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Les accords de Bruxelles résoudront-ils l'endettement de la zone euro ?
Publié dans La Nouvelle République le 30 - 10 - 2011

Cette présente contribution a pour objet de se demander si les accords du 26 octobre 2011 à Bruxelles des chefs d'Etat européens concernant l'endettement de la zone euro sont-ils durables face à l'ampleur de la crise mondiale.
Où en est la situation de l'endettement des Etats ? Je rappelle que l'on ait passé du G7, puis au G8 en incluant la Russie, puis au G20. Le G20 regroupe les pays les plus riches de la planète représentant 87 % du PIB mondial, 60 % de la population de la planète mais seulement 10 % des Etats du monde qui sont, eux, représentés à l'ONU. Bien que l'indicateur du développement humain (IRH) prenant en compte l'éducation et la santé soit plus fiable, l'indicateur produit intérieur brut en termes courants défini comme la valeur de tous les biens et services produits, moins la valeur des biens et services utilisés dans leur création, selon le FMI, pour 2010 sur un PIB mondial évalué 61.963 milliards de dollars, l'Union européenne vient en tête avec 16.106, suivi des USA (14.624), de la Chine (5.745), du Japon (5.390), de l'Allemagne (3.305), de la France (2.582), du Royaume-Uni (2.258), de l'Italie (2.036), de l'Espagne (1.374), de la Grèce (305), du Portugal (224) et de l'Irlande (204). Donc, ce sont surtout le Portugal, l'Espagne et l'Italie qui risquent de faire boule de neige, la France étant dans une position intermédiaire, à savoir sous observation, implosant la zone euro du fait de leur poids économique et non la Grèce. La dette nette publique de l'Etat américain a augmenté de plus de 2.000 milliards de dollars sur l'année fiscale 2010, selon un rapport publié en décembre 2010 par le Trésor américain. Au total, selon le Financial Report of the United States, la dette publique fédérale a atteint 13.473 milliards de dollars contre 11.456 milliards en 2009, soit 17,5 %.Cependant, si l'on comptabilise l'endettement collectif des USA, obtenu en additionnant la dette des ménages, des entreprises non financières du secteur public (36.295,5 milliards de dollars) et celle du secteur financier (14.236,3 milliards), il atteindrait 50.531,8 milliards de dollars au 31 décembre, selon une étude réalisée par l'hebdomadaire français Le Point en date du 10 mars 2011, citant des chiffres officiels publiés à Washington, soit trois fois et demie la dernière estimation officielle du PIB du pays pour 2010, représente l'intégralité de la dette publique et privée. C'est un chiffre brut, qui ne tient pas compte du patrimoine des personnes physiques et morales aux Etats-Unis, lequel pourrait éventuellement servir au remboursement de la dette. Par contre, ce montant ne tient compte que de la dette circulant sur les marchés financiers, et donc des retards de versement de l'Etat fédéral, des Etats fédérés et des collectivités locales aux diverses caisses de sécurité sociale que ceux-ci sont censés alimenter. Il réduit, ce faisant, la dette de l'Etat fédéral de plus de 4.600 milliards de dollars (si on recoupe le chiffre de la Fed avec les données du Trésor) et de 2.000 à 3.000 milliards de dollars celle des Etats fédérés et des collectivités locales. En 2010, pour l'Europe, si l'on s'en tient à la dette publique nette, selon les statistiques publiées par Eurostat, la dette des pays de l'Union européenne et de la zone euro atteint le seuil de 80% du PIB, et quatorze Etats membres ont affiché un ratio de dette publique supérieur à 60 % du PIB, le plafond maximum autorisé par l'Union européenne. En premier, l'Allemagne, avec une dette publique qui s'élève à 2.079 milliards d'euros, soit 83,2% de son PIB, l'économie la plus performante de la zone euro détrône l'Italie et devient le troisième pays le plus endetté du monde, suivi de l'Italie avec 1843 milliards et de la France avec 1591 milliards d'euros. Au cours du premier trimestre 2011, la dette de la France s'est accrue pour atteindre le montant total de 1.646,1 milliards d'euros, soit 84,5 % du PIB. La dette publique de la Grèce, qui a bénéficié de l'aide de l'UE pour éviter la faillite et enchaîne les mesures d'austérité, se situe à 142,8 % du PIB, soit une progression de15 points en un an. L'Italie