«Nous occuperons la rue dans le cas où les élections seront entachées de fraudes» a déclaré à la presse le chef du parti islamiste «Ennahda», à la veille des élections pour l'Assemblée constituante nationale. Rached Al-Ghanouchi a estimé que son parti est le favori pour remporter les élections après que le pays ait jusque-là été dirigé par les dictateurs». Par ce message, Al-Ghanouchi voulait indirectement dire que seule la victoire d'Ennahda empêchera les islamistes de crier au trucage des urnes pour occuper la rue. En effet, la Tunisie est sur le point de connaître le même scénario que les élections algériennes dans les années 1990. A l'époque, un agrément a été octroyé à un parti qui n'a pas raison d'être et en contradiction avec la constitution nationale. Ce dimanche, la Tunisie qui vient à peine de tourner la page de la dictature s'apprête malheureusement à accueillir dans ses bras l'intégrisme religieux, un fléau plus dangereux que le «cancer». En acceptant de légaliser le parti religieux d'Ennahda, les dirigeants de la transition ont bien voulu montrer que la Tunisie a définitivement tourné la page de la dictature et s'ouvre désormais à la démocratie. Malheureusement, les idées d'Ennahda tunisienne ne diffèrent pas des idéologies de l'ensemble des partis qui instrumentalisent la religion à des fins politiques. C'est le cas de l'ex-Fis en Algérie, qui a tenté de renverser la République pour y instaurer une «dawla islamiya». D'ailleurs, lors des différents meetings et manifestations organisés ces derniers mois en Tunisie, les partisans d'Ennahda ont répété les mêmes slogans habituels des islamistes, à savoir : «l'application de la chari'a dans le pays». A ce sujet, nous avons posé une question essentielle aux militants d'Ennahda, à savoir : «Est-ce une constitution nationale que vous allez mettre en place si vous êtes élus ?» La réponse que nous avons eue est la même que celle des autres mouvements islamiques. Ecoutons-la : «Exactement ! nous allons édifier une Constitution issue de la chari'a et du Coran!». En somme, en cas d'une éventuelle victoire, les Tunisiens pénétreront dans le tunnel creusé en la circonstance par Ennahda. Le grand souci pour les Tunisiens ne sera pas certainement comment entrer dans le tunnel mais comment en sortir. Il ne nous reste qu'à croiser les doigts pour eux et d'attendre le jour «j».