisations. Au XVIIe siècle, l'Europe s'était pourvue de méthodes techniques lui permettant la gestion de plus en plus rigoureuse des différents secteurs de l'environnement. En 1800, Alexandre Von Humboldt avait démontré que la baisse du niveau du lac Valencia au Venezuela était due à la culture de l'indigo et à la mise en valeur des plaines. Georges Catlin proposa en 1830 l'ouverture de parcs nationaux aux Etats-Unis pour y protéger la tradition indienne bien intégrée à la nature. En 1855, un grand chef indien, Seattle, avait adressé une lettre au président des Etats-Unis dans laquelle il insistait sur le caractère sacré du territoire habité par son peuple. Il avait également dénoncé les techniques destructives importées d'Europe. Un ouvrage d'une grande signification avait vu le jour en 1864. Ecrit par Georges Perkins Mash, il décrivait les transformations apportées par l'homme à la nature, d'où son intitulé Man and Nature. En 1894, Elisée Reclus avait achevé l'élaboration de sa nouvelle Géographie universelle. Cet ouvrage monumental chargé d'informations décrit magistralement l'état de la planète. Au début de la deuxième moitié du XX° siècle, des atteintes notoires à l'environnement ont suscité la préoccupation des scientifiques et de certaines catégories sociales des pays développés. Dans les années 1960, les recherches scientifiques s'orientent vers l'étude exacte des phénomènes de dégradation de l'environnement. La publication en 1962 de l'ouvrage de Rachel Carson est une conséquence directe de ce développement. L'impact des différentes pollutions sur l'environnement est mis en évidence. La Suède proposa la tenue d'une conférence internationale sur l'environnement en 1968. En 1969, certains pays du tiers monde comme l'Inde affichaient leur intérêt aux questions relatives à la protection de l'environnement. En 1970, ces dernières sont à l'ordre du jour dans les politiques nationales et internationales. Ainsi, la conférence internationale proposée par la Suède s'est tenu à Stockholm en 1972. Son but était de sensibiliser les dirigeants du monde entier aux atteintes qui menacent l'environnement international. La conférence s'est soldée par la création du PNUE sous la direction de Maurice Strong, alors président de l'Agence canadienne pour le développement international. Nairobi au Kenya est son siège. Dans la même année, le Club de Rome prônait la halte à la croissance. Cependant, les pays en voie de développement se sont montrés réticents aux questions de l'environnement. Ils estiment que, face au sous-développement, à la misère, à l'analphabétisme et à la croissance démographique, les problèmes de l'environnement représentent un moindre mal. En 1985, la conférence ministérielle africaine a adopté le programme du Caire en matière de préservation de l'environnement. La Commission mondiale de l'environnement et du développement recommandait, en 1987, la prise en compte des points de vue des sociétés vernaculaires dans les projets de développement afin d'obtenir leur participation à la protection de l'environnement. Le rapport intitulé «Notre avenir à tous» insistait sur la qualité de l'environnement et le développement économique. Autrement dit, le développement économique peut être compatible avec la protection de l'environnement. L'intégration de l'économie et de l'environnement dans les politiques nationales et internationales était devenue une préoccupation mondiale. En juin 1992 a eu lieu au Brésil la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (CNUED). Les pouvoirs publics dans tous les pays doivent éviter la gestion de l'environnement au coup par coup. Ils doivent plutôt élaborer des stratégies de prévention et de contrôle des pollutions. En 1972, on se préoccupait des pollutions perçues par les sens. Actuellement, on se soucie aussi des nuisances non perçues par les sens. La pollution architecturale, par exemple, devient inquiétante et empêche l'homme d'aspirer à la beauté. Le sous-développement est une forme de pollution qui entrave l'épanouissement de l'être humain. Dans les pays développés, les stratégies de lutte contre les pollutions ont changé radicalement au cours des vingt dernières années. D'une stratégie basée sur la législation, on est passé à une stratégie de dissuasion et d'incitation. La pollution est un manque à gagner pour les industriels. Le Centre international de liaison pour l'environnement implanté à Nairobi regroupe 230 ONG du Sud. Elles travaillent en collaboration avec 7.000 autres, dont 350 sont implantées en Inde. Le mouvement des ONG des pays en développement a associé la notion d'environnement à celle du développement.