est le seul autre pays de la zone euro dont la dette dépasse 100 % du PIB (119 %). La Belgique, représente 96,8 % du PIB, et pourrait atteindre les 100% Suivent le Portugal (93%), l'Allemagne (83,2%) et la France (81,7%). Afin de pouvoir faire des comparaisons, pour la fin du premier semestre 2011, L'état de l'endettement dans le monde (tableau exprimé en ratio de la dette au PIB) selon le dernier rapport du FMI s'établit comme suit : USA : 100%, Japon : 229 %, Grande-Bretagne : 83%, Canada : 84 , zone euro : 87%, Grèce : 152%, Italie : 120%, Irlande : 114%, Portugal : 91%, France : 88%, Espagne : 67%. Dans l'Union européenne, seuls deux pays ne sont pas dans le rouge : la Suède a réussi à atteindre l'équilibre (0%) et l'Estonie enregistre un très léger mais méritoire excédent public (0,1%). Au total, la dette nette des USA et de l'Europe pour 2010 représente plus de 40% du PIB mondial, montrant que ces zones vivent au-dessus de leurs moyens. Et sans une redynamisation du taux de croissance il y a impossibilité d'éponger à terme la dette publique. L'accord du 26 octobre 2011 résout-il les problèmes de l'endettement des Etats ? L'accord des dirigeants de la zone euro a éteint temporairement l'incendie qui menaçait la monnaie unique, et ce afin d'empêcher la contagion de la crise grecque, notamment à l'Espagne et l'Italie. Pour le président chinois, il est à espérer que l'accord aide «à stabiliser les marchés financiers» et permette au G20 de Cannes d'envoyer un «signal fort» en ce sens. Les marchés européens ont bondi et atteint leur plus haut niveau depuis trois mois alors que l'euro s'appréciait à plus de 1,40 dollar, une valeur qu'il n'avait plus franchie depuis le début de septembre 2011. Pourtant, le problème central posé est : est-ce que ces décisions sont durables ? Voilà les cinq accords réalisés : a) la capacité d'intervention du Fonds de secours financier (FESF) pour les pays en difficulté, l'Italie ou l'Espagne, passerait à 1.000 milliards d'euros, grâce à un «effet de levier» censé dispenser les Etats de dépenser plus. L'effet de levier viendrait d'un système d'assurance-crédit aux investisseurs pour les inciter à acheter de la dette publique d'Etats fragiles en garantissant une partie de la dette. A ce dispositif s'ajouterait un fonds spécial adossé au FMI et accueillant les contributions de pays émergents et de pays disposant d'importants fonds souverains comme la Chine et la Russie, la Norvège et, pourquoi pas, certains pays du Golfe ; b) les dirigeants européens ont par ailleurs insisté sur la nécessité d'une réforme de la gouvernance de la zone euro. Un premier pas a été fait jeudi avec l'annonce de la création d'un poste de supercommissaire à l'euro avec l'élargissement des fonctions d'Olli Rehn, le commissaire chargé des affaires économiques et monétaires. Cette nomination pourrait préfigurer, à terme, la création d'un ministre des Finances de la zone euro ; c) réduction de 100 milliards d'euros la dette grecque et endossement d'un complexe mécanisme permettant de porter le Fonds européen de stabilité financière (FESF) à 1.000 milliards. Cet accord prévoit de réduire la dette grecque à 120 % de son PIB en 2020. Dans les conditions actuelles, elle aurait été de 180 %. Athènes recevra en outre de nouveaux prêts de l'Europe et du FMI de 100 milliards d'euros également d'ici à la fin de 2014 dans le cadre d'un programme qui remplace celui de 109 milliards d'euros décidé en juillet ; d) autre décision préconisée par l'Allemagne, l'institution monétaire de la zone euro ne peut refinancer le FESF afin d'éviter de faire marcher la planche à billets alors que la France souhaitait que ledit fonds puisse emprunter auprès de la BCE pour augmenter sa capacité d'action ; e) les banques créancières de la Grèce ont accepté de renoncer à 50% de leurs créances, soit cent milliards d'euros, sur un total d'endettement public de 350 milliards d'euros, alors que le 21 juillet 2011, elles s'étaient dites prêtes à renoncer seulement à 21% de leurs créances. En échange de cet effort demandé aux banques, un accord a été trouvé pour recapitaliser les établissements qui en auraient besoin. Les besoins ont été chiffrés à 106 milliards d'euros, dont un quart en Espagne.

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